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mardi 29 novembre 2011

Hollande patine et joue déjà le second tour

La victoire de François Hollande à la primaire socialiste du 16 octobre dernier semble déjà très loin. Elle parait vieille la photo de famille ou celui-ci apparaissait triomphant en réconciliateur de la famille socialiste, entouré de tous ses ex-concurrents désormais à ses côtés. Aujourd'hui, le candidat socialiste patine et quelques doutes commencent à apparaître dans son propre camp.

Il est tout d'abord victime du calendrier des primaires. Initialement, Hollande souhaitait que le calendrier soit avancé au printemps, principalement pour empêcher DSK d'être candidat. Ce dernier préconisait plutôt une course au primaire pour la fin de l'année, après le G20 auquel il aurait dû participer. Dans une synthèse dont Hollande aurait pu être l'instigateur, Martine Aubry a tranché pour octobre. Ce qui laisse finalement François Hollande trois mois seul, sous le feu des médias et des critiques de la droite pendant que Sarkozy se fait discret médiatiquement. Le président et futur candidat de l'UMP attend son heure à l'Elysée et tentera d’apparaître en homme neuf en Janvier ou Février. Le pari est osé et risqué mais c'est une de ces dernières cartes de toute façon. A droite on table ainsi sur une saturation de l'opinion envers François Hollande, trop seul et trop exposé. L'année prochaine, il aura perdu de son capital nouveauté.

Il est ensuite victime de lui-même et de quelques faux pas. Le candidat socialiste avait promis après sa victoire une diète médiatique. Mais finalement, il continue d’apparaître dans les médias et ne fait que nourrir le feu des critiques de ses adversaires au lieu de se faire oublier. Il devait voyager, pour prendre de la hauteur, et rencontrer de grands dirigeants politiques. Mais son seul voyage notable est sa rencontre avec Zapatero, le premier ministre espagnol qui quitte le pouvoir et dont la cote de popularité est calamiteuse. Pour gérer cette période, aurait dû voyager beaucoup et parler peu. En disciple de Mitterrand, il devrait connaitre la recette de Jacques Pilhan. Ajouter à cela quelques faux pas comme ces visites à contretemps par rapport à l'actualité (Salon du livre de Tulle pendant le G20) ou ses visites sans objectifs précis. Gare à la ségolènisation.

Il est aussi victime de Martine Aubry et de la direction du PS. Les plaies de la primaire ne sont pas refermées, et il y a clairement deux camps qui subsistent. La réconciliation tarde et se serait faite beaucoup plus rapidement si la primaire avait été plus rapprochée de l'élection au lieu de laisser place aux états d'âmes. Le candidat socialiste a également fait une grosse erreur en laissant Martine Aubry et son équipe négocier l'accord législatif avec les Verts. Il s'est retrouvé avec un accord empoisonné, sur lequel il était durement attaqué par ses adversaires, alors qu'il ne l'avait même pas signé ni approuvé. Pour couronner le tout, l'accord fait la part belle aux Aubrystes aux détriments des soutiens du candidat pour les investitures dans les circonscriptions. Cette situation alimente les interrogations sur son absence de leadership. 

Enfin, François Hollande donne l'impression de jouer le second tour, voire même d'avoir déjà gagné l'élection. Et ça, ça peut avoir un impact catastrophique sur les nombreux électeurs indécis qui n'aiment pas que l'on décide à leur place ou connaitre à l'avance le nom du vainqueur. Le député de Corrèze doit impérativement rassembler sur son nom un électorat de premier tour sur quelques axes de campagne forts et clairs (emploi, éducation...). Or pour l'instant Hollande se balladurise prenant le moins de risque possible pour ne froisser personne avec ses propositions. Sauf que le moment venu, les électeurs voteront sur quelques idées fortes. C'est ce qui a fait le succès en 2007 de Nicolas Sarkozy qui autour de deux axes de campagne principalement (Travailler plus pour gagner plus et l'identité nationale) a su capter à lui une majorité des votes des catégories populaires, de gauche et de droite, lui donnant un socle de plus de 30%, assurant sa victoire au deuxième tour. Or, on voit ces derniers jours un François Hollande se dépêtrer sur ses alliances avec les Verts ou encore tendre la main à François Bayrou pour rentrer dans le futur gouvernement. Au lieu de négocier dans l'entre deux tours, en position de force avec un bon résultat de premier tour, il donne l'impression de négocier 6 mois avant une victoire loin d'être acquise, qui plus est avec des partenaires peu fiables. "Mon projet n'est pas socialiste" disait Lionel Jospin en 2002 qui avait également renoncé à disputer le premier tour. On sait ce qu'il en est advenu...

jeudi 24 novembre 2011

Du bon usage de la primaire

Il y a quelques semaines, s'achevait en fanfare la primaire "ouverte" socialiste pour designer le candidat à l'élection présidentielle. Nous avons frôler parfois la saturation médiatique, tant les médias ont cette capacité à se polariser sur un sujet. En oubliant souvent le reste de l'actualité. Fâcheux dans un contexte de crise.

Néanmoins, en mobilisant 2,5 millions de Français, on ne peut guère contester que cette opération fut un succès pour ses organisateurs et a rempli son rôle : trouver un candidat à un PS en manque de leadership et sans candidat naturel. Bien élu (à 56%), sans pour autant humilier son adversaire Martine Aubry, François Hollande paraissait mis sur orbite pour les élections présidentielles.

Le succès de ces primaires "ouverte" poussa certains à s'en attribuer la paternité : Terra Nova, le Think Thank proche du parti socialiste, Ségolène Royal avec sa démocratie participative, Arnaud Montebourg qui ne jure que par les primaires et la 6ème république depuis son plus jeune âge. Même le valeureux Jean-Michel Baylet (0,64%) ne manqua pas de signaler que lui et le PRG avaient été les premiers à la demander. Martine Aubry pouvait revendiquer qu'elle l'avait décidée quand personne n'en voulait. Et François Hollande qu'il l'avait gagnée. Même à droite, François Fillon admettait qu'il serait nécessaire d'en faire en 2017. Jean-François Copé, plus difficilement, l'admettait également.

Je ne trancherai pas sur la paternité. La primaire est en vigueur depuis une éternité aux Etats Unis au sein des partis Démocrate et Républicain. Et en France, on se souvient que le RPR Charles Pasqua poussait déjà l'idée en 1986...

Pour Terra Nova, le bilan n'est, ni plus ni moins, qu'un "coup d'essai et coup de maître". Elle ambitionne désormais de promouvoir des primaires à tous les échelons (locaux et nationaux). Le parti socialiste n'est pas en reste sur le succès de ces primaires qui a fait émerger selon elle une "dream team", en toute modestie. Les éditorialistes et commentateurs politiques saluent tous dans un même élan, ce grand et bel exercice de démocratie, dans un enthousiasme parfois un peu béat.

Et voilà que nous apprenons cette semaine que Ségolène Royal, déjà parachutée pour les législatives 2012 dans la circonscription de la Rochelle va être exemptée de primaire. Au détriment des élus socialistes locaux. Plusieurs semaines d'intense catéchisme sur le bienfait démocratique des primaires, que plus rien ne sera jamais comme avant, que la désignation des candidats ne se fera plus jamais dans un bureau d'apparatchik de parti. Et voilà que les nominations venues d'en haut, les passes droits pour certains, reprennent le dessus quelques semaines plus tard. Au nom des intérêts supérieurs du parti se défend-t-on comme on peut au PS. Les 7% de Ségolène Royal le valent bien. Les militants PS locaux de la Rochelle apprécieront.

François Hollande, lui, voit sa cote dégringoler ces derniers jours. Au point de voir fondre quasiment tout l'effet primaire engrangé pendant des semaines. Celles-ci devaient être une rampe de lancement pour susciter l'engouement autour du candidat. C'est plutôt raté. L'effet primaire n'a pas duré. Mais il y a plus grave. En organisant une élection 7 mois avant la vrai, le PS a suscité un engouement pour l'homme, le héros, du moment. Comme c'est le propre de chaque élection. Mais le propre de chaque élection est aussi, quelques mois après, de détester ce qu'on avait adoré. C'est la déception. François Hollande est donc en train d'aborder l'élection dans une pente descendante, quand le candidat Sarkozy sortira du bois au dernier moment, suscitant peut être cet engouement propre au vainqueur au moment de l'élection. Il ne faut pas se tromper d'élection et déboussoler les électeurs.

La primaire n'est enfin pas l'assurance de choisir le bon candidat. Celle d'Europe écologie les verts en est l'exemple. Les militants et sympathisants verts ont préféré se porter vers l'écolo-orthodoxe Eva Joly plutôt que sur le médiatique Nicolas Hulot. Le risque de la primaire est de voter pour son candidat préfèré plutôt que sur celui que préféreront l'ensemble des électeurs. Bilan, la candidate écolo dérape, devient incontrôlable, et ne décolle pas dans les sondages. On peut raisonnablement douter qu'elle soit encore présente dans la campagne en Avril prochain.  Les verts sont d'autant moins pardonnables qu'ils sont récidivistes en la matière. Se souviens-t-on qu'en 2002, le choix des militants s'était porté vers Alain Lipietz, aux déclarations hasardeuses, notamment sur l'amnistie des nationalistes Corses. Remplacé au pied levé par Noël Mamère, plus fin politique.

Du bon usage de la primaire...