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lundi 7 mai 2012

Moi, président... je suis dans la merde maintenant

L'information avait filtré assez tôt hier après midi sur le site de la RTBF et sur les comptes twitter. Comme l'annonçait avec insistance les sondages, c'est donc bien le candidat socialiste, François Hollande, qui l'emporte face à Nicolas Sarkozy. L'homme, à la longue tirade "Moi, président..." lors du débat télévisé accède donc aux plus hautes fonctions de l'Etat, et ce, malgré une expérience gouvernementale inexistante. Qu'importe, le pays a majoritairement souhaité tourner la page Sarkozy. Mais, après la fête, c'est un peu la gueule de bois qui se prépare. Car le plus dur commence pour Hollande.

Il y a d'abord le score de la victoire. Si les sondages annonçaient encore la semaine dernière une victoire large, voire même un raz de marée pour le candidat socialiste, celle-ci n'a pas du tout eu lieu. C'est au contraire une courte victoire, l'une des plus courte de l'histoire des présidentielles : 51,6 % contre 48,4% à son adversaire. On aura beau dire que seule la victoire compte et observer que c'est presque le score de François Mitterrand en 1981, il y a surement un peu de déception dans le camp socialiste. Car la traduction de ce score, c'est qu'il n'y a pas un vote d'adhésion pour François Hollande, et encore moins pour la gauche. Plutôt qu'un chèque en blanc au futur président socialiste, les français ont choisi, à une courte majorité, de faire payer la crise, mais aussi son comportement, au président sortant. Le premier tour avait démontré, dans les rapports de force, que la France n'était pas en majorité à gauche. Malgré le soutien de la quasi totalité des candidats du premier tour, le socialiste ne peut pas encore s'appuyer sur un soutien total pour mettre en oeuvre sa politique. Rendez-vous aux législatives pour confirmer donc.

Ensuite, après la fête, après la Bastille, après la nuit d'ivresse, les premiers déçus ne vont pas tarder à s'afficher. Car le Parti Socialiste n'a plus été au pouvoir depuis 10 ans. 10 ans, que les jeunes loups du parti rongent leurs freins, 10 ans que les vieux briscards espèrent un retour ministériel. François Hollande a su utiliser les troupes socialistes pour sa campagne électorale à l'aide d'un organigramme pléthorique, constitué de porte-paroles et conseillers en toutes choses. Mais gouverner c'est choisir, et choisir c'est renoncer. A la constitution du gouvernement, il y aura donc des déçus. D'autant plus que le candidat veut s'imposer la parité, et doit faire place nette pour ses turbulents alliés d'Europe Ecologie Les Verts et du Front de Gauche. Qui s'ajoute aux contraintes internes que s'impose le parti, à savoir les courants, les partisans de Aubry, ceux de Montebourg, et même les radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet, l'homme au 0,62% lors des primaires socialistes...

Mais le plus difficile sera sans conteste l'orientation politique du futur gouvernement. Car François Hollande entend agir vite et gouverner par décrets dans les semaines qui viennent. En attendant une assemblée nationale qui, selon toute vraisemblance, devrait apporter une majorité à la gauche. Pour les décrets, le nouveau président de la république prévoit l'augmentation de 25% de l'allocation de rentrée scolaire, la retraite à 60 ans pour les carrières longues, ou encore le plafonnement des tarifs de l'eau et de l'électricité. De quoi rassurer les partenaires européens et les marchés financiers ? Pas vraiment non. La bourse de Paris a ouvert à la baisse ce matin, poursuivant une baisse déjà largement anticipé depuis plusieurs semaines. Les taux d'OAT à 10 ans ne sont pas encore attaqués, mais le spread avec l'Allemagne a, aujourd'hui, un peu augmenté.

Car déjà, le ciel rose de la victoire socialiste s'assombrit. Angela Merkel a, dès aujourd'hui, rappelé son opposition à la renégociation du pacte budgétaire européen, signé par 25 pays sur 27, dont la France. Elle réaffirme par ailleurs son opposition à la croissance par la relance et le déficit, et veut continuer de privilégier les réformes structurelles. Le candidat socialiste, qui s'est fait fort d'aller expliquer aux allemands la bonne marche à suivre, risque donc de se heurter très rapidement à un mur. D'autant qu'il ne pourra guère non plus compter sur le soutien de la Grande Bretagne, de l'Italie ou de l'Espagne, tous engagés dans de vigoureuses politiques d'assainissement des finances publiques. Le nouvel élan que croit voir François Hollande n’entraîne guère derrière lui que la Grèce, en plein chaos suite à ses élections législatives de dimanche. Pas de quoi bouleverser la donne. 

Dans ce contexte, le président Hollande risque dans les semaines et mois qui viennent de se retrouver isolé sur le plan européen dans sa volonté de creuser un peu plus encore le déficit pour une énième relance sans effet. Car pour Hollande, la croissance passe forcément par l'Etat et le déficit public, pas par l'activité des entreprises. C'est là, son erreur majeur, et elle risque de coûter très cher. Mais le plus probable, c'est que la France va petit à petit rentrer dans le rang et prendre à son tour de le chemin de la rigueur, scénario inévitable que connaissent tous les pays actuellement.

Et là, politiquement, le candidat de la relance de mai 2012 va se retrouver contredit par le président de la fin 2012, obligé de faire machine arrière, et d'assumer une politique contraire à celle pour laquelle il a été élu et, qui plus est, foncièrement contraire à tous les préceptes économiques de la gauche. Les soutiens du Front de Gauche et d'EELV prendront surement la poudre d'escampette, de même que l'aile gauche du PS, et nombre d'électeurs de gauche, qui risquent de se sentir floués dans cette histoire. En espérant que l'on échappera à un scénario à la grecque, avec un Papendréou subissant la défection de ces troupes face au plan de rigueur à voter. Pour les nostalgiques de 1981, on pourra leur rappeler qu'après 1981, il y a eu la rigueur de 1982. Sauf que cette fois-ci, le défaut de paiement n'est plus très loin...

Pour François Hollande, les emmerdements, c'est maintenant...

mercredi 23 novembre 2011

Les Don Quichotte contre les marchés

La semaine dernière, le ministre de l'agriculture (et rédacteur du projet UMP pour 2012), Bruno Le Maire faisait la sortie suivante au cours d'une interview : "Nous sommes en guerre contre les marchés". Ajoutant que "certains ont décidé que l'euro serait fini dans quelques semaines". Sous les applaudissement nourris du porte parole du PS Benoit Hamon. François Hollande candidat "dit" de la "gauche responsable" n'aurait peut être pas osé. 

Au même moment, c'est Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, qui proposait de suspendre temporairement la notation par les agences de certains pays en difficulté, car en proie à la spéculation. 

Quant au président de la république, Nicolas Sarkozy, il n'est jamais en reste pour dénoncer les spéculateurs et fustiger les agences de notations, coupables de tous les maux.

La guerre est donc déclarée, nos Don Quichotte ont enfourché leur cheval pour débusquer leurs nouveaux moulins à vent, les spéculateurs en tout genre, les agences de notations coupables de mal noter, et de façon générale les marchés.

Comme trop souvent, les politiques se trompent sur la situation et se défaussent quant à leur responsabilités. 

Se trompent d'abord parce qu'ils se sont eux même mis dans cette situation de vulnérabilité vis à vis de leurs créanciers et donc des marchés financiers. Nombre de pays européens sont dans une situation difficile à cause de leur endettement inconsidéré, par accumulation depuis des décennies de budgets déficitaires. Ceux ci finançant ainsi leur renoncement à des reformes structurelles, nécessaires mais peu payantes électoralement. L'investissement dans la formation des générations futures et dans les grands projets est ainsi sacrifié. 
Nous souffrons donc doublement d'un déficit qui se creuse et d'une croissance au ralenti, entre autre par ce  manque d'investissement public (mais aussi privé). Pas étonnant donc que les investisseurs ne se bousculent pas pour investir dans des pays ne proposant pas de perspectives vraiment réjouissantes. D'où la montée des taux d'intérêts. Mais que signifie donc vouloir faire la guerre aux marchés ? Ou vouloir les priver d'informations sur telle ou telle situation économique d'un pays ? Comme si en supprimant les agences de notation, il n'était plus possible d'en avoir ou de spéculer. Et comme si l'opacité était boostait l'investissement. Quel aveu de faiblesse !

Les politiques se défaussent ensuite. Benoit Hamon explique que ce sont les marchés qui demandent la réforme des retraites ou des coupes dans les budgets de la sécurité sociale. Bruno Le Maire déclare quant à lui que ce sont les marchés qui veulent la fin de l'euro. Les marchés ne demandent pas cela. Ils réagissent par rapport à la situation économique d'un pays, sa capacité à créer de la croissance et à rembourser ses prêts. Les politiques, laxistes et inefficaces depuis des décennies sur ces sujet commence lentement à réagir par quelques mesures, tout en précisant bien que ce sont les méchants marchés qui le demandent, et que ce n'est aucunement de bon coeur que cela est fait.

Remettre son pays dans le droit chemin, c'est prendre des mesures difficiles, c'est risquer de ne pas se faire réélire, c'est risquer de ne pas durer. Winston Churchill l'a payé électoralement, mais son nom est resté à la postérité, quand nombres de professionnels de la politique ont duré, sans jamais sortir de l'anonymat.

jeudi 17 novembre 2011

La zone euro a éclaté

Doucement mais assez surement, la zone euro se fissure bel et bien. L’homogénéité monétaire qu'apportait l'euro est supplantée par la réalité des marchés financiers et la confiance des investisseurs qui font clairement des distinctions entre les pays.

Hier, la Grèce affichait des taux sur les emprunts à 10 ans atteignant le chiffre hallucinant de plus de 25%. Sous perfusion, virtuellement en faillite, sa sortie de l'euro est étudiée par les experts Allemands.

Se dessine ensuite un groupe qui voit ses taux s'envoler inexorablement. Ce sont les pays de l'Europe du Sud ou pays du "Club Med" comme le murmurent certains dirigeants des pays du Nord de l'Europe. Nous avons tout d'abord Le Portugal durement noté par les marchés à des taux de 10,5% et qui vient d'annoncer un plan de rigueur particulièrement sévère.

Ensuite l'Italie et l'Espagne qui passe maintenant la barre des 7%. Dans le cas de l'Italie, une crise de la dette s'est conjuguée avec une crise de confiance du pouvoir en place de Silvio Berlusconi. La nomination de Mario Monti n'a cependant pas encore inversé la tendance et il faudra surveiller attentivement les annonces de ce gouvernement de techniciens, chargé de faire le sale boulot et qui n'a pas d'élections à perdre. Plan de rigueur en perspective.

L'Espagne s'est enfoncée dans la crise depuis plus longtemps, avec sa crise immobilière qui a fait naître de nouvelles villes fantômes et quantité de programmes et de logement ne trouvant pas preneur. José Luis Zapatero est sur le départ et n'a plus les moyens d'agir. Il sera vraisemblablement remplacé par le candidat du Parti Populaire Mariano Rajoy qui promet déjà en cas de victoire un gouvernement de techniciens et d'ouverture. Avec inévitablement un plan de rigueur à la clé. Vers le modèle des nouveaux gouvernements grecques et Italiens donc. 

De l'autre côté, se dessine le groupe des pays qui voient ses taux relativement stables, voire même baisser.
Ce groupe des pays du nord, est emmené par l'Allemagne. Avec des taux d'emprunts sur 10 ans à 1,77%, l'Allemagne bénéficie d'un effet qualité qui voient affluer des investisseurs déboussolés. On note dans cette situation le mimétisme classique des marchés. L'écart se creusant entre les pays du nord et du sud étant amplifié par rapport à la réalité. Ce groupe comprend également l'Autriche, les Pays Bas, la Finlande et le Luxembourg. Pays jugés sûrs, avec des déficits modérés et une croissance relativement élevée. Et donc solidement accrochés à leur AAA.

Et la France dans tout ça ?
Avec des taux actuels avoisinant désormais 3,75%, celle-ci est poussée chaque jour un peu plus en Europe du sud, sans pour autant atteindre des niveau d'intérêts aussi catastrophiques. Pour la France, l'Histoire hésite donc encore. Mais un électrochoc des dirigeants français est désormais impératifs pour enrayer cette descente aux enfers. Avant les élections présidentielles et législatives approchant, c'est peu probable, sauf si la réalité l'impose avant.