Petite annonce : Campagne électorale moribonde cherche controverse. Urgent. S'adresser aux candidats.
Julien Vaulpré, ancien conseiller opinion de Nicolas Sarkozy et fondateur du cabinet de conseil Taddeo, livrait dans le journal Le Monde une analyse intéressante sur la campagne électorale en cours. Il a surtout sorti le mot clé pour matérialiser ce sur quoi se jouait une campagne. Il parle ainsi de "controverse". Et la question est donc : quelle sera le moteur de la campagne, c'est à dire sur quelle "controverse" va émerger le vainqueur ?
Julien Vaulpré, ancien conseiller opinion de Nicolas Sarkozy et fondateur du cabinet de conseil Taddeo, livrait dans le journal Le Monde une analyse intéressante sur la campagne électorale en cours. Il a surtout sorti le mot clé pour matérialiser ce sur quoi se jouait une campagne. Il parle ainsi de "controverse". Et la question est donc : quelle sera le moteur de la campagne, c'est à dire sur quelle "controverse" va émerger le vainqueur ?
Dans un post précédent, nous parlions effectivement de la nécessité, lors d'une campagne électorale, de porter un certain nombre de valeurs (par exemple le travail, le mérite, la justice sociale...) et de grands thèmes. Ce qui est exacte, mais à condition que ces sujets fasse débat et soit clivant dans l'opinion. Par le passé, des campagnes électorales ont pu basculer ou se sont jouées sur une controverse qui a vu un des candidats sortir vainqueurs du débat. Quelques exemples nous viennent à l'esprit. 1995, Jacques Chirac, donné archi-battu face à Balladur lance le thème de la fracture sociale et arrive à l'incarner aux yeux de l'opinion. Balladur passe complètement à côté de ce mouvement de fond. Et les courbes s'inversent en Février. Chirac passe devant et gagnera l'élection. En 2002, Chirac est moribond face à un Lionel Jospin qui n'a pas été grillé par 5 ans de Matignon. Le président sortant fait campagne sur l'insécurité. Jospin néglige le thème. A gauche on parle de "sentiment d'insécurité". La sanction sera sans appel. Dernier exemple en date, 2007. Nicolas Sarkozy lance une double offensive. D'abord contre les 35 heures (Travailler plus pour gagner plus). Puis sur l'identité nationale (Proposition de la création d'un ministère de l'immigration, et de l'identité nationale). C'est un taulé chez ses adversaires (Royal, Bayrou). Mais l'opinion suit, et Nicolas Sarkozy devient président.
Revenons à l'élection présente. Ce qui frappe pour l'instant, c'est l'absence de controverses. Nous ne sommes il est vrai qu'au début de la campagne, et l'un des principaux candidats, Nicolas Sarkozy, n'est pas encore déclaré. Mais il est déjà candidat malgré tout. Ce n'est pas qu'il n'y a pas d'opposition droite-gauche. Il y en a de multiples en ce moment (Quotient familial, TVA social, fiscalité...). Mais rien de vraiment structurant dans l'opinion qui fasse apparaitre les clivages de fonds de la société française.
Quelques grands thèmes ont pourtant été lancés depuis quelques semaines. On pense notamment au "Made in France" de François Bayrou. Mais il a été repris par François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Pas de controverse possible donc. François Hollande a tenté dans son discours du Bourget de cliver l'opinion sur la finance. Mais Nicolas Sarkozy et sa Taxe Tobin avait déjà lancé le mouvement. Et les autres candidats suivent. Toujours pas de controverse. Dernier thème qu'essaye d'incarner François Hollande : la jeunesse. Mais qui est contre la jeunesse ? Non, vraiment pas de controverse la dessus.
L'apparition d'une controverse est absolument indispensable pour structurer l'opinion et faire l'élection. Il semble pour l'instant que ce soit la crise qui domine et inhibe les candidats. Le vainqueur sera celui qui saura trouver le bon angle d'attaque, et aura donc compris le vrai mouvement de fonds de l'opinion. Les conseillers opinions ont encore de beaux jours devant eux...
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