Depuis quelques années déjà, au Japon, environ 10% de la population utilise la nouvelle technologie dite "sans contact mobile". Pour cela, les utilisateurs se sont équipés de smartphones supportant la technologie FeliCa, lancée par Sony, et se présentant sous forme d'une puce intégrée de type RFID (Radio Frequency Identification). Cette petite puce a changé le quotidien de millions de Japonais pour certaines de leurs tâches de la vie quotidienne par détection de l'appareil à très courte distance. Notamment en ce qui concerne les opérations de paiement. Cependant, FeliCa étant un format très propriétaire, cette technologie n'a pas franchi les portes du pays.
Depuis le 21 mai 2010, la ville de Nice expérimente un projet de mise en place des opérations de paiements de proximité aux moyens de terminaux mobiles (Smartphones). L'utilisation de la technologie sans contact mobile à courte distance était déjà connu depuis quelques années dans les transports en commun avec par exemple le pass navigo en Ile de France. Mais cette fois-ci, nous allons plus loin puisque ce sont un certain nombre d'opérations de la vie quotidienne qui sont bouleversées, telles que payer les commerçants où cumuler des points fidélité. Pour cette expérimentation, les 4 principaux opérateurs français de la téléphonie mobile se sont associés : Orange, SFR, Bouygues et NRJ mobile. Le nom du projet : Citysi.
Mais quelle technologie se cache derrière tout ça ? Une petite puce appelé NFC, pour Near Field Communication, autrement dit communication en champ proche. Elle est très semblable à sa cousine japonaise, c'est à dire basée sur la RFID, mais respectant la norme ISO internationale. L'échange d'information devant se faire volontairement, la distance maximum entre les deux appareils dotés de cette technologie est de moins de 10 cm. La gamme de fréquence des échanges hautes (13,56 MHz). L'objectif à terme est d'intégrer la puce NFC dans la carte SIM.
En Janvier 2011, le ministre de l'industrie, Eric Besson, a annoncé une extension de l'expérimentation à 9 grandes villes françaises, candidates pour y prendre part : Bordeaux, Caen, Lille, Marseille, Nice, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse. Le projet prend un peu de retard notamment par l'offre encore limitée des constructeurs (RIM, Samsung, HTC...) en Smartphones à puce ou carte SIM de type NFC intégré. Néanmoins, dans les prochaines semaines, Caen, Strasbourg et Marseille vont se lancer à leur tour dans l'expérimentation.
On se souvient, depuis quelques années, du relatif échec de la mise en place du portefeuille électronique lancé en France par Moneo. La nécessité de mise en place d'infrastructures de paiement physiques a largement freiné son développement, qui s'est surtout limité à certains parcmètres et aux campus des universités (Cantine, distributeurs...). Avec la puce NFC, on évite cet écueil, avec un réseau mobile déjà en place et accessible partout. Il est évident que le smartphone devient aussi le porte monnaie de chacun. On s'oriente donc vers un mobile multi-tâches à service unique .
La mise en place de cette nouvelle technologie pour gérer notre vie quotidienne va devoir passer par des partenariats entre les opérateurs mobiles et les acteurs du monde financiers et de la banque. Ce type d'association qui, il y a encore peu, aurait pu nous paraitre insolite est pourtant en train de voir le jour. Ainsi depuis quelques semaines, un partenariat s'est conclu entre la banque BNP Paribas et l'opérateur mobile Orange. D'ici peu, c'est à la banque que l'on pourra se voir proposer des offres de Smartphones.
En Septembre dernier, un acteur majeur du high tech est rentré dans le jeu. En effet, Google vient de lancer sa Google wallet. Cette plateforme est basée sur la mise en place de la technologie NFC sur tous les Smartphone d'OS (Operating System) Android de la prochaine génération (Fabriqués par les constructeurs Samsung, HTC...). Grâce à cette plateforme l'utilisateur aura la possibilité d’accéder aux services de la vie quotidienne. Le champ d'application est presque sans fin. Outre l'accès aux transports en commun ou les opérations de paiement, auparavant cités, on peut imaginer des applications dans les services de proximités et administratifs, les billetteries des spectacles, l'échange de contacts ou le transfert de photos d'un téléphone à l'autre quasi instantanément, ou encore l'accès aux services de Vélib ou AutoLib... Google wallet va devenir une des priorités de la firme de Mountain View dans les mois qui viennent. Avec, en ligne de mire, les Jeux Olympiques de Londres de l'été 2012, vitrine mondiale pour démontrer sa technologie. Pour cela, la firme californienne est prête à investir beaucoup pour aider les commerçants à s'équiper en système de réception de paiement avec technologie NFC.
La firme à la pomme, Apple, est pour l'instant en retard sur ce sujet, et n'a pas manifesté une implication forte pour le sujet. Mais, elle annonce tout de même que l'Iphone 5 sera compatible pour faire du paiement en ligne. Seul problème pour Apple, la stratégie orientée très propriétaire se voit contrariée par ces opérations de paiements demandant une importante ouverture sur l'extérieur. Mais nous pouvons raisonnablement penser que cet excellent suiveur saura imaginer en temps voulu la bonne parade ou la bonne application pour sa plateforme Itunes.
Un acteur historique sur ce marché tente aussi de faire de la résistance : Pay Pal, la filiale de Ebay. La firme spécialisée dans le paiement en ligne sécurisé et dématérialisé prépare sa propre plateforme pour concurrencer google wallet. Mais elle ne veut pas entendre parler, pour l'instant, de la technologie NFC.
Mais, on voit déjà poindre de l’inquiétude chez les pas encore mais futurs utilisateurs de cette technologie : Nos paiements seront désormais tracés par google. Gare au Big Brother Google qui, avec Google search sait ce que vous cherchez, avec google map où vous êtes, et saura aussi demain avec Google wallet ce que vous achetez. Gare aussi à la tentation de l'achat facile en un click, l'argent liquide étant jugé plus responsabilisant. Enfin, certains pointent les problèmes de sécurité pour ces paiements en ligne. Toutes ces critiques sont sans doute légitimes, mais on pouvait déjà faire les mêmes avec la carte bleue, en usage depuis 30 ans, où le paiement sur internet depuis 15 ans. La seule crainte que l'on peut imaginer est la hausse de vols des Smartphones, devenant de véritables petits trésors. Mais là encore, des mécanismes de sécurités sont assez facile à mettre en place.
Une question subsiste. Comment se cachera l'argent sale électronique ? Des comptes électroniques offshores ?
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