vendredi 24 février 2012

La tectonique de l'opinion

Le président Sarkozy est devenu depuis la semaine dernière officiellement candidat. Il l'était évidemment déjà depuis longtemps, mais l'officialisation de son entrée en campagne change néanmoins sensiblement la donne.

En effet, jusqu'à présent, le candidat socialiste, François Hollande, attirait sur lui tous les commentaires, aussi bien flatteurs que critiques, que ce soit sur son programme présidentiel ou sur sa campagne électorale. Nicolas Sarkozy restait quant à lui à l'abri derrière sa fonction présidentielle, attendant son heure. Sauf que les coups pleuvaient malgré tout contre lui, comme c'est le cas depuis son arrivée au pouvoir. Loin d'être confortable, la fonction empêchait finalement le président-candidat de répliquer à ces adversaires. Il a donc changé de stratégie pour passer à l'offensive sous le costume de candidat. Et depuis, le candidat de droite cogne sans retenu contre son adversaire. Ce qui est marquant depuis quelques jours, c'est que le président  sortant a repris la main dans la campagne, en lançant les principales controverses de campagnes : la lutte contre l'assistanat et le recours au référendum pour redonner de la souveraineté au peuple. Son intervention télévisée de mercredi soir, avec de nouvelles propositions s'aventurant sur le terrain de la gauche, le place là encore au coeur de la campagne, puisqu'il est devenu la cible de tous les commentaires. C'est donc plutôt, de ce point de vue, une bonne entrée en campagne. Il donne le rythme et éclipse pour l'instant quelque peu un François Hollande qui a dévoilé son jeu assez tôt et a été très exposé médiatiquement. 

Une batterie de sondages est publiée ces jours ci pour juger l'effet de cette entrée en campagne sur l'opinion, et notamment sur les intentions de votes. Ces enquêtes s’intéressent à plusieurs questions : l'entrée en campagne du candidat est elle jugée bonne ? Ces premières propositions sont elles jugées convaincantes ? Et surtout, quel est l'impact de cette entrée en campagne sur les intentions de votes ?

Tout d'abord, l'entrée en campagne en campagne du candidat de droite est elle jugée convaincante ? Eh bien ça dépend des instituts de sondage. Dans une première étude, une courte majorité (52 %) semble avoir été convaincu par la déclaration de candidature sur TF1. Etude aussitôt contredite par une autre, jugeant au contraire sa prestation majoritairement pas convaincante. Sur l'entrée en campagne en général, là encore, les instituts se contredisent largement. D'après l'institut CSA, l'entrée en campagne est jugée bonne par 48% contre 46%, donc un oui d'une courte tête. Pour d'autres, la réponse est plutôt non. D'après un autre institut, l'image du candidat de droite s'améliore pour 15% des personnes interrogées, et se dégrade pour 8%. En tout cas, pour une grande majorité, l'entrée en campagne n'a pas modifié son image, en bien ou en mal. 

Qu'en est-il maintenant des premières propositions du candidat en campagne ? Ce qui se dégage d'abord, c'est un jugement toujours très négatif du bilan du président sortant. De ce point de vue, l'entrée en campagne n'a pour l'instant rien changé sur ce sujet. La proposition de recourir au référendum semble largement plébicité par les français (Environ 64%). De ce point de vue là, le candidat Sarkozy a fait mouche. Concernant la dénonciation de l'assistanat, là encore, les études évoquées dans un précédent post indiquait un très large soutient à droite et d'une minorité non négligeable à gauche. Le candidat Sarkozy a donc vue juste. Cependant, les études montrent aussi que les électeurs sont plus circonspects sur l'idée de statuer sur l'assistanat, la formation des chômeurs ou encore l'immigration par le biais d'un référendum. De plus, le président sortant n'a jamais recouru à cette procédure pendant 5 ans. Sa crédibilité sur le sujet peut donc aisément être mise à mal.

Le plus important concerne sans doute les intentions de votes. Selon le sondage CSA de mardi, cela se resserre au premier tour. Hollande perd 2 points et tombe à 28 %. Sarkozy prend un point et atteint 27 %. Marine Le Pen est hors de portée, François Bayrou davantage encore. Au second tour, c'est également plus serré, à 56 % - 44 %. Les autres instituts pointent pour la plupart un frémissement au premier tour (26-27%) et au second (45%), à part IPSOS qui ne constate pas de changement dans les intentions de votes de premier tour (25%) et de second (41%). On observe donc des marges relativement importantes d'une étude à l'autre, ce qui semble montrer que l'opinion est encore mouvante. Cependant, elles indiquent toutes un François Hollande en tête au premier tour et vainqueur au second. Lors des élections précédentes, les instituts pouvaient parfois avoir des résultats contradictoires.

Enfin, dernière étude intéressante. Il a été demandé cette fois aux sondés pour quel candidat il était sûr de ne pas voter au premier tour de l'élection présidentielle. A cette question là, François Hollande recueille 40 %, c'est à dire la proportion de sondés qui exclut catégoriquement de voter pour lui au premier tour. Nicolas Sarkozy est à 54 % sur cette question. A supposer que l'étude soit transposable au second tour (si l'on exclut fermement de voter pour quelqu'un au premier tour, ce n'est à priori pas pour le l'envisager au second tour), ce résultat est inquiétant pour le président sortant qui ne parvient pas à dépasser une potentielle barre de 50 % d'électeurs susceptibles d'envisager de voter pour lui. Ceci n'est en même temps guère surprenant, tant les sondages de second tour persistent à donner un écart allant en moyenne de 8 % à 12 %. On peine à se demander comment le candidat-président sortant pourra retourner en sa faveur une proportion importante d'électeurs hostiles. Cependant, d'autres études (encore des études !) montre que seulement 66% à 75% des futurs votants ont déjà arrêté leur choix pour le second tour. Il y a donc encore beaucoup de voix à prendre, de part et d'autres, et qui peuvent faire basculer l'élection.

On peut être un peu perdu par cette succession d'études. Ce qu'elles montrent pour l'essentiel, c'est une opinion assez volatile, qui est en train de bouger, sans trop que l'on sache dans dans quel sens. Des mouvements tels ceux des "plaques tectoniques" sont en train se s'opérer. Les électeurs qui peuvent encore changer d'avis sont en train de le faire. Les indécis quant à eux vont progressivement se décider, maintenant que l'offre électorale est presque au complet, à quelques parrainages près. La cristallisation des votes est donc en train de commencer et va se poursuivre dans les prochaines semaines.

François Hollande, de son côté, est face à l’éternel dilemme de prendre des risques ou de gérer son avance, persuader d'être au second tour et de gagner ce qui sera certainement un référendum contre Sarkozy. Pour ce dernier, les semaines qui viennent sont cruciales pour lui. Il n'a guère le droit à l'erreur et doit impérativement rattraper une partie de son retard avant fin Mars et le début de la campagne officielle (synonyme d'égalité de temps de parole). Paradoxalement, le candidat Sarkozy ne semble pas avoir de problèmes de premier tour, Marine Le Pen et François Bayrou ne semblant pas en mesure de s'inviter dans le duel Hollande-Sarkozy. Et là, les élections passées montrent que c'est souvent celui qui prend des risques qui l'emporte. De ce point de vue là, le jeu est encore ouvert...

mardi 21 février 2012

Des écrivains très occupés

Dans Le Magazine Littéraire du mois de février, un dossier est consacré aux écrivains français sous l'occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale. Le sujet avait déjà été traité sur ce blog il y a quelques semaines avec un post sur le livre de Dan Franck, Minuit. Retour sur le sujet à travers le portrait de quelques uns de ces écrivains et de leurs itinéraires dans cette période troublée.

Il a d'abord les collabos, ces "salauds" qui vont se perdre avec l'ennemi. Au premier rang de ceux-là, Robert Brasillach, le féroce rédacteur en chef du journal Je suis partout, organe le plus fameux de la collaboration. Normalien de la rue d'Ulm, brillant poète et écrivain à l'avenir prometteur, Brasillach se tourne rapidement vers le journalisme. Il passe par l'école de l'Action Française, organe de la droite nationaliste et royaliste de Charles Maurras. Il s'y consacrera à la rédaction des pages culturelles, passionné qu'il est de cinéma et de théâtre. Mais c'est le virus de la politique qui va naître. Il quitte cependant rapidement l'Action Française, après l'échec du 6 février 1934, qu'il juge trop molle. Le lettré va se laisser séduire par un fascisme dur, couplé d'un antisémitisme virulent. Il suit alors avec enthousiasme la montée du nazisme en Allemagne et la prise de pouvoir de la jeunesse aryenne. En 1937, il est propulsé à la tête de l'hebdomadaire Je suis partout. Après la défaite de la France, il fait de cet organe de presse le fer de lance de la collaboration avec l'Allemagne. Jusqu'à l'immonde. "Il faut séparer des  Juifs en bloc et ne pas garder les petits." écrit-il notamment pour donner corps à son antisémitisme de raison. Ce sera le point de non retour. Il sera pourtant évincer du journal en 1943 par plus dur que lui encore, notamment Pierre-Antoine Cousteau et Lucien Rebatet. A la libération, Brasillach se cache, puis finit par se rendre aux autorités pour faire libérer sa mère. Emprisonné à Fresnes, il sera condamné à mort et exécuté, malgré la mobilisation de nombreux écrivains de tout bord. De Gaulle refuse la demande de grâce : "Il a joué, il a perdu, il doit payer".

Il y a aussi, Pierre Drieu La Rochelle qui se cherchera toute sa vie sans parvenir à démêler ses contradictions. Il finira par se perdre. Écrivain dandy et libertin avant guerre, il est l'auteur de Gilles, roman qui retrace l'itinéraire d'un fascisme, en forme d'autoportrait. Venu de la droite nationaliste et barrèsienne au début des années 20, il penchera progressivement pour le pacifisme et sera un temps tenté par le communisme. Personnage très en vue, il fréquentera aussi les surréalistes (Louis Aragon, André Breton...). Les années 30 et la montée des fascismes le fond basculer, notamment lors des évènements du 6 février 1934. Il épousera la cause fasciste et s'adonnera à l'antisémitisme, bien qu'ayant épousé en première noce une juive qui l'entretiendra jusqu'à la fin de sa vie. La victoire de l'Allemagne achève de le faire basculer. Pour lui, le nazisme concrétise son vieux rêve d’Europe fédérale. Les occupants lui confient le poste stratégique de directeur la NRF (Nouvel Revue Française), André Gide s'étant réfugié dans le sud de la France. Il donnera tous les gages aux Allemands, notamment l'ambassadeur francophile Otto Abetz ou le contact des milieux culturels Gehrard Heller. Mais la défaite approche, le rêve de Drieu s'effondre. Compromis, il met fin à ses jours. Le rêve d’Europe fédérale sera mis en oeuvre après sa mort, et l'effondrement du nazisme.

Et puis il y a celui qui va se compromettre, sans pour autant véritablement collaborer. Il s'agit de Ramon Fernandez. Disciple à la Sorbonne d'Henri Bergson dans les années, Ramon Fernandez joue les play-boy dans le quartier Latin et fréquente les cercles mondains. Politiquement, il est de gauche et adhère même au parti socialiste, la SFIO. Après le 6 février 1934, il devient même antifasciste et se rallie un temps aux communistes. Pourtant en 1936, Ramon Fernandez Bascule. Opposition au Front Populaire de Léon Blum, sympathie pour les nationalistes espagnols, et anti-communisme à la lecture du Retour d'URSS de Gide. Finalement, Fernandez se tourne en 1937 vers le PPF (Parti Populaire Français) nouvellement créé par Jacques Doriot, transfuge du parti communiste. Ici, joue à plein la fascination commune à l'époque de l'intellectuel rafiné (Ramon Fernandez) pour l'ouvrier inculte et homme fort providentiel (Jacques Doriot). Après la défaite de 1940, Fernandez suit son maître dans la collaboration. Il sera du voyage des écrivains à Weimar, comme Brasillach ou Drieu. Pourtant Ramon Ferandez n'est pas porté sur l'antisémitisme. Il partage finalement peu de valeurs communes avec les occupants allemands, et entretient de bonnes relations avec les milieux écrivains non collabos, voire résistants. Il n'hésite pas à faire l'éloge de Marcel Proust, l'écrivain qu'il admire par dessus tout, mais jugé décadent et subversif par l'occupant, car notamment juif et homosexuel. Mystérieuse trajectoire donc que celle de Ramon Fernandez. Il mourra en 1944, avant la fin de la guerre, laissant planer nombres d'interrogations sur ses motivations profondes.

Et puis il y a ceux qui résistent. Depuis Londres pour certain, comme le philosophe Raymond Aron, qui prend la tête de la revue gaulliste La France Libre. Rejoignant De Gaulle dès juin 1940, après la défaite, il apportera sa contribution intellectuelle à La France Libre, mais refusera de basculer dans le culte de la personnalité envers le général. Il en critique d'ailleurs l'héritage autoritaire et bonapartiste. Il adoptera donc un soutien critique envers lui. Position qu'il continuera d'adopter après la guerre et l'arrivée de De Gaulle au pouvoir. S'il combat de sa plume les écrivains collaborationnistes, il se veut plus mesuré sur le régime de Vichy qu'il hésite à condamner. Il rappelle que la France de 1940 était en pleine débâcle, et ne veut pas risquer de fracturer ce qu'il en reste. Position qui paraîtra à posteriori trop mesurée pour certains. Les résistants de la 25ème heure donnant parfois la leçon à ceux de la première.

Les écrivains de la résistance, c'est aussi Les éditions de Minuits, fer de lance de la littérature de la clandestine de la résistance. Lancé par Pierre de Lescure et Jean Bruller (alias Vercors), ces éditions diffuseront les plus grandes signatures entré en résistance, voire en clandestinité. Vercors publiera le célèbre Silence de la mer, ode à la résistance passive face à l'occupant. Jean Guéhenno, sous le pseudonyme Cévennes diffusera des extraits de son Journal des années noires. De nombreux écrivains publieront dans ces éditions tels Louis Aragon, Julien Benda, André Gide ou encore François Mauriac, en faisant un des catalogues les plus prestigieux de l'histoire de la littérature française.

D'autres écrivains partent en exil. C'est le cas de Georges Bernanos. Eloigné depuis le début des années 30 de la droite maurassienne, suite à son livre La Grande Peur des bien-pensants, il dénonca les exactions franquistes de la guerre civile espagnole dans Les Grands Cimetères sous la lune. Il préfère logiquement partir pour le brésil ou il passera la guerre, dénonçant la politique du Maréchal Pétain. Antoine de Saint-Exupéry, André Breton, Saint John-Perse ou encore Claude Lévi-Strauss s'installent eux à New York. Ces exilés seront largement méprisés, autant par les collaborateurs pendant la guerre que les résistants à la libération. Antoine de Saint-Exupery disparaitra à la fin de la guerre en effectuant un vol pour les alliés dans la méditerranée. Claude Lévi-Strauss ne perdra pas son temps. Au contact du milieu multiculturel New Yorkais, il sera profondément marqué par ce séjour pour ces travaux d'anthropologie. Jetant les bases de ses théories sur le structuralisme.

Il y a les parcours hésitants. Le pacifiste Jean Giono jouit d'une certaine sympathie auprès des partisans de Vichy pour son roman Colline, publié en 1929. Bien qu'ayant abrité des réfractaires du STO, il sera emprisonné quelques mois à la libération. Il y a les mondains, tels que Sacha Guitry ou Jean Cocteau, qui s'accommoderont de l'occupant en partageant avec lui spectacle et réception. Ils seront néanmoins blanchis par les comités d'épuration. Du côté de l'académie française, les membres sont plutôt maréchalistes, sauf François Mauriac et Georges Duhamel qui "sauveront" son honneur en rejoignant les rangs de la résistance et en intégrant le CNE (Conseil National des Ecrivains). Louis Ferdinand Céline côtoiera l'occupant, notamment pour son antisémitisme. Ce qui ne l'empêchera pas une critique acerbe des autorités françaises de Vichy, réfugié à Sigmaringen en 1944, dans son roman D'un Château l'Autre. Il y a aussi le cas Jean-Paul Sartre. Après une vaine tentative de constitution d'un réseau de résistance avec Simone de Beauvoir (alias le castor), il consacrera l'occupation à son oeuvre, notamment l'Etre ou le néant. Sa pièce, Les Mouches, sera jouée au théâtre devant les officiers allemands. Louis Ferdinand Céline ricane : "c'est le maquis des deux magots", en réference au café de Saint Germain des prés refuge de Sartre, avec bien sûr le café de flore. Ce dernier admettra lui-même : "Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande". Épurateur zélé, il fera oublier sa grande discrétion pendant la guerre. Un reportage de Camus sur le Paris libéré de 1944 aidera également à le faire passer à la postérité. Reste le cas André Malraux. Très discret pendant toute la durée de la guerre, il prend la tête d'un réseau de résistance à quelques mois de la libération seulement, mais y met tout son zèle. Son éloge de Jean Moulin, en tant que ministre de la culture, lors de son entrée au panthéon, le placera dans la case des grands résistants.

Reste pour finir, les aventuriers, volontairement provocateurs et anti-idéologue, n'hésitant pas à aller à l'encontre de la mémoire officielle et des mythologies héroïques de la résistance. Il s'agit de la génération des hussards, une jeune garde d'écrivains de 20 ans emmené par Roger Nimier, mais aussi Antoine Blondin. Avec les Épées et le Hussard bleu, Roger Nimier plante le décor d'une période propice à l'aventure plus qu'à l'idéologie. Le héros des Epées, François Sanders s'engage dans la résistance par désœuvrement, plus que par idéal ou patriotisme. Chargé d'infiltrer la Milice, il se comporte à la libération en milicien, et ne sait plus lui même s'il est "milicien ou un résistant camouflé en milicien". Avec des récits pleins de désinvolture et de cynisme, cette génération insolente détonne, mais veut dénoncer une morale de la résistance et de l'occupation trop manichéenne. Cette génération fera des émules bien des années plus tard avec par exemple Patrick Modiano dans La Place de L'étoile.

Voilà, il y aurait encore tant à dire. Ce que l'on néanmoins souligner au regard de ces portraits, c'est la singularité et la complexité du parcours de chacun. Des itinéraires souvent plus subtiles et ambigus qu'on ne veut bien nous les présenter. Le dossier est passionnant, je ne peux que recommander de le lire, ainsi que les ouvrages que j'ai pu citer (et que je n'ai pas forcément tous lus je l'admets). Bonnes lectures en tout cas...

mercredi 15 février 2012

Sarkozy rejoue 2007

C'est donc aujourd'hui que Nicolas Sarkozy met fin au faux suspens entretenu depuis plusieurs semaines sur son annonce de candidature. Il n'aura, de ce point de vue là, pas été en rupture avec ses prédécesseurs. Ce soir, il sera donc officiellement candidat à sa réélection après sa déclaration sur TF1. 

Initialement plutôt prévue pour début mars, le chef d'état semble avoir sensiblement accéléré le tempo. C'est le bon moment pensent les stratèges de l'UMP et de l'Elysée, car l'opinion est en train de se décider et les votes vont se cristalliser dans les semaines qui viennent. Mais il est aussi possible qu'une certaine panique s'installe dans les rangs de la majorité sortante. Les sondages ne décollent pas vraiment et le président sortant est donné régulièrement battu avec un score tel (57% - 43%) qu'on ne voit pas du tout comment il pourrait inverser la tendance. A cela, Nicolas Sarkozy semble ces dernières semaines vouloir rejouer avec les recettes de sa campagne victorieuse de 2007.

Comment s'est articulé sa campagne de 2007 ? Principalement par une offensive idéologique basée sur quelques valeurs et controverses fortes, à destination d'électorats bien définis. Ainsi, on se souvient d'abord du congrès du 14 janvier 2007 à la Porte de Versailles. Le candidat Sarkozy donne dans la messe gaulliste comme les affectionnent les militants du jadis RPR. Il donne ainsi un premier signale de rassemblement à l'égard de la famille de la droite gaulliste, qui reste largement prédominante au sein de la droite en France. La première offensive idéologique du candidat UMP fut alors sur le travail et le mérite, des thèmes chers à la gauche. Émerge alors de ses discours de campagne le fameux "Travailler plus pour gagner plus". Sarkozy cite Jaurès et Blum dans les réunions de sympathisants UMP. ça fait un peu désordre, mais l'offensive à gauche marche. Sarkozy parvient à décrocher une frange importante de l'électorat populaire, notamment ouvrier, jusqu'ici chasse gardé de la gauche. Mais le danger guette alors au centre avec l'engouement pour la candidature Bayrou. Le candidat de la droite riposte. Il parvient à débaucher des transfuges de l'ex-UDF et par ses propositions européennes et libérales, il rassure l'électorat de la droite modérée tenté par Bayrou. Reste que Sarkozy pense qu'il doit être nettement en tête au premier tour pour gagner le second et qu'il aura besoin de bons reports de voix venant de sa droite. Il lance alors sa dernière offensive en proposant la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale. En faisant un lien entre immigration et identité nationale, le candidat UMP provoque un tollé auprès des observateurs politiques et de ses adversaires. Mais dans les sondages, le coup est gagnant. Les électeurs de Le Pen se reportent en partie sur Sarkozy dès le premier tour. Avec plus de 31% des voix, Sarkozy sait qu'il va gagner le second. Le secret : cette offensive idéologique délibérée sur sa gauche, sur sa droite et au centre.

Pour piloter sa campagne 2012, le noyau dur de ses conseillers de 2007 a repris du service et incarne cette offensive idéologique tout azimut. Ils sont trois à l'incarner très clairement. Il y a d'abord Henri Guaino, le gaulliste sociale et républicain lyrique, disciple de Philippe Séguin, noniste et partisan de l'intervention de l'Etat. Plume du président sortant, c'est lui qui incarne l'offensive sur les valeurs de gauche.  A l'opposé, on trouve Patrick Buisson, le très droitier conseiller en opinion auprès du président et ancien directeur du journal d’extrême droite Minute. On lui prête à tort ou à raison beaucoup des initiatives polémiques du président. Quoiqu'il en soit, il sait parler à la droite de la droite. Et entre les deux, se situe Emmanuelle Mignon, la plus brillante des conseillers du président. Haut fonctionnaire au conseil d'état, ancienne major de l'ENA et ancienne chef de cabinet de Nicolas Sarkozy, elle incarne l'aile libérale des conseillers du président. Elle a un rôle clé dans la campagne puisqu'elle a la main sur le projet présidentiel du candidat Sarkozy.

En observant la campagne électorale ces dernières semaines, on peut constater que, par petite touche, le candidat de la droite met en place, de la même façon qu'en 2007, une offensive idéologique tout azimut. Il y a d'abord la taxe Tobin sur les transactions financières. Vieille revendication de la gauche, Sarkozy souhaite la mettre en place coûte que coûte avant l'élection. De la même façon, le président est, ces dernières semaines très actif sur le terrain de l'emploi et du social. Avec en point d'orgue les médiatiques dossiers Lejaby et Photowatt où le rôle du chef de l'état est mis en avant de façon assez habile. ça c'est pour l'offensive à gauche. Sur un tout autre registre, la semaine dernière, le président a proposé d'organiser référendums, assez irréalistes, sur le droit des chômeurs et le droits des étrangers.  C'est un tollé chez les journalistes et les commentateurs, un tollé aussi chez les candidats de gauche et du centre (comme pour l'identité nationale en 2007). Au point qu'on peut se demander si ce n'est pas une opération de suicide politique. Pourtant, les sondages diffusés le week end dernier sur les chaines d'information en continue apportent un éclairage très différent. En effet, les deux mesures (Durcissement des droits des chômeurs et de ceux des étrangers) sont assez majoritairement plébiscités (Plus de 60%). Plus intéressant encore, et très révélateur, les mesures font le carton plein à droite, ce qui soude l'électorat derrière son candidat, mais trouvent aussi écho à gauche avec plus de 40% d’adhésion, ce qui au contraire trouble et divise l'électorat de François Hollande. Ce qui avait tout, en apparence, de l'opération catastrophe semble en réalité une stratégie beaucoup mieux pensée qu'elle n'en avait l'air, quoi qu'on en pense sur le fond. Dernière offensive, la TVA sociale. A priori impopulaire car signifiant essentiellement une hausse de TVA et une baisse du pouvoir d'achat, cette mesure peut trouver écho favorable chez les nombreux artisans, commerçants et petit patrons, c'est à dire tous les entrepreneurs libéraux que cherche aussi à séduire le candidat Sarkozy.

Il sera intéressant d'observer les initiatives ou controverses qui seront lancées par le président sortant et désormais candidat dans les semaines qui viennent à lueur de ces considérations. Mais il a certainement oublié deux points essentiels. D'abord qu'on ne gagne pas deux fois sur la même stratégie électorale. Ensuite qu'il est sortant, et donc aussi jugé sur un bilan...

mardi 14 février 2012

Les leurres de la taxe Tobin

Quand une idée fait consensus entre gauche et droite, attention méfiance. Un exemple ? Le projet d'instauration de la taxe Tobin, appelée aussi taxe sur les transactions financières ou taxe Robin des bois.

Le président Sarkozy affirme vouloir la mettre en place au plus vite, même s'il est tout seul en Europe, même dans la précipitation, même à une poignée de jours de l'élection présidentielle. Et si finalement il renonce, c'est son challenger socialiste, François Hollande, qui s'y collera. C'est ce qu'il a confirmé dans son discours du Bourget le mois dernier. Non vraiment, plus moyen d'y échapper.

Cette taxe fut imaginée en 1972 par un économiste américain, le keynésien James Tobin. Il en gardera une notoriété mondiale, alors qu'on lui doit des travaux de plus grande importance, notamment sur le calcul économétrique, et surtout la théorie dite du "Q de Tobin", prenant d'ailleurs comme hypothèse de départ l'existence de marché financier en concurrence pure et parfaite. Paradoxale pour un keynésien...

Quelle est son idée de taxe? Il faut pour cela se replacer dans le contexte des années 70, marquées par une forte volatilité sur les taux de change entre les devises, accentuée en cela fortement par les politiques de dévaluations compétitives qui sont alors monnaie courante. L'économiste américain émet donc l'idée d'instaurer une taxe, à faible taux (entre 0,05% et 0,2%), sur les transactions sur les devises, de façon à limiter la volatilité sur les taux de change. L'utilisation de la recette de cette taxe n'est pas, pour lui, le point primordial. Il suggère qu'elle pourrait alimenter l'aide au développement.

L'idée va mûrir au fil du temps, pour finalement se transformer radicalement. Depuis 1998, ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l'Action Citoyenne) soutient la proposition, et souhaite l'étendre à l'ensemble des transactions financières, et non plus seulement aux transactions sur les devises, pour lutter contre la spéculation. Quant à la recette de cette taxe, elle ira bien à l'aide au développement. C'est même devenu un des arguments d'ATTAC. Si on instaurait cette taxe,  c'est tout juste si on ne pourrait pas presque éradiquer la pauvreté dans le monde... ça laisse rêveur. D'ailleurs, l'un des premiers à protester est Jame Tobin lui même. Il conteste l'utilisation de son nom dans la définition de cette taxe ATTAC, dont les objectifs n'ont plus rien à voir avec son idée initiale. D'une proposition économique, on est passé à un chantage politique. L'utilisation de la recette était secondaire pour Tobin. Elle devient désormais le sujet principal, en plus de vouloir bien entendu combattre la finance et les spéculateurs.

Venue plutôt de la gauche, l'idée à petit à petit fait son chemin. Le président Sarkozy, qui jugeait cette idée encore saugrenue il y a quelques années, en fait désormais son cheval de bataille. La majorité parlementaire de droite le suit plutôt dans la démarche. L'idée trouve même quelques échos outre-Rhin par un oui timide d'Angela Merkel. Il faut dire que la crise est passée par là, et notamment la crise financière de 2008. Les institutions financières et les banques sont les boucs émissaires évidents de cette crise, et il y a une envie de nombreux dirigeants politiques de "se faire" ces fauteurs de troubles de la finance. Une façon aussi de détourner l'attention de l'opinion sur leurs propres erreurs. Sur le papier, le bénéfice politique et économique est évident. Sur le plan comptable, c'est en effet de l'argent qui rentre dans les caisses de l'état, sans être  comme d'habitude prélevé sur les classes moyennes. Une manne bienvenue est cette période de crise de la dette, où il faut faire les fonds de tiroirs. Et sur le plan politique, c'est aller largement dans le sens de l'opinion, de gauche comme de droite. C'est tout bénéf en somme.

Sauf qu'en examinant cette idée de plus près, ça ne tient guère la route. Et là, c'est plus gênant. D'abord, concernant la lutte contre la volatilité ou spéculation, les études montrent que l'idée ne semble pas fonctionner. On pourra citer quelques un des nombreux travaux d'économistes sur le sujet : Ronen et Weaver (2001), Bessembinder et Rath (2002), Harald Hau à la bourse de Paris, ou encore l'étude d'économie expérimentale de Hanke. Entre autres. Et tous arrivent à la même conclusion. La taxe ne freine pas la volatilité ou l'instabilité des cours. Au contraire, tous en conclut qu'elle semble même l'accentuer ! Plus grave encore est l'incidence fiscale de l'instauration de cette mesure. Les études sur le sujet ne sont pas nombreuses (On peut citer celles de McCulloch et Pacillo) mais ne sont pas vraiment rassurante. Ce qui s'en dégage, c'est que, comme souvent avec les taxes, ce n'est pas ceux qui devaient initialement la payer qui paieront. En effet, pour conserver leurs marges, les institutions financières répercuteront la taxe dans leurs prix auprès de leurs clients en rendant le crédit plus cher, et donc l'investissement plus difficile. L'Etat, gros émetteurs d'obligations, va donc par ce stratagème se taxer lui même en payant plus chers ses créances. Le contraire de l'effet attendu ! Sans compter bien évidemment les risques de fuites massives de capitaux vers des places financières n'ayant pas mis au point un tel dispositif. D'ailleurs, la presse financière, ces dernières semaines, ne manquait pas de rappeler qu'une telle mesure pouvait avoir pour l'économie un impact sur le PIB bien plus négatif que ce que rapporterait pareil taxe. Et qui plus est si la France fait cavalier seul.

Sans surprise, les politiques sont plutôt pour (Sarkozy et timidement Merkel et Rajoy). Les économistes en revanche sont plutôt septiques hormis Joseph Stiglitz. Ainsi pour une fois, les libéraux (Milton Friedman et des disciples de Chicago ont toujours été contre) et les Keynésiens (Paul Krugman, Robert Mundell, James Tobin !) font cause commune et dénoncent cette tentative irréaliste et vaine. Elle instaurait du protectionisme en ayant l'illusion de lutter contre la spéculation.

Mais pour trancher le débat, le mieux reste encore de se référer à un exemple concret de la mise en place de pareil mesure. Car la Suède, de 1984 à 1990 avait instauré une taxe Tobin, sous deux formes. D'abord par une taxe sur les transactions financières de 0,5%, complétée ensuite par une taxe sur les revenus des valeurs mobilières (0,002%). Résultat : le volume des échanges s’effondrent de 90%. On pourrait alors en conclure que la taxe à rempli son rôle : stabiliser les échanges. Sauf que cet effondrement n'est dû qu'à une fuite des capitaux financiers. Les marchés financiers suédois sont mort-vivants. La collecte de la taxe se révèle bien évidemment très décevante (80 millions de couronnes par an contre 1500 millions espérés initialement). Et bien évidemment, les institutions répercutent la taxe sur ses clients : l'état et les ménages. La mesure est impopulaire et met en danger les finances suédoise. La Suède met fin à l'expérience en 1990. Les marchés et le pays connaissent depuis une réelle embellie.

Comme quoi, il faut se méfier des consensus...

samedi 11 février 2012

Petit dictionnaire des injures politiques (Collectif)

J'ai feuilleté le Petit dictionnaire des injures politiques, ouvrage collectif réalisé sous la direction de Bruno Fuligni.
Au programme beaucoup de petites phrases et de traits d'esprit, tantôt extraits des joutes verbales des parlementaires à l'assemblée nationale et au Sénat ou tantôt rapportés par les journalistes et commentateurs extérieurs.
A ce petit jeu là, se dégage quelques champions. Les plus insultés d'abord. On peut citer entre autre Léon Blum, président du conseil du front populaire de 1936 ou Pierre Mendès France, président du conseil en 1954. L'antisémitisme n'y est pas pour rien. Il y a ceux qui ont été copieusement raillé, tel Félix Faure, président de la république et mort à l’Élysée en 1898, en très fâcheuse posture, suite à une petite gâterie

Il y aussi les champions de l'injures. Il faut ici y distinguer deux catégories : les amoureux du bon mot et du trait d'esprit, tel que le Général de Gaulle, Georges Clémenceau ou encore l'actuel député maire d'Issy les moulineaux, André Santini. Et puis il y a l'injures vraiment injurieuses, voir haineuses. On peut aisément y mettre dans cette catégorie les têtes d'affiches de l'Action Française dans les années 20-30 tel Charles Maurras ou Léon Daudet. Un François Mitterrand, dans les années 60 aura aussi des mots très durs contre De Gaulle et sa 5ème république.

Deux remarques à la lecture de cet ouvrage. D'abord, les insultes se sont considérablement modérés au fil du temps. Les injures de la fin du 19ème jusqu'au année 1930 étaient souvent d'une violence verbale inouïe. Ensuite, on constate que le niveau littéraire tend à baisser au fil du temps. Certaines des insultes du 19ème siècle allaient chercher parfois loin dans la culture classique.

Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager quelques uns des plus beaux traits d'esprit que j'ai pu relever sur les hommes politiques de l'Histoire de France. Attention, certains peuvent être d'une extrême cruauté.

Général de Gaulle (Ancien président de la 5ème République)
"Un Napoléon qui aurait fait carrière à l'envers à partir d'une île anglaise." (André Frossard)
"Le gaullisme, c'est un caporalisme qui a pris du galon." (Chanoine Kir)
"Autrefois, de Gaulle était de Gaulle. Il n'est plus maintenant qu'un Gaulliste." (François Mitterrand)

François Mitterrand (Ancien président de la 5ème République)

"Monsieur Mitterrand garde l'Etat comme d'autres gardent la chambre (Charles Pasqua)
"Mitterand était un truand immoral qui a conduit la France au déshonneur et à la faillite" (Michel Rocard)

Marie-France Garaud (Conseillère politique)
"En face d'elle, quiconque nourrit le moindre idéal a le sentiment d'être le docteur Schweitzer." (F. Giroud)

Félix Faure (Ancien président de la 3ème République)
"Félix Faure vient de mourir. Cela ne fait pas un homme de moins en France." (Georges Clémenceau)

François Fillon (Premier ministre)
"François Fillon a tellement de qualités qu'il mériterait d'être premier ministre." (François Goulard)

Joseph Fouché (Ancien ministre)
"Monsieur Fouché méprise les hommes, sans doute s'est-il beaucoup étudié." (Talleyrand)

Pierre Mendès France (Ancien président du conseil)
"Mendès, c'est un marchand de tapis qui n'a même pas de tapis." (Charles de Gaulle)

Georges Clémenceau (Ancien président du conseil)
"Vous n'êtes pas tigre, vous êtes Autruche." (Edouard Barthe)

Léon Blum (Ancien président du conseil)
"Léon  Blum, le socialiste pour salonnards, a un physique qui tient de la chèvre et du lévrier." (Léon Daudet)

Pierre Cot (Ancien ministre)
"Vous avez saboté l'aviation avant 1939 ! Vous sabotez le moral maintenant." (Raymond Mondon)

Bernard Kouchner (Ancien ministre)
"Un tiers-mondiste, deux tiers mondain." (Xavier Emmanuelli)

Edouard Daladier (Ancien président du conseil)
"C'est un taureau qui sent l'étable." (Joseph Caillaux)

Marcel Dassault (Ancien député)
"Il sera candidat à l'assemblée nationale jusqu'à sa mort. Après, il se présentera au sénat." (Lionel Stoléru)

Edith Cresson (Ancien premier ministre)
"Ciboulette, parce qu'elle fait six boulettes par jour." (Proches de Michel Rocard)
"Je lui ai dit qu'elle devait être impopulaire. Je ne pensais pas qu'elle réussirait aussi bien (F. Mitterrand)
"A force de descendre dans les sondages, elle va finir par trouver du pétrole." (André Santini)

Jacques Chirac (Ancien président de la 5ème République)
"Chirac, c'est un de Gaulle sans 18 juin, mais disponible pour un 13 mai." (François Mitterrand)
"Il ment tellement que l'on ne peut même pas croire le contraire de ce qu'il dit." (Marie-France Garaud)

Georges Mandel (Ancien ministre)
"Mandel n'a pas d'idées mais il les défendrait jusqu'à la mort." (Georges Clemenceau)

Valéry Giscard d'Estaing (Ancien président de la 5ème République)
"Le giscardisme est une ambition et non une pensée." (Philippe de Saint Robert)
"Giscard est un traître par nature. Allez le voir et persuadez-le de trahir dans le bon sens." (C. de Gaulle)

Raymond Barre (Ancien premier ministre)
"Tartarin de Tarascon comme la lune." (Le canard enchainé)
"Quand on a de tels amis, on a pas besoin d'ennemis." (Charles Pasqua)
"Barre, c'est mon compagnon de chambre : il dort à côté de moi à l'assemblée." (André Santini)

Michèle Barzach (Ancien député, ancien ministre)
"Barzach a peu de chances de remporter le prix Pulitzer de la pensée contemporaine" (Charles Pasqua)

François Bayrou (Ancien ministre)
"Il m'a fait l'impression de l'amant qui craint la panne. " (Ségolène Royal)

Jean Louis Borloo (Ancien ministre)
"Borloo sera notre Delors à nous. Par chance, il n'a pas de fille à nous refiler en échange" (J-C Lagarde)

Général Boulanger (Ancien ministre)
"Ci-gît Boulanger qui mourut comme il vécut : en sous-lieutenant" (Georges Clemenceau)

Aristide Briand (Ancien président du conseil)
"Mon cadavre lui ferait plaisir. Je ne pleurerais le sien que très modérément." (Léon Daudet)
"Cet ennemi de son pays, victime d'une injuste mort naturelle." (Charles Maurras)
"Je ne connais rien dont monsieur Briand ait plus horreur que la pensée, si ce n'est l'action." (P. Berthelot)

François-René de Chateaubriand (Ecrivain, Ministre)
"Quand on cesse de parler de lui, monsieur de Chateaubriand croit qu'il devient sourd." (Talleyrand)

Rachida Dati (Ancien ministre)
"Dati va participer à l'émission de Michel Drucker "Vivement Dimanche". Vivement Lundi." (B. Roger-Petit)

Michel Debré (Ancien premier ministre)
"Une singulière vocation pour l'erreur." (Michel Poniatowski)

Jacques Delors (Ancien ministre)
"Delors ? Il aimerait bien être président dans être candidat (François Mitterrand)

Roland Dumas (Ancien ministre)
"François Mitterrand avait deux avocats : Badinter pour le droit, Dumas pour le tordu." (R. Patrice-Pelat)

Raymond Poincaré (Ancien président de la république et président du conseil)
"Briand ne sait rien mais comprend tout ; Poincaré sait tout mais ne comprend rien." (Georges Clemenceau)
"Promettez moi qu'il n'y aura pas sur ma tombe un discours de Poincaré ; ce serait mourir deux fois." (Georges Clemenceau)

Ségolène Royal (Ancienne candidate à l'élection présidentielle)
"Ségolène Royal, c'est une Frédégonde qui serait passée par la Star Ac." (J-L. Bourlanges)

Dominique Strauss-Kahn (Ancien ministre et ancien président du FMI)
"La modestie est à Dominique Strauss-Kahn ce que la chasteté est à Madonna." (Josselin de Rohan)

Nicolas Sarkozy (Président de la république)
"Sarkozy est passé de la présidence bling bling à la présidence couac couac." (François Hollande)
"Docteur Sarko et Doc Gynéco, c'est la com' et la came." (Philippe de Villiers)
"Parler de social à Nicolas Sarkozy, c'est comme parler de cinéma à une caméra de surveillance." (Laurent Fabius)

François Hollande (Candidat socialiste à l'élection présidentielle)
"La présidentielle, Hollande y pense en nous rasant." (Guillaume Bachelay)

vendredi 10 février 2012

La cour des comptes au rapport

Une fois par an le rapport tombe. Lequel ? Celui de la cour des comptes bien sûr. C'est surtout l'occasion de faire un inventaire à la Prévert des étrangetés du système fiscal français avec ses niches farfelues, ou encore de parcourir le vaste patrimoine de l'Etat et des institutions publiques. On se croirait parfois presque devant notre écran télé à regarder l’inénarrable émission Combien ça coûte de Jean-Pierre Pernaut, passer maître dans l'art de montrer un hit parade (hélas bien réel) de l'argent public gaspillé.

Pourtant, au delà des curiosités du rapport, celui-ci devrait être pris avec beaucoup plus d'attention par les acteurs politiques, qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition. En effet, ce rapport, établi avec le plus grand sérieux et en toute transparence politique, devrait fournir de bons arguments à ceux qui sont en charges désormais de combler les déficits abyssaux et de réformer la structure étatique. Pourtant, les sujets qui émergent sont souvent explosifs, et le rapport et ses préconisations restent trop souvent lettres mortes. Tout juste bon, vu épaisseur de l'ouvrage, à colmater le pied d'une vieille armoire bancale. Dommage.

Que nous dit la cuvée 2012 ? Tout d'abord, il met particulièrement en vedette le régime d'indemnisation des intermittents du spectacle et ses dérapages financiers. Pour l'année 2010, le rapport indique que ce régime perd près d'un milliard d'euro. Pas tant que cela me direz vous ? Oui, sauf que seulement 100 000 personnes en bénéficient. Ce problème est, bien entendu, connu depuis longtemps. Une timide réforme du régime en 2004, durcissant un peu les conditions d'indemnisation, avait provoqué un tempête dans le milieu artistique. Le sujet est depuis explosif, et personne n'y touchera. La France est un pays de culture et André Malraux lui-même a voulu ce régime pour les artistiques. Y toucher, c'est presque attaquer le pacte social de la résistance de 1945. La CGT-spectacle y veille chaque année avec son habituelle intervention aux cérémonies de remise des Molières et des Césars. D'ailleurs, dans ce jeu de dupe, ce sont finalement surtout les grosses entreprises de médias et d'audiovisuels (TF1, France Télévision...) qui profitent du système, en employant à plein temps des intermittents, payer la moitié du temps par les ASSEDICs. Quand TF1 et la CGT partagent le même combat. Qui l'aurait cru ?

Plus intéressant, le rapport porte un jugement sur la politique du gouvernement en matière de réduction des déficits publics. Le résultat est mitigé : satisfecit quant aux efforts initiés depuis 2011, mais mise en garde quant à la méthode et au rythme. 

Satisfecit tout d'abord. Le rapport souligne les efforts initiés par le gouvernement sur les budgets 2011 et surtout 2012. Cela faisait 20 ans qu'un tel effort n'avait pas été engagé aux plus hauts sommet de l'Etat. De plus, le rapport approuve les récentes décisions de réduction des niches fiscales. Fruit d'une accumulation d'avantages fiscaux depuis des décennies, ces niches coûtent de plus en plus cher à l'Etat et sont parfois plus un instrument de clientélisme électorale qu'une véritable arme de compétitivité et de croissance.

Le rapport contient aussi une mise en garde pour le gouvernement. Selon la cour des comptes, la méthode de réduction des déficits a, jusqu'ici, surtout été basée sur des hausses de prélèvements obligatoires, directes ou indirectes, et assez peu sur de réelles diminutions de dépenses (Mis à part le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux ou certains déremboursements). Or cette méthode ne permettra pas à France de tenir ses engagements, et particulièrement celui d'un retour au déficit de 3% en 2013 (contre 5,3% à 5,4% actuellement). D'après la cour des comptes, avec la méthode du gouvernement, il faudrait 10 ans pour un retour à l'équilibre quant l'objectif à tenir est de 5 ans. Le compte n'y est donc pas. De plus, le rapport conteste les hypothèses de croissance retenues par le gouvernement pour son plan. Elles sont jugées trop optimistes, voire irréalistes. Enfin, le rapport juge le gouvernement encore beaucoup trop timide sur la réduction des niches fiscales. C'est donc tout naturellement que le rapport invite à tailler largement dedans, à hauteur de 15 milliards, et plus généralement de réduire les dépenses publiques de fonctionnement. Au passage, les collectivités locales, plutôt gérées par la gauche, sont également épinglées quant aux dépenses et embauches de fonctionnaires territoriaux. Cependant, elles ne pèsent guère que 8% du déficit de l'Etat (La France est jacobine). Elles ne sont donc pas les plus à blâmer.

En parcourant les grandes lignes du rapport, se dégagent donc quelques idées fortes. D'abord principalement que le déficit de l'Etat est profondément structurel, et qu'il est impératif de tailler en profondeur dans les dépenses publiques. Ensuite que le niveau d'imposition est déjà très élevé en France et qu'il n'est plus guère possible de jouer beaucoup dessus, hormis quelques redéploiements. On note au passage que, pour la cour des comptes, les hausses de prélèvement obligatoires ne sont pas la solution à la réduction des déficits, mais que prime avant tout la réduction des dépenses.

Dans ce contexte, en examinant le programme économique de François Hollande, on ne peut qu'être septique sur les fondements de celui-ci. En effet, le programme est plutôt basée sur l'idée d'un déficit conjoncturelles (Crise et surtout niches de Sarkozy) et non structurelle. Il ne prévoit donc pas de réduction de dépenses, mais au contraire des augmentations (Embauche de fonctionnaires, hausse d'allocation...). L'arme de François Hollande pour réduire le déficit, c'est plutôt l'impôt, ce que ne préconise justement pas le rapport, car peu efficace. Le candidat socialiste sera peut être un plus en phase avec la préconisation sur les niches fiscales (ça dépend lesquelles), mais avec 7 milliards de réductions proposées, le compte n'y est pas. Dans le rapport de 2012, le premier président de la cour des comptes, l'ancien député socialiste Didier Migaud, n'a pas fait de cadeaux à son ex-collègue de l'assemblée nationale. Les vertus salutaires d'une institution indépendante ?

A la lueur de ce rapport nous pourrions donc commenter : élève Sarkozy en progrès mais peut beaucoup mieux faire. Élève Hollande, copie à revoir. A bon entendeur.


vendredi 3 février 2012

Et revoilà la TVA sociale

La TVA sociale, c'est un de ces vieux serpents de mer dont on entend parler depuis 20 ans. Introduit avec succès au Danemark et plus modestement en Allemagne, elle est censée résoudre tous nos problèmes de compétitivité tout en faisant financer la protection sociale par nos importations. Sur le papier, ça semble formidable. Avec une grosse interrogation cependant sur le pouvoir d'achat des ménages. Du coup les adversaires ne manquent pas : TVA patronale dit Marine Le Pen, c'est une TVA anti-social pour Jean-Luc Mélenchon. Ses partisans préfèrent parler de TVA emploi ou TVA anti-délocalisation. Chacun baptise donc cette TVA comme il l'entend, selon son adhésion ou non au principe.

Mais sur quel principe repose-t-elle ? Eh bien c'est assez simple. En échange d'une baisse des cotisations sociales qui pèsent sur le travail, la TVA est augmentée de plusieurs points. Double effet attendu : D'une  part, le salarié devient moins coûteux pour l'entreprise qui améliore sa compétitivité. D'autre part, les importations se renchérissent alors que les exportations bénéficient d'un gain de compétitivité. C'est globalement l'effet d'une dévaluation, chose que l'euro nous interdit désormais de faire. Mais attention, certains, tel le président de la république, martèlent une idée fausse et très en vogue au sujet de cette TVA : avec son instauration, ce sont les produits importés qui vont désormais financer la protection sociale en France. C'est évidemment faux. Comme le rappelle l'ancien ministre de l'économie, Alain Madelin : "A-t-on déjà vu une vache payer une taxe sur les vaches ?". Cette formule humoristique illustre à l'évidence que celui qui paye la TVA sur les produits fabriqués en Chine, ce n'est pas le produit, ni même la Chine, mais bien le consommateur français.

Et c'est là qu'est la source du débat. Ne va t-on pas alimenter l'inflation dans cette histoire ? Non répondent ses partisans. L'ancien président de la commission des finances au Sénat, le centriste Jean Arthuis, le démontre : en exonérant partiellement les cotisations sociales, on baisse le coût de revient du produit. Le prix de vente hors taxe peut alors baisser en conséquence. Et, à ce prix hors taxe, on y ajoute le surplus de TVA. Finalement, le prix TTC reste stable, voire diminue légèrement. Il n'y aurait donc eu qu'un simple transfert des cotisations vers la TVA. Et c'est là que les sceptiques de la mesure se réveillent. Car l'instauration de cette mesure suppose qu'automatiquement les entreprises vont répercuter les exonérations partielles de cotisations sociales sur le prix des produits hors taxes. Et ça, rien ne le garantie. Il est possible de voir apparaître un effet d'aubaine pour les entreprises qui pourront, pour certaines, accroître leurs marges sur le dos des consommateurs, ou simplement sortir la tête de l'eau pour les plus fragiles, ce qui serait en revanche une bonne chose. Il y a fort à parier que les comportements varieront d'un secteur à l'autre selon l'importance de la concurrence. Une chose en revanche est certaine. Les produits étrangers qui seront importés verront bel et bien leurs prix augmenter avec le taux de TVA, leurs cotisations sociales restant inchangées. A moins que des pays voisins mettent à leur tour en oeuvre cette mesure pour contrebalancer. Il y a un vrai risque. On se retrouverait alors dans le même schéma que par le passé, avec une course des pays industriels aux dévaluations compétitives pour exporter. 

Néanmoins, si l'on peut raisonnablement penser qu'une inflation peut poindre par l'application de cette mesure, il y a fort à parier qu'elle sera faible, celle-ci étant instaurer dans une période économique difficile, avec une faible croissance et une faible inflation. L'exemple de son instauration en Allemagne, depuis 2007, semble aller dans ce sens. On avait estimer à l'époque une accélération des prix de 0,6% à imputer à cette mesure. Il convient également de modérer les attentes et les risques de cette décision. L'augmentation de la TVA n'est que de 1,6% quand d'autres préconisaient plusieurs points, voire comme au Danemark à 25%. Finalement, avec cette augmentation, la TVA "normal" passe à 21,2% et se situe ainsi dans la moyenne de la zone euro (environ 21%). Et en contrepartie, les cotisations sociales, plus élevées en France qu'ailleurs, vont baisser. On est  finalement en pleine convergence européenne . Il faut aussi dénoncer les critiques infondées. Les produits de premières nécessité, aux taux réduits de 5,5% et 7%, restent inchangés. Quand aux produits importés, ce sont souvent des produits chers (Téléviseur écran plat, Smartphone...). Quand on peut mettre 700 euros dans un téléviseur, on peut surement payer 10 euros de plus de TVA. 

Loin d'être une idée géniale, cette décision tardive de Sarkozy ne mérite cependant pas toute cette agitation économico-médiatique et va plutôt dans le bon sens. Dans le sens d'une plus grande compétitivité des entreprises françaises qui en ont bien besoin dans le climat économique actuel, et surtout futur. Il était temps d'ouvrir le débat...

mercredi 1 février 2012

Oui, les classes moyennes vont payer

C'est la grande question que tout le monde se pose et dont tout le monde connait pourtant déjà la réponse : Qui va payer le plan de rigueur de 2012 ? Et la réponse est bien sûre : les classes moyennes. Election présidentielle oblige, ce n'est évidemment pas ce que claironnent les différents candidats. Pourtant, les faits sont là, et ce, quelque-soit le vainqueur de l'élection en mai prochain. Démonstration.

Il y a d'abord le candidat socialiste, François Hollande. Dans son discours du Bourget, il dénonce les coupables : le monde de la finance. Et lors de la présentation de son programme, celui qui affirmait il y a quelques années déjà qu'il n'aimait pas les riches entend bien les faire désormais payer. Nous l'avons entendu à maintes reprises sonner la charge contre ces fameux "plus privilégiés". Les grandes entreprises aussi devront mettre la main à la poche. Par contre, il a tout de suite rassurer l'électorat : les classes moyennes ne paieront pas. Rien du tout vraiment ? C'est évidemment faux, et il le sait très bien. Même les électeurs ne sont pas dupes. Petit retour sur le programme du candidat socialiste.

Pour son chiffrage, François Hollande prend une hypothèse de croissance de 0.5% pour 2012, 1,7% en 2013 et 2,5% au delà. C'est réaliste pour 2012. Au delà, probablement pas. Concernant la contrainte budgétaire (issue de l'engagement européen pour sortir de la crise), il la prend aussi compte avec l'objectif du retour à un déficit de 3% en 2013. Ce qui fait 30 milliards à trouver. De plus, son programme prévoit de dépenser 20 milliards supplémentaires (Embauche des 60 000 enseignants et des 1000 policiers par an, les 150 000 emplois d'avenir, le retour à la retraite à 60 ans, les tarifs sociaux sur le gaz, l'électricité et l'eau...). Soit en tout 50 milliards à trouver. Et ce, uniquement en taxant les riches et les grandes entreprises s'il vous plait.

Pour cela, le programme compte solliciter les ménages "les plus privilégiés" (c'est ainsi qu'il faut dire) par le biais d'un relèvement de l'ISF (Impôt Sur la Fortune) et par la création d'une tranche supplémentaire d'impôt sur le revenu (45%) pour un montant de 150 000 euros de revenu par part. Soit, pourquoi pas, l'exemple doit venir d'en haut. Mais au final, on se rend compte que la première mesure ne rapporte guère que 2 milliards, et la seconde 700 millions d'euros,  minorée même à 500 millions par la rapporteur du budget au sénat, pourtant socialiste. Et on sait depuis le front populaire que taxer les riches rapporte toujours moins que prévu. D'abord parce qu'ils sont peu nombreux, ensuite parce que leurs capitaux sont plus mobiles. Il parait d'ailleurs que les banquiers Suisses travaillent beaucoup en ce moment. Info ou intox, je ne sais pas. D'autres mesures du programme vont donc toucher les classes moyennes pour financer le programme. La décriée déduction des heures supplémentaires (Le travailler plus pour gagner plus) est ainsi supprimée. Pourtant, 9 millions de salariés en auraient bénéficié, donc sans doute pas que des "privilégiés" vu le nombre. La fusion programmée de l'impôt sur le revenu et de la CSG touchera également davantage tous les revenus moyens. Ensuite, la limitation des droits en terme d'épargne salariale risque d'impacter de nombreux de salariés, cette épargne constituant une partie complémentaire de la rémunération. Autre mesure susceptible de mordre sur les revenus moyens (moyen plutôt élevé) : la réforme du quotient familial qui a beaucoup fait parler et qui n'est pas sûre de voir le jour tant le sujet est sensible. Enfin, une hausse des cotisations retraites de 0,1 point par an touchera là aussi tout le monde.

De son côté, Nicolas Sarkozy n'a pas décrété la chasse fiscale contre ces "plus privilégiés" ou les grandes entreprises. Les allègements d'ISF ou le bouclier fiscal sont encore dans les mémoires de beaucoup qui en font toujours le "président des riches". Toutefois, le président a annoncé dimanche une augmentation de CGG de 2% sur les revenus des produits financiers et l'introduction de la taxation sur les transactions financières (la fameuse taxe Tobin). Niveau fiscalité touchant tous les revenus, nous avons eu récemment le relèvement des taux de TVA réduit (de 5,5% à 7%), avec le micmac administratif qui va avec. Egalement au programme du plan de rigueur d'octobre dernier, le gel des tranches d'imposition qui vont mécaniquement faire passer certains ménages dans la tranche supérieure. Enfin, et c'est l'annonce qui fait le plus parler depuis dimanche : l'introduction de la TVA sociale par une hausse de la TVA de 1,6 point pour compenser une baisse programmée des cotisations sociales sur les salaires de plus de 1,6 fois le SMIC. Mesure qui touchera là encore tous les revenus si l'inflation pointe du coup le bout de son nez. Et donc particulièrement les revenus moyens. Le président ne prétend pas que les classes moyennes ne paieront pas comme le prétend de son côté François Hollande. Et c'est bien la vérité dans les faits. Quelque soit la justesse ou non de sa politique, on peut au moins lui reconnaître cette honnêteté.

Une chose est sûre, le slogan "faire payer les riches" est toujours assez populaire pour attirer le suffrage des électeurs. Malheureusement, la collecte auprès des plus fortunés est toujours plus décevante que prévu. Et il en a toujours été ainsi. Les riches ont le principal défaut d'être trop peu nombreux pour renflouer les caisses d'un Etat en plein marasme déficitaire. Même les taxer au maximum imaginable ne suffira jamais, loin de là. Ce sont donc les classes moyennes, plus modérément taxer mais infiniment plus nombreuses (75% des foyers, gagnant entre 1 600 et 5000 euros par mois) qui renfloueront évidemment les caisses. L'effet nombre est plus fort que l'effet prix. Rien de bien surprenant en fin de compte...