Affichage des articles dont le libellé est Accord PS-EELV. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Accord PS-EELV. Afficher tous les articles

mercredi 14 décembre 2011

Un candidat pas concerné

Martine Aubry nous l'avait bien martelé il y a quelques mois pendant la campagne des primaires socialistes. Le projet socialiste, et notamment ses 20 propositions phares, c'était le socle commun de tous les candidats socialistes de la primaire. Projet qui a été le fruit du travail des cadres du parti et ensuite validé par les militants. Ainsi, que ce soit François Hollande, Arnaud Montebourg, Ségolène Royal, Manuel Valls ou bien elle-même, tous s'engageaient, en cas de victoire, à piocher largement voire intégralement dans le projet du parti pour bâtir leur futur programme. Seul Jean-Michel Baylet, qui n'est pas socialiste mais président du Parti Radical de Gauche (PRG), déclarait s'en affranchir car jugé irréaliste. Sympa pour les copains.
Les primaires sont à peine achevées que le grand vainqueur, François Hollande est déjà sous le feu des critiques de ses adversaires de droite à propos de son futur programme. En effet, à charge désormais pour François Hollande d'assumer et d'incarner les 300 000 emplois d'avenirs, sorte de nouveaux emplois jeunes de jadis Martine Aubry, ou encore un retour programmé de la retraite à 60 ans, peu opportun en période de disette dans les finances publiques. Le projet socialiste devient très vite un boulet pour le candidat Hollande qui s'empresse peu à peu de s'en défaire par la voix de ses principaux lieutenants, Michel Sapin ou Pierre Moscovici. Ainsi nous expliquent-t-ils que le futur programme sera très différent du projet, qu'entre temps il y a la crise économique, et que donc il faut revoir sa copie. Ce sont les militants et les électeurs des primaires qui peuvent être content. Le socle programmatique de la primaire est déjà caduque. 

Le projet socialiste ? Le candidat Hollande n'est pas concerné.

Quelques jours plus tard, le parti socialiste négocie avec ses partenaires d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) un accord en vue des élections législatives de 2012 qui vont suivre la présidentielle. Avec surtout à l'esprit les tractations sur le partage des circonscriptions. François Hollande, candidat qui doit prendre de la hauteur, se désintéresse de cet accord pour se concentrer sur sa campagne. Et, c'est à tort qu'il laisse Martine Aubry et ses amis négocier avec les écolos. Bilan, la plupart des proches du député de Corrèze sont évincés au profit de ceux de la première secrétaire. Mais pire, celle-ci négocie la fermeture de centrales nucléaires et l'arrêt de la filière MOX. Vif inquiétude dans le monde l'industrie, notamment EDF et AREVA. François Hollande est de nouveau dans l'embarras et se fait rappeler à l'ordre par ces groupes industriels.
En contradiction avec son parti, il déclare simplement ne part se sentir engagé par l'accord Verts-PS. Eva Joly, la candidate écologiste, non plus d'ailleurs.

L'accord législatif Verts-PS ? Le candidat Hollande n'est pas concerné.

Il y a 10 jours, éclate l'affaire de la fédération PS du Pas de Calais. Le chevalier blanc du parti, Arnaud Montebourg, après avoir batailler dans le sud contre le baron PS des bouches du Rhône, Jean Noël Guérini, part cette fois ci donner l'assaut dans le nord. Visé, le député-maire de Liévin et proche de François Hollande, Jean-Pierre Kucheida. Les faits reprochés : enquête en cours sur un système de financement occulte du parti socialiste du Pas de Calais et des emplois fictifs. A cela s'ajoute le rapport très critique de la chambre régionale des comptes sur la gestion de l'Epinorpa, organisme de gestion de logements. Enfin des soupçons de corruption et de versement de rétro-commissions planent sur l'élu PS suite aux accusations de Gérard Dalongeville, ex-maire PS d'Hénin Beaumont, et lui même incarcéré pour des détournements de fonds publics. 
Le candidat socialiste laisse la première secrétaire s'occuper de l'affaire. C'est une histoire interne explique-t-on du côté des proches de François Hollande. Et, bien qu'ayant été premier secrétaire du parti pendant 11 ans, il ne se sent pas concerné par cette affaire. Otez moi d'un doute, François Hollande n'est-il pas le candidat représentant ce même parti ? N'a t-il donc aucun intérêt pour ce qui s'y passe, notamment dans les fédérations ?

Le fonctionnement des fédérations du parti socialiste ? Le candidat Hollande n'est pas concerné.

Enfin, lundi dernier, le candidat socialiste est interrogé par Jean-Michel Apathie sur RTL à propos de l'accord Européen signé la semaine dernière à Bruxelles par 26 pays. Celui-ci déclare qu'il ne peut accepter cet accord en l'état, notamment parce que selon lui la discipline budgétaire n'est pas la bonne réponse. Il soutient donc qu'une fois élu président, il le renégociera pour y ajouter ce qui manque, notamment le soutien à la croissance. 
Il va sans dire que même s'il a parfaitement le droit de le faire, on peut fortement douter de la capacité de François Hollande à aller tout seul renégocier cet accord dans 6 mois face à tous les pays européens, l'Allemagne en tête. Mais le candidat commet sans doute là une faute majeure. L'Europe est un héritage commun de la gauche et de la droite, et en ces périodes de crises et d'incertitudes, l'unité doit primer. Une telle parole venant d'un possible futur président ne peut que jeter un peu plus le trouble sur l'économie et les marchés financiers alors qu'il y a urgence à sauver la zone euro.

L'accord européen ? Le candidat Hollande n'est pas concerné.

Mais ne lui dite pas qu'il y a une élection présidentielle l'année prochaine, il pourrait se sentir concerné.

vendredi 18 novembre 2011

Accords et désaccords

Ce titre de film de Woody Allen, m'est venu en tête en regardant le parti socialiste et les Verts s’entrent déchirer ces jours-ci, balançant entre accords et désaccords.

Le film de Woody Allen mettait en scène l'excellent Sean Penn, campant le personnage imaginaire de Emmet Ray, soit disant deuxième meilleur guitariste de jazz au monde derrière l’indétrônable Django Reinhardt qu'il adule lui même.

La tentative de conciliation des verts et du PS est moins féerique mais n'est finalement que succession d'accords et désaccords.

Désaccords en grande partie sur le fond : la politique nucléaire de la France, le programme MOX de retraitement des déchets d'AREVA, la construction du futur aéroport de Nantes. La candidate des verts Eva Joly, idéaliste respectable quoi qu'on pense de ses idées, mais jusqu'au boutiste peu pragmatique préférant n'avoir aucun député que de céder d'un pouce sur le fond du dossier.

Accord sur les candidatures aux législatives : 60 circonscriptions laissées par le PS aux verts. Dont 30 gagnables en cas de victoire de la gauche en 2012, et 15 si elle perd. De quoi sauver un groupe écologiste à l'assemblée nationale. 

Désaccord qui fait désordres des maires de Paris et Lyon sur ces circonscriptions données aux verts sans leur avis, et où ils pensaient pousser leurs protégés. 

Désaccord sur le problème du programme MOX. François Hollande assure son maintien pendant que Cécile Duflot affirme avoir confiance dans la parole donnée du candidat socialiste pour le supprimer. Était-il ensemble à la même table de négociation ?

Accord finalement des deux protagonistes. MOX est sauvé. Ouf. Les apparences un peu moins cependant. Quid de la parole donnée de François Hollande ?

Désaccord de l'inflexible candidate des verts qui préfère se mettre en retrait de la campagne et de ce marchandage électorale. Ne devra-t-elle pas pourtant assumer le programme qu'à négocier la direction de son parti ?

Accord en tout cas de tout ce petit monde pour gagner en 2012 et que l'adversaire, le seul, l'unique est Nicolas Sarkozy.

Ce feuilleton qui aura émaillé la semaine sera vite oublié car la campagne n'est pas encore commencée. Elle démontre néanmoins quelques turbulences chez le candidat socialiste qui peine à imposer son leadership à gauche. Il n'est pour l'instant guère servi par ses partenaires qui entre autres amabilités le traite de "capitaine de pédalo" (Mélenchon) ou dise qu'il se "ségolènise" (Cohn Bendit). Des attaques mal venues et qui ne manqueront pas d'être reprises par ces adversaires. 

Sur le fond enfin, la gestion du dossier nucléaire laisse quelques doutes quant à la compétence réelle des décideurs des projets socialistes et verts, capables de faire machine arrière sur un simple coup de fil d'AREVA. Le sujet nucléaire n'est pas enterré, et les stratèges Élyséens sauront sans doute l'utiliser à bon escient dans quelques mois, même si la campagne électorale ne se jouera pas sur ce sujet.