Un sondage, réalisé par l'Ifop, en ce début de mois de janvier le traduit : François Hollande recule encore. Il est toujours positionné en tête au premier tour, mais avec désormais à 28% d'intention de vote, en baisse de 2 points. Son principal adversaire, Nicolas Sarkozy, le talonne désormais à 26%. Au second tour, l'écart est encore net, mais, là encore, se resserre : c'est désormais du 54/46, contre encore 56/44 voir même 58/42 il y a seulement quelques jours.
Ce n'est, bien entendu, qu'un sondage, et l'expérience a montré, par le passé, qu'ils se sont largement trompés. Néanmoins, pour le socialiste, même si un ajustement "mécanique" était à prévoir, la chute est vertigineuse. On était à 63/37 au lendemain de la primaire d'octobre, à 60/40 en novembre, et 58/42 en décembre. La trêve des confiseurs et les discussions pendant les repas de famille des fêtes de noël n'ont pas engendré d'engouement envers le candidat socialiste, devant pourtant susciter et l'espoir de changement pour les électeurs de gauche et les déçus de Sarkozy.
A la vérité, si ces tendances se confirment, les courbes pourrait commencer à s'inverser en février/mars si le candidat Hollande ne réagit pas davantage. On sait que cette période est souvent décisive sur la cristallisation des votes et donne généralement le résultat final. Pour avoir mal négligé cette période, nombre de favoris, ont fini au cimetière des candidats vaincus à l'élection présidentielle. On pense notamment à Edouard Balladur en 1995, tétanisé par son avance confortable et qui fut incapable de prendre le moindre risque. Ou encore Lionel Jospin en 2002, qui en quelques semaines, ternit son image par une remarque maladroite sur un Chirac "vieux, usé et fatigué", et avouant sa naïveté sur les questions de l'insécurité. Dans les deux cas ça n'a pas pardonné. La surprise au soir du premier tour fut amer.
François Hollande doit prendre garde et méditer ces exemples, s'il ne veut pas connaitre le même sort. D'abord il se balladurise. Grandissisme favori d'après les sondages et de l'avis de l'ensemble des observateurs politique, personne ne le voit perdre. Du coup le candidat du parti socialiste préfère prendre le moins de risque possible pour ne pas attiser le feu nourrit de ses adversaires. Cela l'évite aussi de trancher sur tous les sujets qui l'on parfois mit en difficulté pendant les primaires : le nucléaire, les retraites, les 60 000 embauches de fonctionnaires... Sujet qui ne sont pas tranchés pour le moment et ne le seront peut être pas... L'annonce de son programme fin janvier a finalement été désacralisée. Le candidat fera ses annonces au fur et à mesure de la campagne. Son directeur de la communication, Manuel Valls, soutient qu'il n'y a pas urgence. Tout de même, pour un parti d'opposition, ne pas avoir plus d'idées que cela après 10 ans d'opposition et à 3 mois de l'échéance du premier tour, cela ne rassure pas. D'autant qu'en face, le président Sarkozy a, lors de la cérémonie des voeux, fait un certain nombre de propositions dont notamment les fameuses TVA sociale et taxe Tobin. Même si celles-ci sont peu réalistes, surtout dans un contexte franco-français, le futur candidat de l'UMP prend des risques et lance des débats et des initiatives. Et ce, alors qu'il n'ait pas encore candidat déclaré. C'est tout de même paradoxale, mais ce n'est pas un très bon signe pour le député de Corrèze qui n'a pas encore réussi à imposer d'idées majeures dans le débat public.
Ensuite François Hollande se jospinise. Victime de se qu'on appelle un "off", il parle du président comme d''un "sale mec". Bien sûr, ceci ne mérite pas toute cette polémique, la discussion étant privée et la phrase sortie de son contexte. Mais un politique aussi expérimenté qu'Hollande ne devrait pas se faire avoir aussi facilement. Il a donné une occasion en or aux partisans du président de rendre la monnaie du "Cass' toi pauvr' con". Et ceci, le lendemain de sa lettre publiée dans Libération, gâchant du coup son effet. Cette Lettre dans libération d'ailleurs n'est qu'une critique acerbe du pouvoir en place et surtout du président Sarkozy. Il table certainement sur le rejet de l'opinion du président actuel et l'usure de la droite au pouvoir. Et là encore, le député de Corrèze n'a pas jugé utile de lancer la bataille 2012 sur le plan des idées pour occuper le terrain. Au vu des sondages, il faut croire que les électeurs attentent plus de concret.
Une campagne morne, quelques dérapages malvenus, peu d'idée, François Hollande fait pour l'instant une campagne à minima, sans doute sûr de sa victoire. Mais peut être en réalité est-il déjà sur la pente de la défaite. Les grands vainqueurs à la présidentielle, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, le diront : pour gagner il faut susciter le "désir", et pour cela prendre des risques. Ce que n'ont pas réussi à faire les Balladur et Jospin, pas plus que le candidat Hollande pour le moment. Plus inquiétant pour ce dernier, Ségolène Royal, en 2007, malgré une campagne baroque avait suscité nettement plus d'engouement à la même époque.
Quoiqu'il en soit, il devient évident que l'élection de 2012, ne suscitera pas d'engouement, à gauche comme à droite. Elle se jouera sur un vote par défaut entre les dubitatifs du "mou" Hollande et les déçus de "l'agité" Sarkozy.
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