mercredi 18 juillet 2012

TVA ou CSG ?


Dans son récent rapport, la cour des comptes a fait deux préconisations : une réduction importante du niveau de dépenses publiques (comme à chaque rapport...) et une réforme de la fiscalité. Sur le premier point, le gouvernement a fait la sourde oreille. Sans surprise. Quant au second point, il a pris la forme d'un débat entre CSG et TVA, la cour préconisant en effet l'augmentation de l'une ou l'autre de ces taxes, pour atteindre l'objectif, pourtant peu réaliste, des 3% de déficit budgétaire en 2013.

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a prudemment et courageusement choisit de ne pas choisir. En 2012, ce ne sera donc ni hausse de la TVA, ni hausse de la CSG. Et pour 2013 ? On verra. Suggérons de mandater une énième commission pour y réfléchir. Néanmoins, l'opinion du premier ministre et de sa troupe semble clair. La TVA "sociale", votée hâtivement par la majorité de droite sortante, est en train d'être détricotée, ou plutôt décapité, avant même d'être entrée en vigueur. Comme, en ce moment, de nombreuses lois de l'ère Sarkozy. On ne sait donc pas trop si c'est un parti pris idéologique (surement un peu) ou du pur anti-sarkozysme (surement beaucoup), qui cherche à défaire ce qui a été fait précédemment, en bien ou en mal. En revanche, si rien n'est arrêté, les ministres de l'économie, Pierre Moscovici, et du budget, Jérôme Cahuzac, testent l'opinion en avançant l'idée d'une hausse de la CSG pour 2013. Mais, on avance avec prudence sur le sujet au gouvernement. Le cafouillage de cette semaine sur la rétroactivité ou non des taxes sur les heures supplémentaires a servi d'avertissement.

Sur le fond, qu'en est-il ? TVA ou CSG ? Pour le pouvoir socialiste, la TVA est un impôt injuste qu'il se refuse à augmenter. Injuste, car la TVA est payée par tout le monde au même montant, quelque-soit ses revenus. Injuste, car elle touche directement les ménages, par la consommation. C'est en parti exact. Il faut cependant nuancer. D'abord, les produits et services de première nécessité sont aux taux réduits de 2,1% (Médicaments...), 5,5% (Eau, alimentation...) ou 7% (Transports...). La hausse de la TVA, notamment la TVA dite "sociale", peut ne viser que le taux normal à 19,6% (Vêtements, biens ménagers...). Une hausse de 2% ramènerait globalement le taux français dans la moyenne européenne, actuellement à 21%. De plus, si la TVA n'est pas progressive pour un même produit, elle l'est en réalité dans les faits. En effet, plus son revenu est élevé, plus le consommateur ira vers une consommation haute gamme. Un revenu modeste achètera une voiture 10 000 euros, et payera dessus 19,6%. Un revenu élevé ira vers un véhicule à 30 000 euros, et payera aussi dessus 19,6%, ce qui rapportera donc beaucoup plus (trois fois plus). Enfin, faut-il le rappeler, la TVA est basée sur la consommation, qui est et reste un choix, pas une obligation. Pour éviter de la payer, il est toujours possible de freiner sur sa consommation en biens et services que l'on juge superflus. La vérité, c'est que le gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault croit encore aux vieilles lunes du keynésianisme, et imagine ici créer de la croissance par le volet consommation uniquement. C'est presque faire injure à Keynes lui-même que de simplifier ainsi sa pensée. Celui soutenait en effet l'utilisation de la dépense publique pour soutenir la croissance (ça se discute), mais pas la gabegie budgétaire. Et il parlait avant tout de grands travaux et d'investissement, pas de coups de pouces inappropriés et mal ciblés.

Qu'en est-il alors de la CSG ? La Contribution Sociale Généralisée est un impôt instauré par Michel Rocard, lorsqu'il était premier ministre, pour participer au financement de la protection sociale. Avouons le, c'est un impôt extrêmement efficace, qui rapporte de plus en plus, car son taux ne cesse de grimper. Il est d'autant plus efficace qu'il est prélevé à la source. Mais est-il juste ? Son assiette est basée sur tous les revenus, que ce soit les revenus du travail, des retraites, des indemnités chômages ou des revenus financiers. Revenus financiers ! Voilà qui a du faire "tilt" dans l'esprit du président dont le seul ennemi déclaré est "le monde de la  finance". Oui mais voilà, du coup, on touche là encore fiscalement tous les ménages, et non pas dans un choix de consommation, mais pour le simple fait de travailler. L'imposition sur le travail étant déjà élevée en France, est il vraiment nécessaire d'un peu plus taxer le fait de gagner sa vie par le travail ? D'autant plus que si la CSG est effectivement progressive avec le revenu, elle touche bel et bien tout le monde, y compris les très petits salaires. Pour le parti de "l'effort juste", on a connu mieux. Il est d'ailleurs assez baroque de vouloir augmenter la CSG, juste après avoir revaloriser le SMIC. Ou comment donner des signaux contraires. Niveau lisibilité de la politique gouvernementale, on a aussi connu mieux. Reste les revenus financiers. Là, on s'attaque à la rente, notamment financière, cible privilégiée des socialistes. Reste cependant que les revenus financiers ne sont pas uniquement ceux de nantis fortunés, pour qui ces tergiversations fiscales n'ont d'ailleurs que peu d'incidence. En revanche beaucoup de petits retraités complètes leurs maigres pensions par ces modestes placements mobiliers et immobiliers...

Reste l'argument choc contre la TVA : le risque d'une répercussion de la taxe sur les prix par les distributeurs  et les entreprises. Cette remarque est parfois valide, c'est exact. Mais pas non plus toujours. Un exemple ? La téléphonie mobile est passée en 2011 d'une TVA de 5,5% à 19,6%. On craignait des hausses généralisées. Finalement, les prix sont restés relativement stables. Peut être grâce à la forte concurrence dans le secteur, accentuée récemment encore par l'arrivée de Free sur ce marché. Eh oui, la concurrence comme réponse à l'impact de  la hausse TVA. Mais n'aller pas parler de "concurrence" ou "d'entrepreneur" au gouvernement. Il vous conduirait illico-presto dans un camp de redressement avec le programme de l'ENA, promotion Voltaire...

vendredi 13 juillet 2012

L'erreur économique



"La maison brûle et nous regardons ailleurs" disait Jacques Chirac lors d'un discours prononcé en 2002 en Afrique du Sud. A l'époque, c'était le réchauffement climatique qui retenait l'attention du monde entier. Aujourd'hui, dans le marasme économique et financier de la zone euro, regarder ailleurs, c'est un peu l'impression que donne le tandem Hollande - Ayrault.

Alors que l’Europe, et tout particulièrement le club des 17 de la zone euro, s'enfonce dans une crise de la dette à l'évidence insoluble, le nouveau pouvoir en place a estimé qu'il était urgent de ne rien décider. Quant aux quelques annonces qui ont pu être faites jusqu'à présent, elles ne tiennent pas compte de l'ampleur de la crise qui s'est abattue sur les pays surendettés du vieux contient. Pire, elles vont souvent à l'encontre du bon sens économique. Oui, Hollande et Ayrault commencent ce quinquennat, pourtant crucial, sur une erreur économique.

Le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault à l'assemblée nationale avait donné le ton. François Hollande l'a confirmé cette semaine devant le Conseil Economique et Social. S'il y a une urgence, c'est bien celle de ne pas agir. Le gouvernement déclare vouloir prendre son temps, et laisser le temps à la concertation  entre les "partenaires sociaux" comme on dit. La méthode est louable. Mais elle a rarement fonctionné, tant le dialogue entre patronat et syndicat est impossible dans le pays. Le premier ministre veut aller à rebours de la méthode Sarkozy, en évitant de réformer dans la précipitation. Certes, le temps est une notion très importante. Le cycle économique des entrepreneurs est un temps long, qui a besoin d'une grande stabilité sociale et fiscale. L'Allemagne bénéficie largement d'une politique de Merkel dans la continuité de celle de Schroeder. Mais, s'il est important de "laisser du temps au temps" comme disait Mitterrand, la nécessité d'engager des réformes, elle, ne peut plus attendre indéfiniment. La question n'est plus de savoir ce qu'il faut faire, mais bel et bien de le faire. Et le plus tôt possible, tant on a traîné depuis des décennies. Au lieu de ça, le gouvernement jette à la poubelle, une à une, toutes les réformes du précédent gouvernement (Heures supplémentaires défiscalisés, hausse de la TVA, hausse du périmètre de construction de 30%, réformes des retraites, prime Sarkozy...), illustrant une fois de plus la grande instabilité d'un pays qui règle ses comptes à chaque alternance.

Quant aux réformes, il faudra encore attendre. Une grande réforme fiscale est à prévoir, mais peine à sortir des cartons. Le candidat Hollande jurait ses grands dieux pendant la campagne électorale que la compétitivité n'était pas un problème pour la France. Désormais le président du même nom s'interroge. Le gouvernement a même commandé un rapport à Louis Gallois. Un de plus. On verra le résultat dans un an. Tous les rapports existent déjà. Ils ne demandent qu'à être mis en oeuvre. Ce gouvernement a une chance historique de réformer le pays et de passer à la postérité comme celui qui aura enfin osé. Mais il hésite. Trop explosif pour son électorat, alors que pourtant les enquêtes d'opinion semblent montrer que la France est désormais mature pour entendre des choses difficiles. L'erreur...

Alors que la cour des comptes répète inlassablement à longueur de rapports (Tiens, encore des rapports !) la nécessité absolue d'assainir les finances publiques, le gouvernement se refuse à toucher aux bataillons de la fonction publique. Il y aura bien quelques non remplacement de départ à la retraite, pour compenser l'embauches des 60 000 fonctionnaires, mais pas de réformes structurelles de grandes ampleurs dans l'appareil administratif. Ou supprimeront-ils les 60 000 postes ? A part, comme d'habitude, dans l'armée (qui ne doit plus avoir grand monde...), le gouvernement ne sait pas. Quant c'est flou, c'est qu'il y a un loup avait dit quelqu'un... Reste que la fonction publique se prépare malgré tout à une cure d'austérité salariale. Incapable de dégraisser ses effectifs, c'était inévitable. Il y a sans doute moyen de faire bien mieux . Les fonctionnaires risquent bientôt de regretter la présidence Sarkozy, plus généreuse sur les salaires dans la fonction publique. Qui l'aurait cru ? Néanmoins, rien à voir avec les coupes sombres de plusieurs dizaines de milliards que l'on voit en Italie, en Espagne, au Portugal ou en Grande-Bretagne. Autre bombe, le problème des dépenses sociales (santé, retraites...) qui explosent et deviennent hors contrôle avec le vieillissement de la population.

Mais le plus grave, c'est peut être la stratégie économique du gouvernement. Elle est peu lisible, et va à rebours des recommandations européennes et de la cour des comptes. La stratégie économique de Hollande et Ayrault semble en effet davantage guidé par un reste d'anti-sarkozysme, que sur une vision claire. Hou, hou, la campagne électorale est terminé, vous êtes aux responsabilités ça y est, Sarkozy est parti ! 10 ans d'opposition, et bien peu d'idée à proposer finalement. Du coup, on détricote tout ce qui a été fait avant. Les RGPP, on arrête. Les heures supplémentaires défiscalisées, on arrête. La hausse de la TVA, on arrête. La réforme des retraites, on arrête... La cour des comptes (ce n'est pas Sarkozy pour le coup) dit : "réduisez vos dépenses et augmentez la TVA ou la CSG". Le gouvernement ne réduit en rien ses dépenses, et ne s'attaque qu'à des symboles gadgets (Salaire des ministres en baisse de 30%). Il avoue lui-même que ça ne rapportera rien. La TVA, pas question d'y toucher. La CSG non plus. Pour l'instant en tout cas. Mais entre les deux, le coeur de Ayrault pencherait quand même pour la CSG. La ministre de la fonction publique, Marylise Lebranchu, souligne pourtant avec justesse que la CSG fait peser une fois de plus le matraquage fiscale sur le travail, et non sur le choix de consommation. Curieuse façon d'encourager le travail. Surtout quant on s'interroge (enfin) sur la compétitivité.

Quant aux tranches d'imposition nouvelles (à 45%, hausse de l'ISF) et le fameux impôt à 75%, est là un encouragement pour entreprendre en France ? Pas sûr. Et une incitation des capitaux étrangers à investir massivement ? Pas sûr non plus. La France est déjà largement imposée, et la seule arme fiscale risque de se révéler bien maigre au moment de faire les comptes. La hausse du SMIC ? De l'avis de beaucoup d'économistes, elle dessert plutôt la compétitivité des emplois peu qualifiés. Assez contre-productif là encore. Et ce que cette hausse du SMIC va coûter à l'Etat ? Ne demander pas à Jérôme Cahuzac. Il a séché sur cette question sur le plateau du grand journal de canal plus. Mais qui est donc ce Jérôme Cahuzac ? Le ministre du budget de ce gouvernement. Ça rassure. Pour le reste le commissaire à la production, Arnaud Montebourg, chapote tout, et nomme un expert sur chaque plan social. Il ne peut guère faire mieux,  l'Etat n'a plus d'argent. On pourrait cependant lui conseiller de relire Schumpeter, et son concept de "destruction créatrice". En temps de crise, nombre d'entreprises disparaissent, c'est irrémédiable. Mais d'autres aussi apparaissent, pour construire le futur de demain. Le drame, ce n'est pas tant que des entreprises disparaissent, mais plutôt qu'un nombre insuffisant apparaisse, et que la formation ne s'y adapte pas suffisamment rapidement. Pour faire vivre l'économie, juste au cas où, il y a éventuellement "l'entrepreneur" de ce fameux Schumpeter qui peut aider. Il peut créer de la croissance, si toutefois on ne lui change pas les lois sociales et fiscales tous les quatre matins.

Pour finir, je ne peux résister à l'envie de reproduire cette citation : "L’Ancien Régime professait que la sagesse seule est dans l’Etat, que les sujets sont des êtres infirmes et faibles qu’il faut toujours tenir par la main, de peur qu’ils ne tombent ou se blessent ; qu’il est bon de gêner, de contrarier, de comprimer sans cesse les libertés individuelles ; qu’il est nécessaire de réglementer l’industrie, d’assurer la bonté des produits, d’empêcher la libre concurrence. L’Ancien Régime pensait sur ce point, précisément comme les socialistes d’aujourd’hui. Et qu’est-ce qui a pensé autrement, je vous prie ?  La Révolution française.". Cette citation est on ne peut plus d'actualité ? Elle date pourtant de 1848. L'auteur en est le penseur politique français du XIXème, Alexis de Tocqueville...


jeudi 14 juin 2012

Bal tragique à La Rochelle

22 mots. 140 caractères. Cela aura suffit à provoquer un cataclysme au plus haut sommet de l'Etat dans cet entre-deux tours des élections législatives. Le tweet de Valérie Trieweiler n'aura pas seulement enflammé la toile et ses réseaux sociaux. Il a considérablement affaibli le parti socialiste, pourtant en position de force pour gagner l'élection de dimanche prochain. Mais aussi fait douter sur les capacités réelles du président Hollande. Peut on gérer les grandes affaires du monde quand ne sait guère gérer ses affaires privés ?

Oui, cette fois, c'est Valérie "Tweetweiler" qui a frappé sur le merveilleux outil de micro-blogging. On se souvenait des contributions toujours d'une grande finesse de Nadine Morano. Personne n'a oublié non plus les tweets d'un grand intérêt d'Eric Besson. Ni la tweeteuse "Lucky luke" Cécile Duflot, je dis des bêtises plus vite que mon ombre. Oui mais voilà, une nouvelle concurrente de choix va sans douter reléguer tout ce petit monde au rang d'amateur dans l'art d'exercer sa bêtise sur tweeter. Le soutien appuyé de la première dame, pardon "first girlfriend", n'est pas passé inaperçu. Alors que l'ex du président Hollande est engagé dans une confrontation périlleuse à La Rochelle, contre un socialiste dissident, la nouvelle du président Hollande règle donc ses comptes avec la première en soutenant son adversaire. Georges Feydeau n'aurait sans doute pas été aussi inspiré pour écrire pareil vaudeville. François Hollande, le beau gosse, au coeur d'une scène de jalousie, qui l'eu cru ? Y aurait-il donc du JR chez FH ?

Dans cette histoire, le parti socialiste aura été à côté de la plaque sur tout. Oui vraiment tout. Un parachutage de Dame Ségolène sans primaire. Merci pour la démocratie participative. Une candidate qui affiche d’emblée la couleur : cette élection n'est qu'un tremplin pour l'accès au perchoir, présidence de l'assemblée nationale. Un socialiste dissident du cru, proche parmi les proches de Hollande, qui se présente quand même. Une candidate qui affiche son mépris : Elle sera élue au premier tour, lui ne fera même pas 5%. Des résultats qui n'accorde pas un triomphe à Dame Ségolène : 32% seulement d'électeurs intelligents qui ont compris, et 29% d'idiots pour le félon. Les électeurs ont mal voté. Un personnage de Bertolt Brecht ne disait-il pas : "le peuple a mal voté, changeons le peuple". Sage précepte.

Qu'importe. Elle n'est pas rancunière madame Royal. La preuve, elle n'en veut pas au félon, Olivier Falorni, de l'obliger à s'abaisser à participer à un second tour. Allez Olivier, désiste toi pour moi et on n'en parle plus. Je serai la seule candidate en lice pour second tour. Comme ça, cette redoutable élection de moi-même soutenue par toute la gauche contre aucun candidat sera un peu plus simple. Et à moi le perchoir. D'ailleurs, je rappelle à la France toute entière que je suis bien candidate à ce poste. Merci François pour le cadeau de consolation. Mes 7% aux primaires socialistes valaient bien ça.

Mais lundi dernier, stupeur ! Le félon Falorni ne se désiste pas. Il ne déroule pas le tapis rouge pour Dame Ségolène. La machine socialiste se met en branle comme un seul homme (Et aussi comme un seul cerveau). Bruno Le Roux, Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry... Tout le monde se succède sur les plateaux télés pour demander, que dis je "exiger", à l'ex-camarade Falorni de se désister pour l'ex. Il y a des règles à gauche. Le premier arrivé en tête reçoit le soutien de tous les autres candidats de gauche. Même face à personne ? Oui, les élections style soviet suprême à candidature unique, on semble aimer ça au PS. Et puis Ségolène c'est Ségolène. Elle a un statut. Ex candidate à la présidentielle. Et ex tout court d'ailleurs. Le cas est suivi en haut lieu à l'Elysée. L'auteur du "Moi, président de la république, je ne serai pas le chef de la majorité", contredit ses promesses de campagne et se fend d'un soutien dans la profession de foi de la candidate. Lui qui ne devait pas intervenir dans les élections législatives dixit lui-même. Tous les ministres sont sommés de donner la charge. The place to be cette semaine, c'est La Rochelle. Mardi, c'est Martine et Cécile qui viennent soutenir Ségolène. Mercredi, c'est monsieur 0,62% au primaire, Jean-Michel Baylet. Avec des soutiens pareils, elle est sortie d'affaire Ségolène, c'est sûr. Bizarre toutefois, tous ces soutiens d'états major parisiens, qui accréditent encore davantage la thèse du parachutage.

Et puis, et puis, et puis... Il y a le tweet. La bombe. Valérie, elle n'aime pas Ségolène. Dès que cette dernière est dans la même salle que François, elle exerce une surveillance rapprochée. Malade de jalousie la Valérie. Ce François Hollande, quel tombeur vraiment ! Alors pensez. Là, l'occasion était trop belle. Ségolène en difficulté, et François qui lui apporte son soutien. Qu'il est bien ce Falorni. Il faut chanter ses louanges sur tweeter. Qu'importe que je sois la "first girlfriend". Je suis une femme libre et indépendance. Je garde ma liberté de ton et peut dire les sottises que je veux. D'ailleurs je garde mon boulot de journaliste et subvient moi-même à mes besoins et à ceux de ma famille. Bon oui, je bénéficie quand même des commodités de la république. Bon oui, j'ai un cabinet de 7 collaborateurs charger exclusivement gérer mes bêtises. Mais c'est vraiment tout. D'ailleurs, je ne serai pas une potiche à la Carla Bruni-Sarkozy. J'ai du caractère moi. Oui, sauf que Carla Bruni n'a jamais mis en difficulté son mari en s'exprimant à tort et à travers, et avait l'énorme avantage de ne pas tweeter. Au secours Carla, reviens !

D'ailleurs ce tweet, c'est celui de qui précisément ? D'une journaliste ? D'une militante socialiste ? De la "first girlfriend" ? On ne sait pas trop. Mais pour les dégâts, le succès est assuré. L'opération Il faut sauver le soldat Royal, avec à l'affiche le lieutenant Martine Aubry et l'adjudant Cécile Duflot est éclipsée par l'affaire du tweet. Les nervis du pouvoir n'osent quand même pas s'attaquer à la copine du chef, et se trouvent un peu désemparés. Reste un angle d'attaque. Il est apporté sur un plateau par un sondage de l'IFOP donnant Dame Ségolène largement perdante face au valeureux petit candidat du cru, mais avec l'appuie massif des voix de l'UMP et du FN. Falorni = Candidat de l'UMP et du FN. Les nervis du parti socialiste retrouvent des couleurs. Feu à volonté sur Falorni. Ségolène = gauche. Falorni = droite. Ségolène = honneur. Falorni = Déshonneur. Ah ça, on ne peut pas dire que la pensée soit très subtile. A côté, Nadine Morano passerait presque pour une femme politique d'une rare finesse intellectuelle. Quand on pense que ce monsieur Falorni s'est mouillé pour le PS pendant des années, et fut parmi les premiers à soutenir Hollande, c'est beau la reconnaissance du militantisme dévoué et désintéressé. Surtout pour se faire tirer dessus par les ralliés de la 25ème heure....

L'appareil socialiste a en tout cas mobilisé ses forces pour sauver l'ex du chef. Car il y tient beaucoup. Par contre, sur les duels FN-PS, et les risques d'élections de députés FN dans le Pas-de-Calais, le Gard, les Bouches du Rhône, rien. Pas un mot. Martine n'ira pas. On ne sauvera pas tout le monde, mais on sauvera Ségolène. Question de priorité. Reste qu'à La Rochelle, dimanche soir, il faudra bien surveiller le dépouillement des bureaux. Des enveloppes peuvent si vite apparaître comme par magie. Mais non, elle ne ferait jamais ça Martine. Allons. Pourtant au congrès de Reims 2008, elle a gagné comme ça Martine parait-il. Dixit Ségolène elle-même. Et à l'époque, c'était contre...Ségolène, sa nouvelle grande copine.

Bal tragique à La Rochelle...

lundi 11 juin 2012

Des législatives à grand spectacle

Une campagne législative sans intérêt, mais une soirée de premier tour plutôt réjouissante. Tel est le constat que l'on peut faire en ce lendemain de dimanche électoral. 

Une campagne électorale sans intérêt. Ça c'est tellement évident qu'on s'est même demandé jusqu'au dernier moment si on votait vraiment dimanche. Il faut dire que pour les différents partis, il y avait tout intérêt à rester discret sur cet évènement. Dans le camp socialiste, on a perdu le moteur de la campagne présidentielle : Nicolas Sarkozy. Ce dernier, retiré des affaires, ne pouvait plus servir de sujet de référendum. Et comme parler de sujets de fond, c'est trop gênant pour le moment, autant carrément en dire le moins possible. Seul argument pour motiver l'électeur : il faut une majorité au président. C'est pas faux. Un peu court, mais ça suffira. C'est un classique. Pour la droite, l'objectif c'est de limiter les dégâts, et pour cela d’apparaître comme le moins possible responsable du bilan sortant, actuellement épluché par la cour des comptes et l'Inspection Générale des Finances. Mieux vaut donc la mettre en veilleuse. Qui plus est, le risque de triangulaire au second tour, avec un Front National haut, incite à la plus grande discrétion. Ce n'était donc pas la foule dimanche dans les bureaux de vote. L'arrêt du match à Roland Garros, pour cause de pluie, aura toutefois fait frémir quelque peu une participation très morne en fin d'après midi.

Soirée de premier tout plutôt réjouissante ? Oui. Pas sur le résultat lui-même évidemment. Il n'y avait guère de surprises. Le nouvelle majorité socialiste a dominé, sans toutefois écraser l'UMP, et devrait remporter la majorité absolue au second tour. Ouf le gouvernement Ayrault est sauvé ! Petit suspens insoutenable quand même pour le sort du Front de Gauche et d'Europe Ecologie Les Verts. Auront-ils leurs groupes à l'assemblée nationale ? Dire qu'il va falloir attendre jusqu'à dimanche pour le savoir, c'est vraiment un supplice... Le Modem a officiellement disparu des écrans radars, même dans le Bearn. Quant au Front National, il est devenu "Rassemblement Bleu Marine". Un groupe politique qui prend comme nom le prénom de sa "chère" leader. On aura tout vu dans la mégalomanie. Oui, vraiment, tout fout le camp...

Réjouissant ? Non le résultat ne l'était pas vraiment. Il confirme un gouvernement qui n'a pas pris la mesure de l'effort qui va être demandé dans les mois et années qui viennent. Il confirme un gouvernement qui pour inaugurer son mandat aura délibérément  fait des cadeaux à ses électeurs (SMIC, retraite à 60 ans, blocage des loyers, Augmentation des allocations) au détriment de toute clairvoyance économique, et surtout à contre-sens de ce mettent en oeuvre nos voisins européens. Il confirme un gouvernement qui fonctionne sur un logiciel complètement obsolète, ne connaissant guère que les concepts de dépenses publiques, de dettes et d'impôts. Ou comment continuer les même politiques qui n'ont pas marché. Il confirme un gouvernement qui ignore ostensiblement les concepts d'entreprise, d'innovation, d'entreprenariat. Il confirme enfin un gouvernement qui avance masqué, n'annonce que des bonnes nouvelles jusqu'à l'élection, mais qui devra très rapidement faire face à la vérité.

Qu'est ce qui est réjouissant alors ? Le diable se cache souvent dans le détail. Les réjouissances aussi. C'est en examinant le résultat de quelques circonscriptions que l'on se dit que, quand même, on vit dans un beau pays, et que tout ceci nous manquerait trop si l'on partait comme exilé fiscal de François Hollande. Détour par le nord de la France tout d'abord. Plus précisément dans le Pas-de-Calais, à Hénin-Beaumont. Le match Marine Le Pen vs Jean-Luc Mélenchon promettait d'être épique. Il fut surtout d'une stupidité sans nom, avec son lot de faux tracts et d'insultes. Mais le plus beau dans tout ça, c'est Mélenchon, le Robespierre de toutes les places de France et de Navarre, qui s'est fait finalement devancer par un candidat PS du cru, inconnu au bataillon : Philippe Kemel. La com' et le mauvais spectacle, ça a ses limites. Du coup, c'est un Jean-Luc Mélenchon tout penaud hier soir qui s'adressait aux rares militants venus l'écouter. On l'a connu plus sûr de lui pendant la présidentielle, haranguant les foules de la Bastille ou du Capitole. La queue entre les jambes, il est rentré à Paris aussi vite qu'il était venu. L'exemple type du parachutage loupé. Il laisse Marine Le Pen seule achever la fin de ce mauvais show.

Après le nord, l'est. Un éléphant du PS tente de s'implanter dans les Vosges : Jack Lang. Après du tourisme électorale l'amenant de Blois à Paris, puis de Paris au Pas-de-Calais, l'ancien ministre a donc atterri dans les Vosges. Retour au source pour ce natif de la région. Mais Martine Aubry ne l'a pas gâté, en l'envoyant dans une circonscription solidement à droite. Bien qu'arrivé légèrement en tête, le second tour s'annonce difficile pour lui face au député sortant UMP. Restons dans l'est. Direction pas très loin. La Meurthe-et-Moselle. Cette fois-ci c'est la folle dingue de twitter, Nadine Morano, qui est en ballottage serré. Pour gagner, plus le choix. Tous les moyens son bons. Elle en appelle aux valeurs communes avec le FN. On saura se consoler de son éventuelle défaite.

Partons à présent au sud, tout au sud. Et à l'ouest, tout à l'ouest. Dans le Bearn. C'est ici que François Bayrou joue son avenir électorale. Pris au second tour dans une triangulaire infernale entre le PS et l'UMP, il a quasiment perdu son siège de député. Entraînant avec lui le Modem, qui n'aura vraisemblablement plus de député. Hostile au programme socialiste, le PS a logiquement envoyé une candidate contre lui. Mais, ayant voté pour François Hollande à la présidentielle, l'UMP a également envoyé un représentant contre lui. Au final, à force de ne vouloir être nulle part politiquement, il finit par être nulle part électoralement. Le PS et l'UMP s'en frottent déjà les mains. François Bayrou avait bien fait quelques remarques clairvoyantes sur l'endettement excessif de la France. Mais il aura été victime de son cynisme électorale. Le centre est orphelin.

Dans le sud, mais à l'est cette fois, changement d'ambiance. Il n'est plus question de centristes. Loin de là. C'est plutôt la course à l’échalote entre l'UMP et le FN. Le Gard, le Vaucluse, les Bouches du Rhône. Le paradis des triangulaires PS-UMP-FN. Avec les éternels atermoiements des états majors parisiens du PS et de l'UMP. Front républicain et désistement réciproque, comme d'habitude ? Eh bien non, pas cette année. L'UMP version Jean-François Copé, c'est le "ni-ni". Ni Front Républicain, ni alliance avec le Front National. Et attention à ceux enfreignent la consigne. Pourtant, il y a du rififi localement. Des candidats UMP sont prêts à passer des accords. Et certains se lancent, comme dans la circonscription d'Arles. Copé condamne. Les électeurs UMP approuvent majoritairement d'après les sondages. Ça n'a pas fini d'être la zizanie à l'UMP. Des vilains petits canards aussi côté PS. Une candidate PS refuse de retirer sa candidature pour intégrer le front républicain. Pas simple d'être premier secrétaire du parti socialiste.

Enfin, on garde le meilleur pour la fin. Direction la Charente Maritime, à La Rochelle. Une parachutée de luxe, Ségolène Royal, pensait que son élection serait une promenade de santé, dans une circonscription marquée à gauche. Toutes les conditions étaient pourtant réunies. D'abord un député sortant, également maire de la ville, qui lui fait place nette et, en prime, assure la visite guidée de la ville. Ensuite, une dispense de s'abaisser à se présenter à l'élection primaire socialiste de la circonscription. Pourquoi ? On ne sait toujours pas. Certains ont murmuré "statut particulier d'ancienne candidate à l'élection présidentielle". Ah bon ? On ne savait pas que c'était un statut ça. Elle est loin en tout cas la démocratie participative dont elle se disait pourtant l'inventrice. Enfin passons. Tout semblait se passer comme sur des roulettes. Car, dans cette histoire, les électeurs de La Rochelle ne sont que les faire valoir de la candidate. Elle vise bien plus haut évidemment qu'une simple circonscription. Le deal avec François Hollande et Martine Aubry, c'est le perchoir, la présidence de l'assemblée nationale. Elle l'a d'ailleurs clamé haut et fort. 

Sauf que rien ne s'est passé comme prévu. Un inconnu sur le plan national, mais très implanté localement, Olivier Falorni, n'a pas digéré cette candidature imposée d'en haut. Et ce, sans même l'organisation de primaire. Il se présente donc contre elle comme candidat divers gauche, s'étant fait exclure du PS. C'est beau la reconnaissance de son parti pour des années de militantismes de terrain. Et le pire, c'est qu'au soir de ce premier tour, Royal et Falorni sont au coude à coude : 32% - 29%. Le second tour sera un duel entre ces deux candidats de gauche, la candidate UMP n'ayant pas dépassé les 12,5% d'inscrits requis pour ce maintenir. Et là, c'est le scénario catastrophe. Horreur, les électeurs de droite vont voter Falorni et faire battre Dame Ségolène. Quel manque d'éducation ! Dans le camp socialiste, c'est la panique. Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry, François Hollande. Peut être même Barack Obama. Tous ont sommé le dissident Falorni de retirer sa candidature. Il y a des lois de gauche comme quoi il devrait se retirer. Ah bon ? Quelles lois ? En vain en tout cas. Le dissident se maintient. Il est vrai que s'il ne s'était pas maintenu, Ségolène Royal aurait concouru toute seule au second tour. C'est plus facile dans ces conditions. On n'élit plus les députés, non, on les nomme. C'est ça la république exemplaire. Il est tout de même consternant que le président de la république en personne intervienne dans cette histoire, en contradiction avec toutes ses promesses de campagne. N'y a t il pas en Europe une crise autrement plus importante à gérer que le sort de cette circonscription ? Sauf que c'est l'ex du président. Alors il lui faut un beau cadeau de consolation. 

C'est donc su à Falorni. Ce candidat qui sera entaché jusqu'à la fin de ses jours par son forfait, ce candidat soutenu en sous main par les sarkozystes, ce candidat surement sarkozyste lui-même. Tout le monde va débarquer à La Rochelle dans les jours qui viennent. Martine Aubry et Cécile Duflot arrivent demain à la rescousse rependre la bonne parole à l'électeur idiot. Ridicule. Jean-Marc Ayrault y était la semaine dernière. Avec le résultat que l'on sait. François Hollande n'a t il pas un déplacement, présidentielle s'entend, à faire dans la région dans les jours qui viennent ? Un conseil en tout cas. N'allez pas à La Rochelle dans les jours qui viennent, ce sera mal fréquenté. Et un conseil à Olivier Falorni. Qu'il fasse attention en traversant les passages cloutés. Un accident est si vite arrivé.

Oui, vraiment, c'est une législative réjouissante...

mercredi 6 juin 2012

Chronique d'une présidence normale (2)

En Hollandie, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Dormez braves gens. Loin des tumultes anxiogènes sur l'avenir de la zone euro, la présidence normale s'écoule paisiblement. Le mandat a d'ailleurs déjà été "honoré", dixit le nouveau président lui même. La croissance, invoquée au G8, sera bientôt établie par décret. Les engagements européens sur la réduction des déficits seront tenus. Comment ? Le secret reste bien gardé, du moins jusqu'au second tour des législatives. "Exemplarité" et "efficacité", telle est d'ailleurs la ligne de conduite du gouvernement Ayrault a déclaré Najat Vallaud Belkacem, porte parole du gouvernement. Ah oui ? Vraiment ?

Pour François Hollande, la république exemplaire, c'est la fin du copinage. Fini donc la proximité, affichée sous l'ère Sarkozy, avec les grands patrons du CAC 40 (Vincent Bolloré, Bernard Arnaud...), fini les parachutages d'amis à la tête d'entreprises publiques (Henri Proglio chez EDF) ou d'établissement bancaires (François Pérol à la BPCE), fini la confiscation du pouvoir par un clan. Enfin ça, c'est dans les discours. Dans les faits, un clan en a plutôt remplacé un autre. Si le précédent pouvait s'appeler CAC40, le nouveau n'a plus que 3 lettres : ENA. Et même tout particulièrement une promotion, celle de 1980, connu sous le nom de "promo Voltaire", avec en vedette François Hollande. Ce dernier, reconnaissons le, n'a pas été ingrat avec ces anciens camarades de classe.

Pierre-René Lemas, secrétaire générale de l'Elysée, ENA, promotion Voltaire. Sylvie Hubac, directrice de cabinet du président à l'Elysée, ENA, promotion Voltaire. Jean-Maurice Ripert, diplomate, conseiller du président, ENA, promotion Voltaire. Jean-Jacques Augier, président de l'association de financement de la campagne du candidat Hollande, ENA, promotion Voltaire. Bernard Cottin, vice-président de l'association de financement de la campagne du candidat Hollande, ENA, promotion Voltaire. Jean-Marie Cambacérès, animateur de Démocratie 2012, comité de soutien de François Hollande, ENA, promotion Voltaire. Pierre-Yves Duwoye, directeur de cabinet du ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, ENA, Promotion Voltaire. Jean-Pierre Jouyet, président de l'AMF et conseiller de longue date du président, ENA, Promotion Voltaire. Michel Sapin, ministre du travail dans le gouvernement Ayrault, ENA, promotion Voltaire. Ségolène Royal, future présidente de l'assemblée nationale après des élections législatives, ENA, promotion Voltaire. Dominique de Villepin, groupie de luxe du nouveau président et du nouveau gouvernement, ENA, Promotion Voltaire. La parité et la diversité c'est pour l'affichage gouvernemental, pour tout le reste il y a l'ENA, promotion Voltaire. Le grand philosophe des lumières n'avait pourtant pas mérité ça. Enfin, comme aurait dit Gavroche : Hollande est aux affaires c'est la faute à Voltaire, il se plantera bientôt c'est la faute à Rousseau (ou à Sarko...).

Mais si on passe rapidement sur ce népotisme au plus haut sommet de l'état, reconnaissons en tout cas que les ministres font des merveilles. Et c'est rien de le dire. Pour les transports, certains, voulant imiter le chef de l'Etat, font même du zèle. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, voyage ainsi en low cost entre Berlin et Rome (Air Berlin pour info), écourtant en cela une conférence de presse, où il n'aura répondu qu'à une seule question. Un déplacement qui valait vraiment le coup en somme. D'autant qu'il était arrivé dans la capitale Allemande par Air France, donc pas low cost (pas bien). En déplacement à Aubervilliers, suite à un braquage, Manuel Valls, ministre de l'intérieur, rentre en métro (bien). Mais il était arrivé en voiture sur les lieux (pas bien). Cherchez la cohérence. Le président, lui même, ne se rend t-il pas aujourd'hui à Caen en voiture ? Bon certes, avec un cortège de 7 voitures blindés, mais quand même, quel progrès. C'est curieux en tout cas tous ces nouveaux ministres qui utilisaient allègrement lignes régulières, jets privés et voitures pendant la campagne électorale, et qui se croit obliger de faire de la surenchère à qui dépensera le moins. Pour faire encore des économies, pourquoi ne pas frauder dans le métro ? Ou faire du stop ?

Sur le front de l'emploi, les choses vont s'arranger. N'a-t-on pas désormais un ministère du "redressement productif", autrement dit de gestion des plans sociaux ? De son côté, Michel Sapin, ministre du travail, a carrément dévoiler le fond de sa pensée : dans les mois qui viennent, l'augmentation du chômage, il mettra ça sur le dos de Sarko. On s'en doutait, mais l'avouer aussi franchement, fallait oser. Quoiqu'il en soit, un emploi a d'ors et déjà été sauvé : Valérie Trierweiller reste à Paris-Match. Arnaud Montebourg aura été moins efficace. Audrey Pulvar va quitter l'émission de Laurent Ruquier "On n'est pas couché". Au grand soulagement des derniers téléspectateurs de l'émission. Par contre pour les vrais emplois (ou le "vrai travail" comme dirait Sarkozy), on verra plus tard. Pour Florange, on a commandé un énième rapport. Y a pas urgence. Pour Doux, en redressement judiciaire. 

Une autre question parait bien gérée : Le logement. Cécile Duflot, avec son portefeuille de "l'égalité des territoires" (!), est aussi en charge de cette question. Et déjà, plusieurs décisions chocs annoncées. D'abord la confirmation, et même si possible l'accélération de la fin du dispositif Scellier de défiscalisation pour l'achat d'un logement neuf privé à usage locatif. Sans dispositif pour l'instant prévu pour le remplacer. Pourtant, le secteur du bâtiment est à la peine depuis la suppression annoncée de ce dispositif par le gouvernement Fillon. Ce manque d'incitation fiscale pour financer de nouveaux programmes de construction de  logements privés ne va faire que dégrader le déséquilibre offre-demande déjà particulièrement criant pour pouvoir se loger. A cela, le gouvernement répond par une augmentation du plafond du livret A. Cependant, seulement 9% des livrets A ont atteint le plafond. La majorité des français n'ayant que quelques centaines d'euros tout au plus. Qui plus est, le taux d'intérêt de 2,25% devrait resté inchangé. Pas de quoi pousser les foules vers les guichets de la poste. Enfin, l'argent du livret A sert au financement du logement social. Or, une partie de l'argent actuellement collecté et détenu par la caisse des dépôts n'est déjà pas utilisé. Il n'y a aucun problème de collecte au niveau du livret A. On risque donc, par cette stratégie, de freiner l'investissement vers la construction de logements privés, sans pour autant booster le logement social. Double erreur. 

Reste enfin l'annonce de blocage des loyers à la renouvellement d'un bail ou lors d'un changement de locataire. Dans toute l'Histoire, s'il y a une constante, c'est que le blocage des prix, ça n'a jamais marché. Cela ne fait au contraire que perdurer les dysfonctionnements, et empêche de prendre les bonnes mesures de réajustement, c'est à dire de favoriser l'utilisation de l'épargne vers la construction de logements privés, et ainsi rééquilibrer l'offre avec la demande. Avec de pareilles mesures de blocage des loyers, les propriétaires seront moins incités à louer et à faire des travaux, ce qui contractera d'autant plus l'offre, aggravant la pénurie. Quand à ceux qu'on entend régulièrement pleurer sur le fait qu'il est trop cher de se loger à Paris. Oui, c'est vrai, mais personne n'a jamais interdit de traverser le périph, vers ce qu'on appelle "la banlieue". Question de snobisme...

Un autre ministre fait des prouesses. A défaut d'être efficace, il excelle en tout cas dans l'incantation. Mais qui donc ? Eh bien, notre ministre de l'économie, Pierre Moscovici. Lors d'une rencontre, lundi, avec Olli Rehn, commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, il n'a pas hésité à affirmer que Paris tiendra ses engagements de réduction du déficit budgétaire, ramenant celui-ci à 3% en 2013. Et il a ajouté "sans mesure d'austérité, oui, nous le ferons". Et face aux sceptiques, celui-ci a met surenchéri : "Nous sommes prêt à être jugés sur nos résultats, mais nous avons aussi nos propres voies et moyens". Pour Moscovici, pas de problème, le retour à 3% en 2013, "ce sera réalisé". Mais qui peut donc y croire sérieusement ? Il y a un double mensonge ici. Tout d'abord, non, le déficit ne sera pas ramené à 3% en 2013. Il était de 5,2% pour 2011. Les prévisions sont de 4,4% pour 2012. Qui peut imaginer une réduction de 1,4% en une seule année, ce qui équivaudrait à 15% de coupes budgétaires ? Qui plus est avec une croissance quasi-nulle en France et dans la zone euro.

Le deuxième mensonge, c'est qu'il y aura évidemment des mesures d'austérité, malgré les dires du ministre, mais que malgré tout, elles ne suffiront pas pour tenir les engagements. Par "nos propres voies et moyens". Le gouvernement est ici dans le déni le plus complet. Ce qu'il va se passer en réalité, c'est une augmentation de la fiscalité pour les ménages les plus aisés. Comme cela ne rapportera pas grand chose, il faudra tailler dans les multiples niches fiscales. Mais comme beaucoup sont explosives politiquement, car fruit de longs clientélismes et conservatismes, elles rapporteront, là encore, moins que prévu. Restera les classes moyennes, les vrais vaches à lait dans ce genre de situation. Et comme les classes moyennes sont déjà beaucoup prélevées, cela ne suffira toujours pas pour faire les comptes. Et il faudra dans ce cas commencer, enfin, à réduire les dépenses publiques. Et ça, ça s'appelle comment ? Oui,  de la rigueur, et même de l'austérité. Il n'y aura pas de "propres voies et moyens". La France appliquera les mêmes recettes que partout ailleurs.  Moscovici se déclare prêt à être jugé sur les résultats l'année prochaine. Chiche ? Et si la promesse n'est pas tenue ? Il démissionne ?

Car la vie est dure pour le gouvernement. Surtout qu'en ce moment, les cassandres semblent s'être donnés le mot pour contrarier ses incantations de "positive attitude". Le président de la BCE, Mario Draghi, a dégainé le premier. Pas content le Mario. Son message : réduisez les dépenses, faites des réformes structurelles, n'attendez pas tout de l'Europe et de la banque centrale. Puis, c'est la commission européenne, par la voix de José Manuel Barosso, qui a délivré en substance le même message : "Il faut maintenir le cap de la rigueur", "rigueur ou faillite", il faut choisir. Comme si cela ne suffisait pas, c'est la cour des comptes qui a tiré la sonnette d'alarme. Pas très sympa le camarade du PS, Didier Migaud, qui est actuellement à sa tête. Et que dit-il à ses amis ? Réduisez encore et toujours les dépenses publiques. Conserver les RGPP initiés par le précédent gouvernement. Ne comptez pas sur l'impôt pour rééquilibrer les comptes, c'est insuffisant et inefficace. Enfin, c'est l'Inspection Générale des Finances (IGF) qui passe cette semaine à l'offensive. Faites des reformes structurelles, ne remplacez pas 2/3 des fonctionnaires partant à la retraite, modération salariale dans la fonction publique. Bref, le même son de cloche partout : réduisez les dépenses publiques. Mais, le gouvernement n'en dira pas un mot avant le 17 juin. D'ailleurs pas de problème, les taux d'intérêt de la France sont très bas, et permette de se shooter un peu plus à la dette. Oui, le cyclone est actuellement sur l'Italie et l'Espagne. Mais il est en train de remonter, et il sera dévastateur.

En attendant, tout va très bien madame la marquise. Reste à assurer la victoire aux législatives. Et pour cela, rien de tel que d'acheter ses clientèles électorales : 25% d'augmentation sur l'allocation rentrée scolaire. Décret sur le retour à la retraite à 60 ans. Initialement réservé pour quelques carrières longues, le cadeau s'est, au fur à mesure, étendu à toujours plus de monde (Périodes de chômage incluses, congés maternités...). Blocage des loyers à la re-location. Revalorisation du SMIC, ce qui a pourtant pénalisé, tout le monde le sait, l'emploi peu qualifié depuis deux décennies. Et surtout, cela ne touche que 10% des salariés. Fin des RGPP et du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux. Coût des cadeaux du mois de juin : 20 milliards sur 5 ans dit l'UMP. Invérifiable, mais ça va coûter, ça c'est sûr. La France est en fait à contre sens complet du reste du monde. En plein déni des réalités. C'était le cas en 1981. Ça ne l'était déjà plus en 1982, l'année de la rigueur. Car n'oublions pas qu'électoralement, les gogos du mois de juin sont toujours les cocus de Septembre...

Une présidence normale quoi...

A suivre...

samedi 2 juin 2012

Concerto à la mémoire d'un ange d'Eric-Emmanuel Schmitt

Après le théâtre (Le visiteur, Variations énigmatiques, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran...), le Roman (L'évangile selon Pilate, La Part de l'autre...), Eric-Emmanuel Schmitt a ouvert, ces dernières années, un nouveau champ à son écriture déjà prolifique : la nouvelle. On a pu notamment le lire avec Odette Toulemonde et autres histoires, ou encore La rêveuse d'Ostende. L'auteur revient ici avec une autre nouvelle : Concerto à la mémoire d'un ange. Il a même empoché le prix Goncourt de la nouvelle 2010 pour cet ouvrage.

Ici donc, il n'y a pas une, mais 4 histoires, sous formes de courtes nouvelles. La principale, mais aussi surement la meilleure, étant probablement Concerto à la mémoire d'un ange, en référence au sublime Concerto à la mémoire d'un ange d'Alban Berg. 4 histoires qui n'ont, en apparence, rien à voir. Car quel point commun en effet entre une vieille dame, empoisonneuse en série de ces maris successifs, un marin, père de famille, à qui l'on annonce le décès d'une de ses filles, sans lui préciser laquelle, deux jeunes musiciens virtuoses, qu'une insignifiante compétition va séparer, du moins le croit-on, à tout jamais, et une épouse de président de la république, prête à clamer son désamour pour ce mari devenu si distant ?

Ce point commun, c'est sainte Rita, également la patronne des causes désespérées. Elle apparaît ainsi dans chacune des nouvelles, comme un espoir, un recours pour ces personnages en quête de rédemption. Car dans ces histoires, c'est de rédemption dont il s'agit. L'empoisonneuse de maris successif trouve son salut, bien qu'également intéressé, dans le secret d'une confession accordée au nouveau jeune prêtre de sa paroisse. Le marin, apprenant au cours d'un de ses longs voyages en mer la disparition d'une de ses filles, sans savoir laquelle, se prend à jouer au jeu sordide de savoir laquelle ou lesquelles il préfère. Avant de se reprendre, prenant ainsi conscience de l'amour d'un père pour ses filles, et jurant qu'on ne le reprendrait plus à ce jeu là. C'est quand on a perdu un être cher qu'on l'apprécie. Le marin n'en sera désormais qu'un meilleur père. La rédemption, c'est aussi celle de ce jeune pianiste français qui, par jalousie pour un violoniste virtuose australien, ira jusqu'à lui refuser son secours, dans une situation tragique, pour gagner une compétition pourtant sans enjeu. Le croyant mort, il stoppera net sa carrière, pour se consacrer entièrement au bonheur des autres. Avant que son passé ne le rattrape, et qu'il ne se trouve confronté, tel un jeu de miroir, à cet autre monstrueux qu'il était avant. La rédemption, elle s'incarne dans ce locataire de l'Elysée qui, sur le tard, pleure sa femme, trop tôt emportée par la maladie, et qu'il avait pourtant allègrement trompée et délaissée. Celle-ci lui laissera pourtant, à travers une publication, la plus belle des preuves d'amour. Il consacrera la fin de sa vie à son souvenir. 

Eric-Emmanuel Schmitt voue un culte à sainte Rita, cette sainte des causes désespérées, celle qu'invoquent toutes les âmes en quête de rédemption, et d'une nouvelle vie. Si l'écriture est simple, le message de l'auteur n'en est pas pour autant simpliste. A travers ces récits, c'est aussi et surtout une réflexion sur la liberté de chaque individu face à son passé, mais aussi face à son destin. Les âmes, même les plus noires, peuvent se repentir et changer. De même que les plus belles âmes peuvent un jour sombrer. Il n'y a rien d'inéluctable. La rédemption et la quête du bien, ou tout simplement du meilleur est toujours possible. Par son écriture, particulièrement épuré, l'auteur laisse place à notre imaginaire, qui peut s'incarner dans ces différents personnages en quête d'idéal, ou tout simplement d'un équilibre perdu, et qu'ils vont retrouver.

La lecture du journal d'écriture, à la fin de l'ouvrage, nous en apprend plus sur la construction de l'ouvrage. De l'idée de départ, sainte Rita, à la construction des différents récits. Des considérations philosophiques sur la liberté ou le déterministe, à la technique d'écriture. Le journal d'un auteur en pleine maturation de son oeuvre. Aussi digne d'intérêt que les nouvelles.

A la lecture de ces nouvelles, les âmes cyniques et pessimistes crieront au simplisme su'est cette quête de la rédemption. Les hommes en sont incapables. Les snobs estimeront pour leur part l'écriture insuffisamment travaillé. Mais la complexité n'est elle pas justement de faire simple. N'est il pas plus facile de bâtir des pavés  compliqués où tout est dit, mais surtout ce qui est sans intérêt. Au lecteur de débrouiller pour faire le tri. Ici, Eric-Emmanuel Schmitt a fait ce travail pour nous, ne gardant que ce qu'il convient. Quant à ne pas croire en la rédemption de l'homme, ce serait ne plus croire en l'homme. Vaste débat...

lundi 28 mai 2012

Chronique d'une présidence normale (1)

Investiture en grande pompe, sommet franco-allemand, nouveau premier ministre, nouveau gouvernement, sommet de l'OTAN, sommet du G8, sommet européen. La présidence normale a commencé sur les chapeaux de roues, à un rythme finalement presque aussi tonitruant que sous le sarkozysme. Autant d’évènements, et autant d'occasions de satisfecit pour le nouveau pouvoir en place. Enfin, d'après sa propre version. Car pour la réalité, on nuancera quelque peu...

Depuis l'élection du candidat socialiste, les journalistes ne sont pas en reste. Le candidat Hollande les avait déjà particulièrement choyés pendant la campagne électorale. Imaginez, un bus mis à disposition pendant toute la tournée du candidat. Le "Hollande tour" ça s'appelait. Une campagne électorale tout confort avec le futur président. La presse étrangère s'est gaussée de ces liaisons dangereuses entre le candidat et la presse française. Qu'importe. Certains se délectaient alors déjà de la futur présidence Hollande. "On va nous emmener dans le Air Hollande One" disaient ils. Bientôt la grande vie, après tant de souffrance sous Sarkozy. Une fois élu, le nouveau président n'a pas oublié ses nouveaux amis. Il les a même remerciés pour leur participation au "Hollande tour". Et parle d’établir d'une nouvelle relation avec eux, faite de "respect". Comprenez par là de "services rendus".

Car derrière cette nouvelle idylle, se cachent des considérations un peu moins glamours. Une vieille revendication des journalistes : l'abattement de 30% pour leurs frais professionnels. Supprimé en 1996 par Alain Juppé, faisant alors la chasse aux niches fiscales inutiles, cet abattement est devenu le cheval de bataille des journalistes, dont à sa tête une certaine Valérie T. (cherchez...). En 2008, fin de non recevoir de Sarkozy sur le sujet, qui sonne aussi la fin de son idylle avec les journalistes. Grave erreur. C'est donc François Hollande, ce héros, qui rétablira le juste avantage fiscal qui leur est dû. Les journalistes vont donc à la soupe, et avec zèle. Sommet franco-allemand, un succès. Nouveau gouvernement, formidable. Sommet de l'OTAN, François Hollande tient magnifiquement son rang. Sommet du G8, François Hollande impose la croissance aux grands de ce monde, qui s'inclinent devant sa brillante vision. Sommet européen, François Hollande impose les eurobonds au reste de l'Europe, béate d'admiration. "La presse est unanime" pourrait on écrire sur l'affiche de ce nouveau spectacle. Seule ombre au tableau, le sort du magazine Marianne. Un business model orienté exclusivement sur la rejet de la personne de Sarkozy, ce "voyou" et "pétainiste". En retrait de la vie politique, il va falloir trouver autre chose à vendre aux gogos. Mais que François Hollande se souvienne de la grande règle des journalistes. Tous les politiques l'ont subi, de Mitterrand à Sarkozy, de Balladur à Jospin. C'est la règle des trois "L" : Lécher, Lâcher, Lyncher. La lune de miel ne durera pas éternellement. Car plus fort encore que les hochets, les journalistes suivent avant tout l'opinion de leurs lecteurs, et se retourneront avec celle-ci avec le même unanimisme...

Mais, qu'on ne parle pas de connivence entre les politiques et les journalistes. Ça n'existe plus ces femmes de ministres journalistes, telles que, par le passé, Anne Sinclair, Christine Ockrent ou Béatrice Schoenberg. Enfin presque plus. Il y a bien Audrey Pulvar, compagne d'Arnaud Montebourg, qui sévit sur France 2 et France Inter. Ah oui, et puis aussi Valérie de Senneville, du journal les échos, alias madame Michel Sapin, ministre du travail, qui s’interroge sur son avenir professionnel. Ah oui, j'oubliais, il y a enfin Nathalie Bensahel, du Nouvel Obs, qui est également la femme de Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale. On ne cite évidemment plus notre nouvelle première dame, Valérie Trieweiller, représentante de Paris Match et Direct 8. Mais qu'importe, les journalistes sont totalement indépendants, et savent parfaitement faire la part des choses. La connivence entre le pouvoir et les médias, ça n'existe pas. Le "Hollande tour" est une invention de l'esprit ou des journalistes étrangers, qui n'y comprennent décidément rien à cette exception française. Pas de connivence ? Et les poils à gratter gauchisant de France Inter, Stéphane Guillon et Didier Porte, virés sous Sarkozy ? Le fait du prince. Et Eric Zemmour, poil à gratter de droite, bientôt viré de RTL ? Pour devancer les désirs du nouveau prince. Digne des plus belles heures de l'ORTF...

Enfin, qu'importe les médisants. Ce gouvernement est quand même formidable. Parité parfaite, réduction du salaire des ministres de 30%, charte de déontologie, exemplarité, pas de ministre condamné par la justice. Pas de ministre condamné par la justice ? Le candidat Hollande avait été très clair : "Je n'aurai pas autour de moi, à l'Elysée, de personnes jugées et condamnées". Bravache, il ajouta même : "Vous me rappellerez cette phrase, si jamais je venais à y manquer". Un gouvernement Ayrault irréprochable donc ? Et là, ça commence mal. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, condamné en 1997 à 6 mois de prison avec sursis pour favoritisme. Merci les camarades du PS pour cette peau de banane avant la nomination à Matignon. Oui, mais il n'y a pas eu enrichissement personnel. Ah bon, alors ça va dans ce cas. Pourquoi une condamnation dans ce cas ? Et la ministre de la Justice, Christiane Taubira, condamnée pour licenciement abusif d'une collaboratrice en 2004 ? Oups, on y avait pas pensé. Et Arnaud Montebourg, ministre du savoureux ministère du "redressement productif", condamné la semaine dernière pour injure envers les dirigeants de SeaFrance ? Oui, mais ce n'est pas bien grave. En somme, à moins d'avoir été condamné pour braquage ou détournement de fonds conséquent, la règle semble souple. Heureusement que la nouvelle ministre déléguée à la justice, Delphine Batho, quitte enfin le logement social qu'elle occupait à Paris, contre l'avis même de la municipalité socialiste. On aurait pu penser qu'il y avait des casseroles dans ce gouvernement. Ouf, nous sommes rassurés !

Oui, mais prenez le bilan de Hollande tout de même. N'est y pas formidable ? Angela Merkel a enfin accepté de le recevoir, et l'a même reçu comme un chef d'Etat. C'est bien la preuve qu'il a l'étoffe, non ? Lui même n'a-t-il pas d'ailleurs bravé la foudre qui s'est abattue sur son jet présidentielle ? Et au sommet de l'OTAN, et au G8 ? Pareil. Reçu en président. Quelle stature ! Sauf qu'il est président. Recevoir un président élu, quoiqu'on en pense, c'est quand même la moindre des choses. Il n'y a pas de quoi en tresser des lauriers. Oui, mais regardez comme il impose ses idées. Au sommet de l'OTAN, il a défendu le retrait des troupes françaises d’Afghanistan dès 2012. Et il l'a obtenu ! Sauf pour les formateurs qui resteront en 2013, ce qui était le plan initialement prévu. Mais il faut bien enjoliver un peu, non ? Et le G8 alors ? François Hollande a défendu et imposé l'idée qu'il fallait de la croissance. La grande idée. Qui donc a bien pu être contre ? D'ailleurs, la croissance était largement au menu des précédents G8. Rien de nouveau à Chicago. Mais il faut bien enjoliver un peu, non ? Le président s'adresse d'ailleurs à lui-même un satisfecit, estimant qu'en plaidant pour la croissance au G8, son mandat est déjà "honoré". C'est si simple la politique finalement. Ne manque plus que la signature du décret instaurant la croissance.

Et le sommet européen de Bruxelles la semaine dernière alors ? Exemplarité et efficacité, là c'est incontestable. Voyage aller en train et voyage retour en voiture, pour faire des économies. Sauf que le jet présidentiel suivait, au cas où, et que le passage du train a nécessité une sécurité hallucinante sur le parcours franco-belge. Economique vraiment ? Quant au retour nocturne en voiture, avec toujours le jet qui suit, il faisait plus penser à la femme de Laurent Fabius allant chercher son mari en conseil des ministres en 2CV dans les années 80. Un mauvais sketch. Enfin, François Hollande aura au moins imposé sa grande idée des eurobonds au reste de l'Europe. Oui, sauf que la moitié de l'Europe rejette les eurobonds, et que c'est précisément cette moitié qui doit les payer. De plus, on ne dit pas beaucoup que l'introduction des eurobonds est contraire aux traités européens. Y recourir nécessiterait de faire ratifier de nouveaux traités dans tous les pays de la zone euro, voire d'Europe. Autrement dit, le jour où les eurobonds seront mis sur le marché, la zone euro aura éclaté depuis longtemps...

Maintenant, si l'on regarde du côté de l'opposition, rien de bien réjouissant. La "droite la plus bête du monde" est de retour. Elle promet même d'être une cuvée exceptionnelle. Alors que les élections législatives s'annoncent perdue, celle-ci n'hésite pas déclencher sa guerre des chefs. Le match Fillon-Copé a commencé. Car, ce n'est pas la défaite qui est recherché aux législatives, mais bien la Bérézina. A quoi bon sauver quelques sièges de députés, puisque la bataille est perdue. Autant laisser Hollande se dépatouiller dans la crise. Il n'y aura plus qu'à se baisser en 2017 pour ramasser les morceaux. C'est ce que pensaient certains en 1981. On sait ce qu'il en est advenu...

Reste la palme à François Bayrou, qui se sera attaché, avec méthode, à disparaître du paysage politique. A force de n'être ni de gauche, ni de droite, il a fini par être nulle part. A force de se brouiller avec la droite, puis avec la gauche, il ne sera probablement pas réélu dans la circonscription de son Béarn natale. Chapeau l'artiste. 

Une président normale quoi...

A suivre...