jeudi 14 juin 2012

Bal tragique à La Rochelle

22 mots. 140 caractères. Cela aura suffit à provoquer un cataclysme au plus haut sommet de l'Etat dans cet entre-deux tours des élections législatives. Le tweet de Valérie Trieweiler n'aura pas seulement enflammé la toile et ses réseaux sociaux. Il a considérablement affaibli le parti socialiste, pourtant en position de force pour gagner l'élection de dimanche prochain. Mais aussi fait douter sur les capacités réelles du président Hollande. Peut on gérer les grandes affaires du monde quand ne sait guère gérer ses affaires privés ?

Oui, cette fois, c'est Valérie "Tweetweiler" qui a frappé sur le merveilleux outil de micro-blogging. On se souvenait des contributions toujours d'une grande finesse de Nadine Morano. Personne n'a oublié non plus les tweets d'un grand intérêt d'Eric Besson. Ni la tweeteuse "Lucky luke" Cécile Duflot, je dis des bêtises plus vite que mon ombre. Oui mais voilà, une nouvelle concurrente de choix va sans douter reléguer tout ce petit monde au rang d'amateur dans l'art d'exercer sa bêtise sur tweeter. Le soutien appuyé de la première dame, pardon "first girlfriend", n'est pas passé inaperçu. Alors que l'ex du président Hollande est engagé dans une confrontation périlleuse à La Rochelle, contre un socialiste dissident, la nouvelle du président Hollande règle donc ses comptes avec la première en soutenant son adversaire. Georges Feydeau n'aurait sans doute pas été aussi inspiré pour écrire pareil vaudeville. François Hollande, le beau gosse, au coeur d'une scène de jalousie, qui l'eu cru ? Y aurait-il donc du JR chez FH ?

Dans cette histoire, le parti socialiste aura été à côté de la plaque sur tout. Oui vraiment tout. Un parachutage de Dame Ségolène sans primaire. Merci pour la démocratie participative. Une candidate qui affiche d’emblée la couleur : cette élection n'est qu'un tremplin pour l'accès au perchoir, présidence de l'assemblée nationale. Un socialiste dissident du cru, proche parmi les proches de Hollande, qui se présente quand même. Une candidate qui affiche son mépris : Elle sera élue au premier tour, lui ne fera même pas 5%. Des résultats qui n'accorde pas un triomphe à Dame Ségolène : 32% seulement d'électeurs intelligents qui ont compris, et 29% d'idiots pour le félon. Les électeurs ont mal voté. Un personnage de Bertolt Brecht ne disait-il pas : "le peuple a mal voté, changeons le peuple". Sage précepte.

Qu'importe. Elle n'est pas rancunière madame Royal. La preuve, elle n'en veut pas au félon, Olivier Falorni, de l'obliger à s'abaisser à participer à un second tour. Allez Olivier, désiste toi pour moi et on n'en parle plus. Je serai la seule candidate en lice pour second tour. Comme ça, cette redoutable élection de moi-même soutenue par toute la gauche contre aucun candidat sera un peu plus simple. Et à moi le perchoir. D'ailleurs, je rappelle à la France toute entière que je suis bien candidate à ce poste. Merci François pour le cadeau de consolation. Mes 7% aux primaires socialistes valaient bien ça.

Mais lundi dernier, stupeur ! Le félon Falorni ne se désiste pas. Il ne déroule pas le tapis rouge pour Dame Ségolène. La machine socialiste se met en branle comme un seul homme (Et aussi comme un seul cerveau). Bruno Le Roux, Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry... Tout le monde se succède sur les plateaux télés pour demander, que dis je "exiger", à l'ex-camarade Falorni de se désister pour l'ex. Il y a des règles à gauche. Le premier arrivé en tête reçoit le soutien de tous les autres candidats de gauche. Même face à personne ? Oui, les élections style soviet suprême à candidature unique, on semble aimer ça au PS. Et puis Ségolène c'est Ségolène. Elle a un statut. Ex candidate à la présidentielle. Et ex tout court d'ailleurs. Le cas est suivi en haut lieu à l'Elysée. L'auteur du "Moi, président de la république, je ne serai pas le chef de la majorité", contredit ses promesses de campagne et se fend d'un soutien dans la profession de foi de la candidate. Lui qui ne devait pas intervenir dans les élections législatives dixit lui-même. Tous les ministres sont sommés de donner la charge. The place to be cette semaine, c'est La Rochelle. Mardi, c'est Martine et Cécile qui viennent soutenir Ségolène. Mercredi, c'est monsieur 0,62% au primaire, Jean-Michel Baylet. Avec des soutiens pareils, elle est sortie d'affaire Ségolène, c'est sûr. Bizarre toutefois, tous ces soutiens d'états major parisiens, qui accréditent encore davantage la thèse du parachutage.

Et puis, et puis, et puis... Il y a le tweet. La bombe. Valérie, elle n'aime pas Ségolène. Dès que cette dernière est dans la même salle que François, elle exerce une surveillance rapprochée. Malade de jalousie la Valérie. Ce François Hollande, quel tombeur vraiment ! Alors pensez. Là, l'occasion était trop belle. Ségolène en difficulté, et François qui lui apporte son soutien. Qu'il est bien ce Falorni. Il faut chanter ses louanges sur tweeter. Qu'importe que je sois la "first girlfriend". Je suis une femme libre et indépendance. Je garde ma liberté de ton et peut dire les sottises que je veux. D'ailleurs je garde mon boulot de journaliste et subvient moi-même à mes besoins et à ceux de ma famille. Bon oui, je bénéficie quand même des commodités de la république. Bon oui, j'ai un cabinet de 7 collaborateurs charger exclusivement gérer mes bêtises. Mais c'est vraiment tout. D'ailleurs, je ne serai pas une potiche à la Carla Bruni-Sarkozy. J'ai du caractère moi. Oui, sauf que Carla Bruni n'a jamais mis en difficulté son mari en s'exprimant à tort et à travers, et avait l'énorme avantage de ne pas tweeter. Au secours Carla, reviens !

D'ailleurs ce tweet, c'est celui de qui précisément ? D'une journaliste ? D'une militante socialiste ? De la "first girlfriend" ? On ne sait pas trop. Mais pour les dégâts, le succès est assuré. L'opération Il faut sauver le soldat Royal, avec à l'affiche le lieutenant Martine Aubry et l'adjudant Cécile Duflot est éclipsée par l'affaire du tweet. Les nervis du pouvoir n'osent quand même pas s'attaquer à la copine du chef, et se trouvent un peu désemparés. Reste un angle d'attaque. Il est apporté sur un plateau par un sondage de l'IFOP donnant Dame Ségolène largement perdante face au valeureux petit candidat du cru, mais avec l'appuie massif des voix de l'UMP et du FN. Falorni = Candidat de l'UMP et du FN. Les nervis du parti socialiste retrouvent des couleurs. Feu à volonté sur Falorni. Ségolène = gauche. Falorni = droite. Ségolène = honneur. Falorni = Déshonneur. Ah ça, on ne peut pas dire que la pensée soit très subtile. A côté, Nadine Morano passerait presque pour une femme politique d'une rare finesse intellectuelle. Quand on pense que ce monsieur Falorni s'est mouillé pour le PS pendant des années, et fut parmi les premiers à soutenir Hollande, c'est beau la reconnaissance du militantisme dévoué et désintéressé. Surtout pour se faire tirer dessus par les ralliés de la 25ème heure....

L'appareil socialiste a en tout cas mobilisé ses forces pour sauver l'ex du chef. Car il y tient beaucoup. Par contre, sur les duels FN-PS, et les risques d'élections de députés FN dans le Pas-de-Calais, le Gard, les Bouches du Rhône, rien. Pas un mot. Martine n'ira pas. On ne sauvera pas tout le monde, mais on sauvera Ségolène. Question de priorité. Reste qu'à La Rochelle, dimanche soir, il faudra bien surveiller le dépouillement des bureaux. Des enveloppes peuvent si vite apparaître comme par magie. Mais non, elle ne ferait jamais ça Martine. Allons. Pourtant au congrès de Reims 2008, elle a gagné comme ça Martine parait-il. Dixit Ségolène elle-même. Et à l'époque, c'était contre...Ségolène, sa nouvelle grande copine.

Bal tragique à La Rochelle...

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