La semaine dernière, le ministre de l'agriculture (et rédacteur du projet UMP pour 2012), Bruno Le Maire faisait la sortie suivante au cours d'une interview : "Nous sommes en guerre contre les marchés". Ajoutant que "certains ont décidé que l'euro serait fini dans quelques semaines". Sous les applaudissement nourris du porte parole du PS Benoit Hamon. François Hollande candidat "dit" de la "gauche responsable" n'aurait peut être pas osé.
Au même moment, c'est Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, qui proposait de suspendre temporairement la notation par les agences de certains pays en difficulté, car en proie à la spéculation.
Quant au président de la république, Nicolas Sarkozy, il n'est jamais en reste pour dénoncer les spéculateurs et fustiger les agences de notations, coupables de tous les maux.
La guerre est donc déclarée, nos Don Quichotte ont enfourché leur cheval pour débusquer leurs nouveaux moulins à vent, les spéculateurs en tout genre, les agences de notations coupables de mal noter, et de façon générale les marchés.
Comme trop souvent, les politiques se trompent sur la situation et se défaussent quant à leur responsabilités.
Se trompent d'abord parce qu'ils se sont eux même mis dans cette situation de vulnérabilité vis à vis de leurs créanciers et donc des marchés financiers. Nombre de pays européens sont dans une situation difficile à cause de leur endettement inconsidéré, par accumulation depuis des décennies de budgets déficitaires. Ceux ci finançant ainsi leur renoncement à des reformes structurelles, nécessaires mais peu payantes électoralement. L'investissement dans la formation des générations futures et dans les grands projets est ainsi sacrifié.
Nous souffrons donc doublement d'un déficit qui se creuse et d'une croissance au ralenti, entre autre par ce manque d'investissement public (mais aussi privé). Pas étonnant donc que les investisseurs ne se bousculent pas pour investir dans des pays ne proposant pas de perspectives vraiment réjouissantes. D'où la montée des taux d'intérêts. Mais que signifie donc vouloir faire la guerre aux marchés ? Ou vouloir les priver d'informations sur telle ou telle situation économique d'un pays ? Comme si en supprimant les agences de notation, il n'était plus possible d'en avoir ou de spéculer. Et comme si l'opacité était boostait l'investissement. Quel aveu de faiblesse !
Les politiques se défaussent ensuite. Benoit Hamon explique que ce sont les marchés qui demandent la réforme des retraites ou des coupes dans les budgets de la sécurité sociale. Bruno Le Maire déclare quant à lui que ce sont les marchés qui veulent la fin de l'euro. Les marchés ne demandent pas cela. Ils réagissent par rapport à la situation économique d'un pays, sa capacité à créer de la croissance et à rembourser ses prêts. Les politiques, laxistes et inefficaces depuis des décennies sur ces sujet commence lentement à réagir par quelques mesures, tout en précisant bien que ce sont les méchants marchés qui le demandent, et que ce n'est aucunement de bon coeur que cela est fait.
Remettre son pays dans le droit chemin, c'est prendre des mesures difficiles, c'est risquer de ne pas se faire réélire, c'est risquer de ne pas durer. Winston Churchill l'a payé électoralement, mais son nom est resté à la postérité, quand nombres de professionnels de la politique ont duré, sans jamais sortir de l'anonymat.
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