La semaine dernière, François Bayrou a déclaré sa candidature à l'élection présidentielle. En fait, il s'était déjà déclaré plusieurs fois ces dernières semaines, mais il faut croire que ça ne s'était pas suffisamment vu. Passons. Cette fois-ci c'était la bonne pour le candidat centriste, qui l'annonce en grande pompe, mais pas trop, à la maison de la chimie. Un des axes de sa campagne électorale est lancé : ce sera le Made in France. Son slogan sera "Acheter français", ce qui n'a rien de nouveau. C'est même un grand classique des campagnes électorales. Le parti communiste l'utilisait déjà en 1946.
Toujours la semaine dernière, un autre François, Hollande celui-là, s'est également invité dans le monde de l'industrie. Au côté d'Arnaud Montebourg, le chantre de la dé-mondialisation, le candidat socialiste était au Creusot à la rencontre des ouvriers d'Alstom. Bien que les ouvriers ne soient pas répertoriés par Terra Nova (le Think Tank socialiste) comme le coeur de cible à conquérir par le parti socialiste, François Hollande déclare lui aussi sa flamme et son soutien à l'industrie française et en appelle au "patriotisme industriel". Il faut donc produire français martèlent ses lieutenants Michel Sapin et Pierre Moscovici. Et non pas seulement "Acheter français" comme le souhaite Bayrou. Dommage que le candidat Hollande se soit mis à dos l'industrie nucléaire suite à l'accord Verts-PS.
Depuis 2006, et ses désormais fameux déplacements à Charleville Mézière et à Gandrange, le président Sarkozy se pose en défenseur de l'industrie en France. Les usines c'est son truc répète-t-il souvent, bien plus que les financiers qu'ils fustigent régulièrement dans ces discours. Et pour cela, il faut une industrie française forte en France. Il continuera à la soutenir. Mais derrière le discours, l'industrie a continué à décliner ces dernières années. Charleville-Mézière n'a plus guère d'illusions et Gandrange a fermé. Les rares relocalisations comme Rossignol en Savoie n'inversent pas la tendance.
Depuis près de trois décennies, il a été fait le choix de miser la croissance économique de la France sur les services plutôt que l'industrie. La part de l'industrie est passée en 30 ans de près de 30% du PIB à seulement 15%. Les services devaient être l'avenir de notre économie. L'agriculture, c'était finie. L'industrie, c'était finie. Au nom de la division internationale du travail cher à l'économiste classique anglais David Ricardo, chaque pays devait se spécialiser. A l’Afrique et l’Amérique du sud la mission de nourrir la planète. A l'Asie celui de devenir l'usine du monde. L'occident se concentrant sur les services.
Sauf que certains pays comme l'Angleterre se sont jeter à corps perdu dans les services financiers. La crise des subprimes de 2007-2008 a plongé le pays dans une grave crise, n'ayant plus une assise industrielle solide pour l'amortir. Et on a simplement oublié que pour un emploi existant dans l'industrie, c'est parfois plusieurs emplois de services que l'on crée autour localement, que ce soit dans l'informatique, dans l'ingénierie ou encore dans la logistique. Faute de projets industriels, certaines régions restent condamnées à l'abandon et au chômage massif.
Cette campagne de Made in France qui se développe n'est pas inutile, malgré les tendances rampantes de protectionnistes que peuvent porter des Arnaud Montebourg ou Marine Le Pen. Cependant, si cela se bouscule pour défendre l'industrie dans le verbe, dans les faits, les ambitions sont nettement revues à la baisse, et les solutions sont souvent obsolètes et inefficaces, entre les tentations protectionnistes et l'investissement public, souvent en pur perte pour un Etat de toute façon très mal au point du point de vue de ses finances publiques.
Pourtant, les consommateurs sont d'après les sondages prêt à acheter français, même un peu plus cher. Mais il semble qu'on oublie quelque chose : les caractéristiques des produits conçus et fabriqués. Nos entreprises, outre un problème de compétitivité lié au coût du travail ne sortent pas systématiquement les produits qui répondent le mieux aux attentes du client. Par exemple, Apple et Amazon vendent plus d'Ipad et de Kindle en France que ses concurrents français (Archos, Danew...) sur le marché de la tablette tactile. Est ce la faute au consommateur ?
Les politiques publiques et d'incitations fiscales (comme le crédit impôt recherche), utiles en dernier ressort, trouvent rapidement leurs limites. Pour renouer avec la croissance et l'emploi industriel, c'est plutôt en soutenant les entrepreneurs et en redonnant le goût de l'innovation et de l'entreprise. Les PME françaises ne se développent pas suffisamment par rapport à ses concurrentes Allemandes ou Italiennes. Pourtant, des pistes existent, souvent peu coûteuses. Des politiques de simplifications administratives (guichet unique), de déréglementations et de flexibilité sur le marché de l'emploi pourraient soutenir ces entreprises. Car c'est là où se trouvent les potentielles créations emplois.
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