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dimanche 20 mai 2012

Facebook m'a tuer de A. des Isnards et T. Zuber

Quand on a lu L'open space m'a tuer, on a rapidement envie de découvrir le deuxième opus du duo Alexandre des Isnards et Thomas Zuber, Facebook m'a tuer. C'est chose faite. Les auteurs utilisent avec bonheur les mêmes ingrédients que dans le premier ouvrage, au travers de saynètes inspirées de la vie réelle, s'attaquant une nouvelle fois avec justesse et ironie aux comportements de ces cadres branchés urbains. Toujours enfermés dans les open space, ils sont également accros des réseaux sociaux, et connectés non stop sur Facebook, Twitter... Sans être une analyse sociologique ou psychologique poussée, ces histoires sont néanmoins révélatrices des nouveaux modes de vie de la génération web 2.0.

Nous pouvons tous observer, autour de nous, les changements décrit sur la façon gérer les relations sociales, que ce soit sur le plan amical, familial, affectif ou professionnel. Peut être sommes nous déjà nous même touchés par l'addiction ? Il est encore temps de s'en assurer, et de se plonger dans la lecture du livre. Certaines saynètes particulièrement parlantes, et  nous feront prendre un peu de recul sur nos addictions à ces réseaux sociaux.

Ce qui est ici raconté, c'est en réalité un peu l'histoire de la génération Y, né entre 1980 et 2000, et dont la vie est marquée par la culture informatique (Démocratisation des ordinateurs personnels), la mobilité (génération baladeurs, téléphones portables), et désormais les contacts virtuels via les réseaux sociaux, et notamment le premier d'entre eux : Facebook. Car désormais, tout ce passe sur Facebook. Ne pas y être, surtout quand on est de la génération Y, c'est se couper du monde. Et au delà de l'isolement, c'est presque devenu suspect. On ne demande plus un numéro de téléphone, on se "capte" sur Facebook. On ne se fait plus des soirées entre amis autour d'un verre, mais plutôt des soirées facebook : chacun chez soi, à surveiller le "mur" des autres. Prêt à commenter.

Et ici, ce ne sont pas les exemples qui manquent. Celui notamment de cette trentenaire, jeune active branchée, qui passe ses soirées sur facebook à tchatter, depuis son canapé, avec ses amies. L'occasion d'alimenter son "statut" de ses pensées les plus profondes, bien que souvent dépourvues d'intérêt ("Je suis en week end", "Il fait beau"...). Le tout bien évidemment sous l'approbation de ses copines, qui se déchaînent en cliquant "like" et en commentant abondamment tout ce qui  bouge. Et la soirée passe vite, car il faut mettre à jour son statut, pour faire le buzz, tout en surveillant l'actualité des autres, pour être sûr de ne rien manquer de fondamental. Une proposition de conversation téléphonique d'une copine ? Méthode à l'ancienne ça. La trentenaire décline et maintient le chat facebook. Moyen de tenir l'interlocuteur suffisamment à distance pour multigérer ses contacts, et toujours préférable pour s'éclipser quand bon nous semble.

Autre exemple. Ce couple qui part en vacances à l'autre bout du monde, armé d'un appareil photo, et dont chaque visite et chaque excursion sont soigneusement pensées dans le seul but, non pas d'en profiter, mais de mettre en scène et immortaliser par un cliché leur bonheur. Car l'album photo finira inévitablement sur Facebook, et le public d'amis virtuels a intérêt à en avoir pour son argent. Pas question donc de louper la photo qui fera exploser le nombre de "like". C'est pourtant ce qui est arrivé à ce couple, qui s'est disputé pour avoir oublier l'appareil photo dans la chambre au moment du plus beau cliché. Impossible dans profiter. Et après le retour des vacances, nuit blanche pour que l'album soit prêt à temps. Le public met déjà la pression sur le "mur" de l'intéressé. D'ailleurs, le statut Facebook est bien utile pour alimenter ses fans en news sur ces vacances. Depuis le compte à rebours quotidien du style "Vacances : J - 7", jusqu'à "Passe de super Vacances" en plein milieu du séjour. La vie est d'ailleurs dure pendant les vacances pour ces jeunes urbains, connectés habituellement jour et nuit, mais éprouvant les pires difficultés à trouver du réseau dès que les contrées deviennent un peu plus exotiques.  

Un autre must des réseaux sociaux, c'est bien sûr Twitter. Le site de micro-blogging instantané, limité à 140 caractères, permet de partager à tous ses "followers" tout ce qui passe par la tête à un moment précis de sa journée. Oui, tout ce qui nous passe par la tête, et c'est même un peu ça le problème. Absence de recul et de la moindre réflexion, course au sensationnel pour être le premier sur le buzz, propos de café du commerce, nombreux sont ceux qui se sont pris les pieds dans le tapis. Un épisode, amusant mais révélateur, suit ainsi cette mère de famille et parent d'élève genre plutôt bobo, et affiliée à la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d'Elèves), qui s'acharne sur Twitter, en pleine réunion parents profs, pour faire partager à toutes ses amies "followers" son désarroi et sa colère de n'avoir peut être pas encore de prof d'anglais pour son fils scolarisé en...CM2. Des tweets sans aucun intérêt, mais qui reçoivent néanmoins l'écho d'autres mères de famille, également en ébullition. Qu'on se le dise, la prochaine révolution sera sur Twitter ! On y observe au passage la mentalité de ces nouveaux parents d'élèves. Exigeant envers l'école, peu respectueux des enseignants, prenant la défense systématique de leurs enfants, et reproduisant un comportement de client consommateur en imposant ses propres règles à l'institution scolaire. Description navrante, mais au combien réelle.

Et puis, il y l'allié devenu inséparable de Facebook pour la génération Y : l'Iphone. On ne dit d'ailleurs pas Smartphone, ça c'est pour les autres téléphones. On dit Iphone tout court. Tout une culture. La puissance du marketing. Merci Steeve Jobs. Sans cet inséparable petite merveille de la technologie, Facebook serait-il Facebook ? Car la puissance de l'Iphone, ce sont toutes ces applications que l'on télécharge depuis itunes. Parmi elle, l'application Facebook est un must. Car à chaque sortie dans le monde "réelle", ces urbains Y sont en reportage. L'exemple de ces amies qui se retrouvent le week end pour un brunch. Toutes dégainent évidemment l'iphone pour mettre à jour leur statut. Montrer que l'on fait des choses de son week end. Très important. Et puis comme celà ne suffit pas, on pend en photo les plats qu'on nous apporte, ainsi que ses amies. Et l'on poste instantanément ces photos pour alimenter son statut. Que d'autres s'empressent déjà de "liker" et de commenter. Et gare à ceux qui traînent. On remarque leur absence de réactivité. On est déçu, et vite agacer. Mais que font il donc ? Pourquoi ne commentent ils pas ? Ne suis je pas le centre du monde ? D'ailleurs, allons faire un petit tour sur les autres profils pour en savoir plus. Facebook, le plus formidable outil de surveillance et d’espionnage, que les Renseignements Généraux n'auraient jamais, même dans les rêves les plus fous, mettre en place. Imaginez,  les gens qui déballent volontairement le contenu de leur vie, alors qu'ils auraient refusé catégoriquement si cela avait été exigé par ces mêmes autorités. 

Pour aider à la mise en place de ce réseau d'espionnage volontaire, Google est également de la partie. D'ailleurs ses dirigeants n'affirment ils pas : "Seuls les criminels se soucient de protéger leurs données personnelles", ou encore "Si vous faites quelques chose et que vous voulez que personne ne le sache, peut être devriez vous déjà commencer par ne pas le faire". Google, c'est la culture de l'open source, du partage, et de la transparence. Avec Google Doc, partagez vos documents, qui seront visibles par vos amis et même disponibles en coédition. Avec Google Agenda, partagez votre emploi du temps et surveillez la vie des autres. Quelqu'un ne partage pas son Google Agenda ? C'est louche ça. Appelons la police. Le culte du secret, ou tout simplement la pudeur, n'ont pas leur place ici. Quand on a rien à se reprocher, on partage à la communauté. Les hippies californiens reconvertis dans l'informatique ont gagnés

Il ne faut pas non plus tomber dans la paranoïa, ni rejeter tous ces outils qui s'offrent désormais à nous. La technologie des systèmes d'information est en pleine mutation, et offre des perspectives considérables, presque infinies. Mais, si cette net économie est assurément la nouvelle ère de l'économie en train d'accoucher de la crise par destruction créatrice, gare au phénomène de bulle. Facebook est rentré en bourse vendredi pour une valorisation de 100 milliards de dollars, alors que son chiffre d'affaire n'est que de 3,5 milliards... Est ce que les boutons "like" et "comment" valent vraiment 100 milliards ?

samedi 5 mai 2012

L'open space m'a tuer de A. des Isnards et T. Zuber

Voici un ouvrage, paru il y a quelques années, qui avait rencontré beaucoup de succès. J'étais, à l'époque, passé à côté de ce livre pour grand public. Mais, comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, je me suis plongé dans la lecture de l'édition de poche. Pour en réalité la dévorer littéralement en une soirée, tant ce livre est drôle de vérité. Dans L'open space m'a tuer, les auteurs, Alexandre des Isnards et Thomas Zuber, croquent avec justesse et un humour mordant les turpitudes du monde du travail d'aujourd'hui et les dérives du néo-management. Tout y est décortiqué, à l'aide de saynètes illustratives tirées d'exemples très proches de la réalité. Les entreprises cités sont imaginaires, mais derrière CapCefini, Price & Whisky ou KPAIMEG, on a une petite idée de celles qui se cachent derrière. Mais avec cette satire corrosive, se cache un vrai message, beaucoup plus alarmant.

Car il y a péril en la demeure chez les jeunes cadres de ces boites de service, conseil, audit, informatique ou encore SSII. Le bonheur, qu'on semblait leur avoir construit à l'aide d'open space conviviaux et de managers sympas, n'est plus. Derrière cette démocratisation de la hiérarchie et des relations de travail, c'est l'uniformisation et l'oppression qui sont apparues. L'open space, cet espace si bien conçu par les cabinets d'architecture et d'aménagement spécialisés, ne rapproche pas les collègues entre-eux. Il assure plutôt la surveillance des uns envers les autres et vice-versa. Qui est arrivé en retard ? Qui part le premier le soir ? Qui va prendre le café avec qui ? Tout se sait. Tout se contrôle. Et radio boite fait le reste. 

Mais, le néo-management n'a pas seulement inventé l'open space. Il a aussi importé un vocabulaire anglo-saxon qu'il convient d'utiliser si l'on veut passer pour "corporate" auprès de ses collègues et de son manager. Ainsi, dans le nouveau wording, il serait inconcevable de ne pas utiliser Reporting pour compte rendu d'activité, ASAP (As soon as possible), FYI (For Your Information), deadlines, rate, gap, brainstorming... Une novlangue en pesudo français a également peu à peu façonné le vocabulaire des jeunes cadres qui en veulent :  conduite du changement, customiser, implémenter, je me rapproche de..., je reviens vers toi...,  mode projet, propale... Très utile, un petit glossaire à la fin pour récapituler tous les mots clés utiles pour la bonne marche de sa carrière.

Et puis, il y a le néo-manager. Le néo-manager est sympa, sa porte est toujours ouverte, il ne porte la plupart du temps pas de cravate, est super cool avec son équipe. Presque le rêve. Sauf que le néo-manager ne prend aucune responsabilité, et préfère se couvrir. Il se contente donc de suggérer à ses équipes. Le néo-manager ne donne aucun ordre, car il est cool. Mais il sait fort bien faire descendre, le plus amicalement du monde, la pression du client et du top management vers ses troupes. Ah oui, il y a une chose que le néo-manager apprécie tout particulièrement : les timesheets. Qu'est ce que c'est ? Pour ceux qui n'auraient pas encore toute la maîtrise du glossaire du parfait cadre, on traduira par feuille de présence. C'est l'arme ultime du manager. Chaque team member se doit de remplir sa feuille de présence en fin de semaine pour décrire, heure par heure, ce qui a été réalisé. Moyen implacable de mettre la pression sur les troupes, ces timesheets finissent sur le bureau d'un contrôleur de gestion s'assurant que les salaires versés sont biens durement gagnés.

Et tout cela va loin, très loin. Le néo-management n'aime guère que des têtes dépassent. Des week ends cohésion "teambuilding" sont organisés annuellement, voir plus, pour diffuser la bonne parole et s'assurer que chacun est au top du corporate. L'occasion de rappeler les valeurs de l'entreprise, au cas où certains ne les auraient pas encore apprises par coeur. Dommage simplement que nombres d'entreprises aient oublié de les appliquer. Un jeune cadre prometteur mais un peu réservé. Inscription obligatoire à un stage de confiance soi. Développer son réseau ? Inscription à facebook est plus que recommandé pour montrer que l'on est intégré et bien dans l'entreprise. 

Et puis quand on est cadre, on est débordé. Et si ce n'est pas le cas, il faut le paraître. Les cadres courent dans les couloirs, ont le BlackBerry vissé à l'oreille, arrivent en retard en réunion. Et quand vous leur posez la question: "Je suis charrette" vous répondent-ils. D'ailleurs, quand on est cadre, c'est 24h sur 24h. Le BlackBerry professionnel vous permet de participer même en pleine nuit à l'entreprise globale, et répondre ainsi au mail d'un américain en attendant avec impatience le réveil du contient asiatique. Dommages collatéraux, multiplication des tendinites du pouce et augmentation des divorces. Et si le cadre est toujours débordé, c'est que souvent il l'est réellement. Car pour obtenir le contrat, l'ingénieur commercial, avant tout un commercial, vend des délais de livraisons totalement irréalistes pour toucher sa commission. Le malheureux ingénieur qui passera derrière se confronter à la réalité et aux difficultés du projet sera un bon candidat pour le burn out.

Une dernière chose pose question. Les cadres sont-ils encore des cadres ? Quelle valeur accorder au statut de cadre quand tous les employés de l'entreprise, à part l'hôtesse d'accueil, le sont ? Le cadre n'est guère que le maillon d'une longue chaîne d'intervenant qui au final délivre un projet de développement et de déploiement informatique. Sorte d'ouvrier avec un statut de cadre. Pour nombre d'entre eux, c'est la désillusion, et de plus en plus finissent par changer radicalement de carrière : profs, salariés d'ONG...

On ne peut que recommander la lecture de ce livre. Il vous semblera, à vous aussi, que c'est du vécu. Mais derrière cette satire, à peine exagérée, se cache un message autrement plus inquiétant. De plus en plus de jeunes, souvent brillants et diplômés des grandes écoles d'ingénieurs ou de commerce, perdent rapidement leurs illusions sur le monde de travail. En manque de reconnaissance, de responsabilités réelles, sans perspective d'évolution ou de carrière, sous la pression d'une politique corporate étouffante et d'un management qui se défausse en cas de problème, ils connaissent une véritable souffrance au travail. Pourtant, ces jeunes sont bosseurs, ambitieux et en veulent. A l'heure où l'on parle beaucoup de la valeur travail, il serait temps le néo-management change de méthode. Mais là, c'est comme jeter une bouteille à la mer...

mercredi 30 novembre 2011

Le management français en question

Il y a quelques jours, je parcourais un article intéressant sur le site WK-RH pointant du doigt certains des défauts du management à la française, avec à l'appuie une étude TNS SOFRES.

Cette étude date d'il y a quelques années (2007) mais reste pleinement d'actualité (si cela n'a pas même empiré). Sa conclusion est sans appel : les dirigeants et manageurs français n'ont pas la côte auprès de leurs collaborateurs. A titre d'exemple, seulement 40% des salariés français trouvent leur direction à l'écoute, en dessous de la moyenne européenne situé à 49% et surtout des 73% affichés aux Etats Unis.

Quelquesoit le domaine considéré par l'étude (Organisation, reconnaissance des efforts et de la performance, capacité d'écoute, concertation, partage de l'information, soutien aux équipes, clarté et suivi des objectifs) les manageurs français obtiennent des appréciations nettement inférieures à la moyenne européenne ou américaine.

Les dirigeants français balayent généralement ces critiques en affirmant maladroitement qu'ils dirigent des entreprises dans un pays de râleurs jamais contents et qu'il n'est donc pas très significatif de faire des comparaisons sur ce sujet. Malheureusement pour eux, l'enquête s'est intéressée aux salariés étrangers travaillant dans des entreprises françaises, et donc avec un management à la sauce française. Et là, les Anglo-saxons et Allemands, réputés peu râleur, le deviennent nettement plus. Quant aux français travaillant pour des entreprises étrangères, leur satisfaction augmente de façon spectaculaire.

Dans les enquêtes internationales, la description du dirigeant français est, là encore, implacable. Il est généralement décrit comme autoritaire, agissant sans concertation, mauvais communicant, coupé du reste de l'entreprise et sans réel intérêt pour le travail de ses salariés et collaborateurs. L'enquête de BPI-BVA (2007) montre que si les manageurs américains sont largement plébiscités et arrivent en tête, les dirigeants français arrivent eux bon derniers dans tous les domaines. La différence avec les américains est souvent de plus de 20 points.

Il y a donc un problème français chez les cadres-dirigeants d'entreprises. Nous pouvons y voir plusieurs raisons, notamment au travers de leur formation. Le système des grandes écoles fait émerger une élite qui sort de l'X, d'HEC ou de l'ENA et à qui l'on répète depuis les classes préparatoires qu'ils sont les meilleurs parmi les meilleurs. Le culte du chef se développe dans ces esprits brillants qui deviennent autoritaires et peu à l'écoute. L'inverse des qualités requises par un manageur. Avec cet état d'esprit, la bonne idée ne peut ainsi venir que du top management, pas du bas de l'échelle. Trop de talents et d'idées sont ainsi étouffés. L'exacte opposé de la philosophie Google qui laisse ses employés faire émerger des concepts, pour ensuite les soutenir s'ils sont jugés prometteurs.

La formation française est ensuite essentiellement technique, basée sur le culte de l'ingénieur expert et sur l'excellence universitaire. A l'opposé des formations Anglo-saxonnes, davantage orientés vers les fonctions managériales. Les classes préparatoires et l'examen écrit construit plutôt de l'individualisme, même si elle assure un bon niveau de connaissances, qu'il convient de garder. Les formations Anglo-saxonnes, elles, apprennent visiblement davantage à interagir et travailler ensemble. Essentiel pour le travail d'un manageur. 

Enfin, l'esprit grande école développe surtout l'esprit de caste. Il est remarquable de noter que l'essentiel des entreprises du CAC 40 est dirigé par d'anciens élèves des trois écoles précédemment citées. Rarement issus du sérail de l'entreprise, ces manageurs sont souvent parachutés pour leur diplôme par les réseaux d'anciens ou des liaisons, dangereuses, avec le monde politique. Ils ne restent pas très longtemps généralement et peinent à imprimer leur marque. Coupés des équipes, ils choquent surtout par leurs rémunérations. Ils s'entourent eux mêmes souvent de proches collaborateurs issus des mêmes réseaux ou alors de dociles courtisans. Le copinage fonctionne très bien, n'engendrant que davantage de frustration et ressentiment dans l'entreprise.  On est loin du dirigeant américain qui a souvent monté son entreprise, semble davantage proche de ses équipes et sait mieux faire émerger et recompenser des collaborateurs de talent. 

A l'heure où la crise frappe notre pays, où la croissance est molle et les dettes abyssales, nous avons là, me semble t-il, un levier de croissance considérable et insoupçonné, sans qu'aucun investissement ne soit nécessaire. Mais en apprenant ou réapprenant ce que veut dire gérer une entreprise à des élites déboussolées, qui ne savent plus guère gérer que leur carrière. Et en soutenant avant tout les vrais entrepreneurs.