vendredi 30 mars 2012

Les courbes se croisent...au premier tour

Est ce un tournant dans la campagne ? Pour l'instant non. Mais les choses commencent néanmoins à bouger dans cette élection où tout semblait déjà écrit d'avance. En effet, depuis maintenant deux semaines, plusieurs des principaux instituts de sondages (l'IFOP d'abord, CSA ensuite et enfin la SOFRES) ont successivement noté une même tendance : François Hollande marque le pas, perdant même plusieurs points par rapport au mois de février. A l'inverse, le président sortant, Nicolas Sarkozy, en gagne. Et logiquement, les courbes se sont croisées. Oui, les choses bougent. Mais, si les courbes se croisent, c'est uniquement au premier tour.

Ainsi, selon les différents instituts, les deux principaux candidats se tiennent désormais dans un mouchoir de poche pour être en tête au premier tour. Mais, avec un candidat de droite qui semble inexorablement passer devant, puisqu'il est régulièrement crédité de 28 % à 30 % des intentions de vote contre 26 % à 28 % pour le candidat socialiste. Derrière cette tendance, se cache un autre croisement de courbe, non encore confirmé par toutes les enquêtes, mais au moins identifié par certaines. C'est Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de Gauche, qui passerait ainsi de la 5ème à la 3ème place, au nez et à la barbe de Marine Le Pen et François Bayrou. Attention toutefois, les écarts sont très faibles et les électorats de ces trois candidats particulièrement volatiles. Mais il semble en tout cas envisageable que Jean-Luc Mélenchon, avec 13 % ou 14 % d'intentions de votes, finisse l'élection devant la candidate du Front National et celui du Modem

La campagne n'est pas terminée, mais nous sommes néanmoins à trois semaines seulement du premier tour. Et pour tous les candidats, la dynamique s'est ou non lancée. Il n'y a désormais guère à espérer un tardif déclenchement si cela n'a pas été le cas, seulement une éventuelle bonne ou mauvaise surprise, dans le secret de l'isoloir. Qu'en est-il alors de ces dynamiques de campagne ? Tout d'abord, il convient de souligner le climat particulier de cette campagne. Contexte économique difficile, fort rejet des politiques, cette campagne passionne moins que d'habitude, mobilise moins que d'habitude. Et si les militants et passionnés de politiques se rendent bien dans les meetings ou sur les marchés, les enquêtes d'opinion montrent clairement un manque d'entrain pour cette élection présidentielle. Celles-ci révèlent en effet que les français sont nettement moins intéressés par cette campagne que par les précédentes, notamment celle de 2007. Ils sont aussi moins nombreux à déclarer vouloir y participer. Enfin, ils sont plus nombreux à être indécis, notamment sur leur vote de 2ème tour.

Dans ce contexte, deux candidats tirent néanmoins un peu leur épingle du jeu. Tout d'abord le président sortant, Nicolas Sarkozy. Depuis son entrée en campagne, il a pris 4 ou 5 points dans les sondages, passant de 24% - 25 % à 28 % - 30 %. Historiquement, tous les présidents sortants enregistrent un gain de 2 ou 3 points lors de leur déclaration de candidature, avant de les reperdre presque aussitôt. Dans le cas de Sarkozy, il a effectivement pris ces 2 points, pour les reperdre très vite. Avant d'enclencher une véritable dynamique, portée notamment par son grand meeting de Villepinte le 11 mars dernier, et par une grande tournée des plateaux télés et des radios. Mais au delà, c'est surtout le message qu'il délivre qu'il convient d'analyser. En effet, comme on pouvait s'y attendre, le candidat-président renoue avec sa stratégie de 2007. Sa campagne s'est ainsi tournée vers les catégories populaires, clé de l'élection, avec une tentative de réconciliation entre les électeurs du "Oui" et ceux du "Non" au traité européen de 2005. Pour cela, il remet en place sa stratégie de conquête électorale autour de trois axes forts. Sur son côté droit (conseillé par Patrick Buisson), des signes sont envoyés aux électeurs tentés par Marine Le Pen : sortie de Schengen dans un an si aucun accord n'est trouvé, réduction du nombre d'entrée d'immigrés. Sur son côté gauche (conseillé par Henri Guaino), c'est le rappel des valeurs du gaullisme social, la promesse de mettre fin aux rémunérations excessives et aux "golden" parachutes des grands patrons, ou encore la proposition de taxer les exilés fiscaux. Enfin sur son centre (conseillé par Emmanuelle Mignon), c'est l'Europe et l'avenir du couple Franco-Allemand qui est exalté,  et un discours de Villepinte en appelant aux pères fondateurs de l'Europe, notamment Jean Monnet et Robert Schuman. La libre entreprise n'est pas oubliée. Des exonérations de charges sont proposées pour l'embauche des seniors et pour les artisans. Le président s'affiche aussi volontiers avec les centristes sociaux Jean-Louis Borloo et Pierre Méhaignerie. Conforme à sa personnalité excessive, le candidat Sarkozy est donc capable de faire campagne plus à droite que Marine Le Pen, plus à Gauche que Jean-Luc Mélenchon, et plus au centre que François Bayrou. L'attelage idéologique peut laisser perplexe, mais ce cocktail a déjà fait ses preuves, avec succès, en 2007.

L'autre candidat à tirer son épingle du jeu, c'est Jean-Luc Mélenchon. Longtemps sous la barre des 10 % avant fin février, il est maintenant pointé à 13 % ou 14 % selon plusieurs études, et donc capable de concurrencer sérieusement Marine Le Pen et François Bayrou. Sa montée en puissance, Mélenchon l'a doit en partie à lui même. Soutenu par un Parti Communiste Français moribond, un succès semblait difficile à imaginer. Sauf que les talents de ce tribun médiatique ont fait mouche dans l'opinion. Le contexte de crise a évidemment largement aidé, la gauche de la gauche considérant ses thèses validées. Enfin, le candidat du Front de Gauche rassemble sur son nom d'anciens électeurs d'Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, leurs successeurs Nathalie Artaud et Philippe Poutou peinant à prendre la relève. Dans le paysage politique français, l'extrême gauche rassemblée représente environ 10 % des suffrages. A 14 %, Mélenchon séduit donc au delà. Chez les abstentionnistes d'abord, mais il attire aussi des électeurs de François Hollande. Depuis son insurrection citoyenne et sa "prise de la bastille", c'est le candidat qui a le vent en poupe. Et les évènements de Toulouse n'ont pas cassé cette dynamique.

Deux candidats, parmi les principaux, semblent eux être un peu passé à côté et n'ont pas trouvé vraiment leurs créneaux : Marine Le Pen et François Bayrou. La candidate du Front National fera peut être mieux que son père en 2007, mais il semble exclu qu'elle puisse s'immiscer dans le duel promis Hollande - Sarkozy. Concurrencé sur sa droite par Sarkozy, champion des thèmes régaliens, elle n'a pas réussi sa percé espérée sur les sujets économiques et sociaux. La sortie de l'euro et la fermeture des frontières contre la mondialisation ne sont pas pris au sérieux. François Bayrou, lui, semble en net recul par rapport à ses 18 % de 2007. Cette année là, c'est lui qui avait crée la dynamique. Son heure semble être passée, il n'est plus le "rebelle" de l'élection. C'est au tour de Mélenchon de bénéficier, le temps de quelques semaines, de l'effet nouveauté et de connaitre les faveurs de l'opinion.

Enfin, un candidat était parti sur une dynamique très forte, qui s’effrite désormais de façon continue et presque inexorable. C'est bien sûr le toujours, mais de moins en moins, favori de l'élection : François Hollande. Porté par les primaires, il caracolait dans les intentions de votes il y a encore quelques mois. On lui attribuait de 35 % à 39 %  au premier tour, et environ 65 % au second. C'était il y a 3 ou 4 mois. Depuis, il a perdu au moins 10 points au premier tour, et tout autant au second tour. Il se situerait ainsi désormais entre 53% et 55% selon les différents instituts, ce qui reste encore très confortable. Pourtant, le candidat socialiste suscite peu d'enthousiasme et le candidat semble avoir perdu la dynamique de son début de campagne. Lors des primaires, ces concurrents l'avaient attaqué comme étant un candidat "flou" et "mou". Cette image lui colle désormais à la peau, et le doute s'installe dans la tête des électeurs. Le slogan de Nicolas Sarkozy (La France Forte), rappelle constamment qu'il incarnerait donc, dans cette logique, "La France molle".  Même des électeurs socialistes doutent, et certains préfèrent jouer Mélenchon, au moins pour le premier tour. Et Hollande baisse à 26 %. Dans une interview il y a quelques semaines, le conseiller opinion de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, décrivait cette absence de dynamique chez le candidat socialiste, et prédisait qu'il ferait moins bien que Ségolène Royal en 2007 (25,8%). Cela paraissait saugrenue, tant le candidat paraissait dominateur. Finalement, on y est presque. Du coup, la nervosité gagne le camp socialiste qui a pourtant la victoire à portée de main. La séquence toulousaine a également perturbé la campagne socialiste, en représidentialisant Nicolas Sarkozy, très à son avantage dans l'exercice. D'où les attaques des lieutenants de Hollande contre l'intervention du RAID. Maladroites et malvenues, elles n'ont pas pris, bien au contraire.

Avec au moins 53 %, François Hollande conserve toujours une belle avance et ses chances de l'emporter le 6 mai prochain. D'autant que les points seront de plus en plus difficile à grappiller pour Nicolas Sarkozy. Il faudra en effet convaincre de plus en plus des électeurs déjà décidés à changer d'intention de vote, et surtout les nombreux indécis du second tour, qui détiennent les clés du scrutin. A ce jeu, le président sortant semble néanmoins avoir réussi le tour de force d'améliorer sensiblement les reports de voix pour le 2 ème tour. Ils passent ainsi de 30 % à 50 % pour l'électorat de Marine Le Pen. Et de 20 % à 50 % pour celui de François Bayrou. C'est encore insuffisant, mais en seulement quelques semaines, cela semble être une validation de sa stratégie de campagne.

On observe toujours un resserrement des intentions de votes à l'approche de l'élection entre le candidat favori et son challenger. Sans que cela ne change pour autant le résultat de l'élection, dont le sort est généralement plié beaucoup plus tôt, les candidats ultras favoris se détachant, ou au contraire s'écroulant très vite. Si Nicolas Sarkozy parvenait à gagner dans le dernier mois de campagne, ce serait sans précédent.

Les courbes se croisent...au premier tour.

mercredi 28 mars 2012

L'imposture climatique de Claude Allègre

Le réchauffement climatique, c'est un des principaux sujets de cette dernière décennie. Et il doit même être LE sujet, LE seul, du 21ème siècle. C'est du moins le message qui nous est matraqué presque quotidiennement. Protocole de Kyoto en 1997, sommet de Copenhague en 2009, Nicolas Hulot, son pacte écologique de 2007 et son téléfilm à succès Home en 2009, Al Gore et son film la Vérité qui dérange en 2006. Nous sommes, depuis plus d'une décennie, abreuvés d'informations et de théories alarmistes quant à l'avenir du climat de notre planète.

Car que nous dit on exactement ? D'abord que la planète se réchauffe, et que ce phénomène ne va faire que s'accentuer. A l'horizon 2100, la planète verra sa température augmenter en moyenne de 2 à 3 degrés. Mais les conséquences alors ? Catastrophiques nous dit-on. D'abord le Groenland va fondre. D'ailleurs, c'est déjà le cas. L’antarctique aussi. Et alors ? Du coup, les océans vont monter, et gagner au moins 5 m sur la terre. Une partie de l'Europe passerait alors sous l'eau, ainsi que de nombreuses îles. C'est la vie terrestre qui est menacée.  D'ailleurs, certains pays, comme les Maldives, sont déjà en train d'être submergés. Autre conséquence de la fonte des glaces, l'avenir de l'ours blanc. Qui n'a pas vu l'image de cet ours blanc debout sur un bloc de glace décroché du pôle nord. Le réchauffement climatique, ce serait aussi la sécheresse dans les pays chauds, et des canicules beaucoup plus fréquentes dans les pays du nord, comme celle de 2003. Enfin, ce réchauffement entraînerait un dérèglement climatique, expliquant le passage des cyclones ou le décalage parfois constaté des saisons. Mais comment peut-on expliquer le réchauffement climatique ? Très simple, par l'effet de serre, engendré par une augmentation de la teneur en CO2 dans l'atmosphère. Et pourquoi le CO2 augmente dans l'atmosphère ? Très simple là encore, par l'action néfaste de l'homme et de son développement sauvage, consommateur en énergie fossile. La boucle est bouclée et la démonstration sans appel : l'homme court à sa perte par sa propre faute en mettant en danger la planète.

Mais qui nous dit ça exactement ? Eh bien tout le monde. Les journalistes, les écologistes, les politiques, les intellectuels, les économistes, les mécènes, les bienfaiteurs de l'humanité et même et surtout les scientifiques. La preuve, tout ce petit monde s'occupe du sujet qu'il prend très au sérieux. Des sommets sont organisés, sortes de grands raouts rameutant tout ce que le monde compte d'experts, de près ou de loin, sur le sujet. Dernier en date, le sommet de Copenhague de 2009. Tout le monde, vraiment tout le monde ? Non, dans le pays du village Gaulois, un homme brise cet unanimité : Claude Allègre.

Quand on parle de Claude Allègre, ça sent forcément la poudre. Homme de science, spécialiste de géochimie, il est lauréat de nombreux prix pour ses recherches tel le prix Crafoord ou la médaille d'or du CNRS. Il est aussi membre de l'académie des sciences. Oui mais voilà, Claude Allègre, c'est aussi l'homme médiatique iconoclaste, connu pour son franc parler. Comme ministre de l'éducation nationale, il réussit à faire l'unanimité contre lui en voulant dégraisser cette structure, qu'il qualifia de "mammouth". C'est aussi l'homme de gauche capable de tirer à vu sur son camp, jusqu'à rallier Nicolas Sarkozy depuis 2007, et faire campagne pour lui en 2012. Mais enfin, et surtout, c'est le scientifique qui se plait à naviguer à contre-courant, quitte à se mettre à dos la communauté scientifique. Ce qu'il a parfaitement réussit à faire. Suite à la sortie de son livre, "L'imposture climatique", il a ainsi vu 600 chercheurs pétitionner contre lui auprès de Valérie Pécresse, alors ministre de la recherche. Dans quel but, on peut se demander ? Le faire taire probablement puisque certains ont pu à l'époque parler de lui comme d'un "négationiste". Au pays de Voltaire, ça laisse un peu dubitatif.

Car Claude Allègre pose problème. Il ne croit pas aux théories officielles que l'on nous sert quotidiennement sur le réchauffement climatique. Dans un entretien avec Dominique de Montvalon, le scientifique s'explique et  démontre les ambiguïtés des thèses de ces détracteurs. Contrairement aux réactions effrayées de certains de ces collègues, l'ouvrage est en réalité assez nuancé, et il ne donne d'ailleurs pas complètement tord à certaines des thèses ambiantes. Ainsi, il reconnait volontiers que le taux de CO2 a augmenté dans l'atmosphère depuis plus d'un siècle et que l'homme en est certainement à l'origine. Ceci est prouvé par des mesures faites à Hawaï. Il met seulement en garde sur le fait que la terre a, par période, contenu bien plus de CO2 dans l'atmosphère, et ce avant même que l'homme ne fasse son apparition sur terre. Il convient donc de relativiser l'influence de l'homme. Les vaches et les boeufs dégagent du méthane, autre gaz à effet de serre. Ces animaux ont donc leur par de responsabilité également. Ensuite, le CO2 serait pour les 2/3 absorbé par l'océan. 1/3 seulement restant dans l'atmosphère. Claiude Allègre rappelle aussi quelques évidences que l'on apprend dès le plus jeune âge à tout écolier. D'abord que le CO2 n'est pas le mal absolu. C'est un gaz rare de l'atmosphère (0,039 %) qui est indispensable à la vie. C'est aussi le gaz indispensable à la photosynthèse des plantes qui rejettent en retour de l'Oxygène. Enfin, il n'était pas inutile de rappeler que le principal gaz à effet de serre présent dans l'atmosphère, et de très loin, reste la vapeur d'eau. Si les dégagements de CO2 augmentent donc depuis un siècle et la révolution industrielle, il convient de relativiser et dédramatiser un peu son impact sur la température de la terre.

Car là est le coeur de l'ouvrage de l'ancien ministre. Pour lui, le réchauffement climatique n'est pas avéré. Ce n'est pas qu'il le conteste, c'est plutôt qu'il démontre que, pour lui, ce phénomène n'est pas prouvé. Et surtout, que le lien aujourd'hui évident pour tout le monde augmentation du CO2 = augmentation de la température n'est, en aucun cas, prouvé par les travaux réalisés jusqu'à présent. Dans le collimateur, il a évidemment le GIEC (Groupement d'Expert Intergouvernemental sur L'Evolution du Climat). Cette techno-structure, s'appuyant sur des économistes, des scientifiques (peu) et des technocrates (beaucoup) n’adopte pas pour lui une démarche scientifique honnête. L'attaque est sévère, mais si celle-ci est bien avérée, c'est édifiant. Les mails échangés en sont sein, et qui ont pu être piratés semblent aller dans ce sens. Tout d'abord, le GIEC a adopté le postulat que la terre se réchauffe, et que ceci est dû à l'augmentation de la teneur en CO2. Le travaux phare pour le prouver a longtemps été la courbe de Mann et Jones, établissant une corrélation très forte entre les deux phénomènes. Sauf que la courbe s'est avérée fausse et la démarche scientifique de sa construction très douteuse, voire carrément malhonnête. Plus personne ne s'en réclame d'ailleurs. Depuis, le GIEC ferait donc de l'intimidation pour ne pas perdre ses budgets. Le fait est que l'organisation ne tolère pas les avis dissidents de certains scientifiques, avis qui pourtant existent. L'enjeu principal pour cette techno-structure étant de ne pas perdre ses budgets, en jouant à fond la carte du catastrophisme des réseaux politiques.

Claude Allègre a également en ligne de mire l'ancien vice-président des Etats Unis, Al Gore, devenu chantre de la lutte contre le réchauffement climatique, et reconverti dans le business du réchauffement. Il donne ainsi des conférences à 200 000 dollars de l'heure, et possède une maison consommant 23 fois plus qu'un foyer américain moyen. Curieux sauveur. Son film La vérité qui dérange, sorti en 2006, est pour beaucoup de scientifiques un tissu de mensonges et contre-vérités flagrantes. D'ailleurs, même les partisans du "Global Warning" ont pris leurs distances. Allègre n'est pas en reste sur l'écologiste français Nicolas Hulot, qui avait pourtant su capter la signature de tous les candidats à la présidentielle de 2007 pour son pacte écologique, en échange de sa non candidature. Il n'aurait en réalité aucune culture scientifique et n'y connaîtrait tout simplement rien au sujet. C'est dit !

Mais qu'en est il réellement alors ? Claude Allègre délivre surtout un message de prudence et de modération quant aux théories qui ont court et s'inscrit en faux contre le message de catastrophisme délivré par certains écologistes. La terre se réchauffe-t-elle ? Peut être, par endroit, d'après certaines mesures. En d'autres non. Des glaciers se reforment aussi en Norvège. Ce qui est contestable, selon lui, c'est la notion de température moyenne, impossible à établir de façon incontestable. Comment mesurer la température en tous points  des océans qui recouvrent 70% de la planète. L'ancien ministre rappelle aussi que dans les années 70, certains des adeptes actuels du réchauffement climatique parlait à l'époque de "refroidissement" climatique", suite à plusieurs hivers très froids. Un rapport avait même été remis au président américain Richard Nixon pour l'avertir d'un retour imminent de l'ère glaciaire. Peut on considérer de tels jugement sérieusement dans ces conditions ? Dans ce cas, il est établi que la France a connu en 2008, 2009, 2010 trois hivers particulièrement froid. Va t on en conclure à un retour du réchauffement climatique ? Un peu de sérieux. Dans sa démonstration, le scientifique explique aussi que la Terre a connu des périodes plus chaudes qu'actuellement, par exemple de l'an 800 au 15 ème siècle environ. Pour connaitre ensuite un refroidissement et une petite ère glaciaire, jusqu'au début du 19 ème siècle. Et enfin un réchauffement progressif jusqu'à aujourd'hui. Ce moyen âge, plus chaud qu'aujourd'hui, ne peut donc avoir comme conséquence l'action productrice et consommatrice de l'homme.

On le voit l'histoire n'est donc pas si simple. L'auteur insiste notamment sur la complexité scientifique des études sur le climat. En cause, les travaux de beaucoup de laboratoires qui ne reposent que sur la modélisation et le calcul informatique, dans un but purement prédictif. Le simple travail d'observation, pourtant si important pour la compréhension des phénomènes physiques n'est plus la priorité. Or, rappelle Allègre, il est totalement illusoire de vouloir prédire le climat et la température qu'il fera en 2100, alors que les prévisions météorologiques ne sont plus du tout fiables au delà de 3 ou 4 jours. De plus, ces tentatives de prédictions partent toujours des hypothèses actuelles, sous estimant les futures innovations qui bouleverseront, à n'en pas douter, notre mode de vie dans les prochaines décennies. Enfin, est totalement occulté l'action de la nature elle-même, comme si, malgré toute sa complexité, la Terre était parfaitement connu et inactive. Comme si elle n'avait pas elle même de capacité à s'auto-réguler. Après tout, davantage de CO2 dans l’atmosphère et les océans, c'est aussi plus de photosynthèse, donc plus de végétation et de plancton capable de capturer les futurs excédents de CO2. Cela reste bien sûr une hypothèse, mais la géo-ingénierie commence à faire son apparition dans les milieux scientifiques. Avec comme idée de réguler le climat, en apportant une réponse scientifique et innovante. Voilà qui peut contrebalancer le catastrophisme et l'appel à la décroissance.

Finalement, Claude Allègre, dans un livre très accessible, nous amène à réfléchir sur la Terre, sur la démarche scientifique, et à nous méfier des idées toutes faites. Il convient bien entendu de rester prudent et de comparer son point de vue avec d'autres ouvrages. Sylvestre Huet, sous le titre L'imposteur c'est lui : Réponse à Claude Allègre, dénonce par exemple les erreurs du scientifique.  Quoiqu'il en soit, loin de la polémique, Allègre défend deux idées qui devraient au moins rassembler tout le monde. Tout d'abord la liberté de recherche pour tous les scientifiques, qui ne doivent pas être dénigrés voir insultés pour leurs opinions divergentes et minoritaires. La vérité officielle n'existe pas en science et le doute doit être permanent. La démocratie n'existe pas en science. Une minorité contre une majorité peut avoir raison. Un homme seul contre tous peut avoir raison. Ce sont d'ailleurs les chercheurs qui se sont opposés aux idées de leurs époques qui ont fait les plus grandes découvertes. Demandez donc à Copernic ou Galilée s'ils étaient majoritaires ? L'auteur défend aussi l'idée que, plutôt que de se focaliser sur le climat et la température qu'il fera dans un siècle, phénomène incertain, aux conséquences encore plus incertaines, les politiques et scientifiques devraient plutôt se mobiliser sur des sujets qui touchent aujourd'hui gravement certains pays et de nombreuses populations. La famine bien sûr, les pollutions des rivières, mais aussi le thème de l'eau. Qui sait qu'il y a eu un sommet sur le réchauffement climatique ? Tout le monde. Qui sait qu'il y a eu un sommet sur l'eau ? Personne, car ni médiatisé ni visité par les grands de ce monde. Et si LE sujet du 21 ème siècle c'était l'avenir de l'eau.  Le réchauffement climatique est une névrose des occidentaux. L'eau est l'enjeu vital du reste du monde. 

mardi 27 mars 2012

Du mauvais usage de Twitter

Oui, je l'avoue, dès le départ, j'avais plutôt une mauvaise image de Twitter, ce site communautaire de micro-blogging à 140 caractères maximum. Peut être en raison de l'affligeant bêtiser hebdomadaire que recensent certains médias. Une sorte de "Best Of" ou plutôt "Worst of" twitter. En tête du hit parade, on retrouve souvent l’inénarrable Nadine Morano, qui, dixit elle-même, twitte d'abord, réfléchit ensuite, ou encore Eric Besson qui semble confondre entre twits privés et twits publics. Bref, on ne sait toujours pas avec qui le ministre va se coucher quand il est trop fatigué. Et on s'en fiche pas mal en fait. On espère au moins pour l'intéressée que c'est sa femme... 

Pourtant, à première vue, twitter n'a rien de bien méchant. On s'inscrit, on s'abonne comme "follower" d'autres utilisateurs, et on "twitte" soit même, en le faisant partager à ses propres followers. Basé sur des messages échangés instantanément, c'est l'assurance d'obtenir un maximum d'informations par le biais de son réseau, et ce en "live". Et comme le site limite chaque "twit" à 140 caractères, cela oblige à aller à l'essentiel. La lecture n'en est que facilitée, et permet donc de suivre un maximum de flux. A condition toutefois de s'y retrouver dans cette somme colossale d'informations.

Moyen moderne d’interagir avec ses supporteurs et plus généralement avec les électeurs, la plupart des politiques s'y sont mis. Il y a les champions du twit. A gauche Cécile Duflot s'y déchaîne très souvent. Manuel Valls aussi. A droite, Nathalie Kosciuszko Morizet y est plutôt appréciée. A l'opposée d'une Nadine Morano qui inonde ses followers de stupidités jusqu'à les saturer. Même les politiques confirmés et candidats à l'élection présidentielle ont dû s'y mettre, notamment Nicolas Sarkozy ou François Hollande. La puissance du site fait qu'il devient inconcevable de ne peut pas avoir son compte. On pouvait déjà être amis de Nicolas Sarkozy ou François Hollande sur facebook. On peut désormais suivre leurs campagnes électorales sur le site de micro-blogging et être sûr de ne perdre aucun des préciseux "twits" d'un des prétendants à l'Elysée. Quel progrès ! Sauf que bon, ils ne rédigent pas eux même les twits. Des équipes de com' le font pour eux. Ou comment détourner totalement twitter de son esprit.

Cependant, avec le drame de Toulouse la semaine dernière, nous avons pu observer certains comportements sur Twitter qui laisse quelques peu perplexes sur la réelle utilitée de ce média. Ainsi, dès lundi dernier, la nageuse Laure Manaudou réagissait sur son compte en twittant sur l'horreur que lui inspirait le drame de Toulouse et la sauvage tuerie devant l'école. Jusque là, tout va bien. Puis, dans un second twit, la championne pointe du doigt l'effet néfaste des jeux vidéos, coupables d'après elle d’entraîner des comportements violents. Sur le fond, on peut vraiment en discuter. Rien n'a été prouvé sur le sujet, et ce n'est en l'occurrence pas, ici, l'élément déclencheur de cette sordide histoire. Mais c'est néanmoins un avis couramment répandu et respectable. Sauf que c'est un déchaînement de haine et de messages injurieux qui déferle sur le compte de Laure Manaudou. Celle-ci fermera son compte twitter le soir même. Ce média, instantanéité oblige, n'est pas modéré comme peuvent l'être les journaux en ligne ou les forums de discussion. Les pires dérives et injures sont donc possibles. Premier problème.

Toujours le lundi, une cérémonie de prière et de recueillement est organisée à la synagogue Notre Dame de Nazareth à Paris, en mémoire des victimes de l'école toulousaine. De nombreux politiques s'y pressent, surtout lorsqu'ils sont candidats à l'élection présidentielle. François Hollande s'y rend également avec un petit cortège du PS composé notamment de Valérie Trierweiler, sa compagne ou encore Manuel Valls, le directeur de communication de sa campagne. Ce dernier, que l'on a connu plus inspiré, va lui aussi y aller de son twit, expliquant qu'il est avec le candidat socialiste et sa compagne dans la synagogue pour le recueillement. On peut se demander si envoyer un twit en pareil moment, dans un lieu sacré qui plus est, était vraiment du meilleur goût. On se souvient d'un Nicolas Sarkozy épinglé par les médias pour avoir envoyé des sms pendant l'homélie de Benoit XVI à la basilique Saint Pierre de Rome. Était-il à ce point indispensable de twitter à ce moment précis ? C'est manuel Valls qui se fait prendre ici, mais on se souvient aussi de députés UMP twittant en pleine réunion avec le président de la république. Dans le but bien évidemment d'informer le citoyen électeur de ce qui se disait à huis clos. Comme-ci attendre la fin de la réunion était à ce point une torture insupportable ? Seraient-ils donc tous démangés par le démon du twit ? Le vrai problème que cela pose ici, c'est clairement celui de la course au scoop, la compétition de celui qui sera le premier à relayer une information. Sans même avoir pris un minimum de recul par rapport au contenu envoyé ni même au contexte de l'envoi. Des politiques devenus de simples relais sans aucune réflexion derrière ? Avec le quinquennat, on a accéléré le temps politique. Avec twitter, on l'a carrément supprimé. Deuxième problème.

Enfin, mercredi dernier, Jean-Jacques Urvoas, le député PS du Finistère et "Monsieur Sécurité" du Parti Socialiste va lâcher un twit particulièrement maladroit et, disons le, carrément stupide. Et ce, au moment même ou le RAID commençait son assaut de l'appartement de Mohammed Merah. Que dit-il dans son twit ? Et bien qu'il est étonnant d'après lui qu'en 30 heures de siège, les hommes du RAID soient incapables d'aller chercher un homme seul. Mais bien sûr, c'est évident, pourquoi n'y ont ils pas pensé plus tôt ! Quand on pense que ce monsieur est en charge des questions de sécurité auprès de François Hollande, et qu'il sera peut être, dans quelques semaines, son conseiller, voire son ministre, cela fait plutôt peur d'entendre de telles bêtises. C'est tout juste digne de propos de café du commerce. On n'est pas loin ici de ses "grands sportifs" du café des sports assis devant leur verre et regardant un match à la télé, n'hésitant pas critiquer parce qu'un joueur n'a pas mis un but ou ne court pas assez vite. Conscient de sa bourde, le député twitte de nouveau quelques minutes plus tard pour s'excuser. Il s'explique, précisant que 140 caractères, c'est trop court pour développer sa réflexion sur la situation toulousaine. Et là, en revanche, il a raison et pointe du doigt le dernier problème de ce média. Par la limitation du nombre de caractères, il oblige les utilisateurs à faire court, et donc à exprimer un avis, sans nuancer, ni développer de réflexion fine et mesurée. Et c'est un vrai problème en politique, car si relayer des informations factuelles est possible en quelques mots, développer une réflexion politique ne l'est pas. Troisième problème.

C'est pourquoi on se rend compte, à la lecture de tous ces twits de politiques, qu'ils n'ont pour la plupart aucun intérêt, si ce n'est celui d'occuper le terrain et de faire celui qui est à la page des dernières tendances geeks. Malheureusement ce mode de pensée conduit au degré zéro de la réflexion politique. Il ne faut dès lors pas s'étonner de la pauvreté du débat. Georges Frêche, l'ancien sulfureux président de la région Languedoc Roussillon, disait avant sa mort qu'il faisait campagne pour les cons, parce que les gens intelligents, il n'y en avait que 6 ou 7 %. On ne peut que regretter qu'il aie raison.

Du mauvais usage de Twitter...

mercredi 21 mars 2012

Ils auraient dû se taire

La semaine dernière, trois soldats de l'armée française, tous trois parachutistes ayant servi en Afghanistan, et stationnant avec leur régiment à Montauban ont perdu la vie. Victime d'un lâche et monstrueux assassinat devant leur caserne par un assassin particulièrement déterminé et rempli de haine. Son mode opératoire est simple. Il arrive en moto, et sort son calibre 45 (11,43mm pour les connaisseurs que je ne suis pas). Il élimine alors de sang froid ces trois malheureux de façon méthodique et ciblée contre eux. Deux d'entre eux semblent d'origine maghrébine. L'autre est antillais. 

Lundi matin 8h00, devant le collège-lycée Ozar Hatorah, établissement scolaire de confession juive, c'est trois enfants et un professeur, tous juifs qui sont, là encore, lâchement assassinés. Le mode opératoire est le même. La moto, le calibre, la détermination, la méthode. Les victimes sont supprimées à "bout touchant", signe d'une haine particulièrement féroce de l'individu. Comble de l'abject, il portait sur lui une caméra pour filmer son crime. Dans cette horreur, ce sont deux familles traumatisées à jamais, et plus largement toute un quartier, toute une ville, toute une communauté, tout un pays. Concernant l'assassin, il n'y a guère de doute, c'est le même que celui des militaires de Montauban. 

C'est évidemment un traumatisme pour tout le pays, surtout quand celui-ci est en pleine période électorale. Nicolas Sarkozy suspend sa campagne électorale et reprend dignement ses habits présidentiels pour honorer la mémoire des victimes et ordonner des moyens exceptionnels pour faire aboutir l'enquête au plus vite. François Hollande suspend lui aussi sa campagne et met ses pas dans ceux du président. D'abord en se rendant également à Toulouse, dans l'école où a eu lieu ce crime odieux, puis le soir à la synagogue Notre-Dame de Nazareth à Paris, enfin aujourd'hui à Montauban pour les obsèques des trois parachutistes. Mis à part une petite rechute inélégante le mardi matin dans son interview sur RMC où il sous entendait que le pouvoir actuel avait peut être sa part de responsabilité, il a plutôt eu une conduite digne dans cet épisode tragique. On pourra toujours s'interroger sur ce comportement de "président-bis", qui n'était peut être pas indispensable. Mais que n'aurait on dit s'il n'y était pas allé. Dans ces circonstances, et même s'il n'a pas de mandat particulier, mieux vaut en faire trop que pas assez.

En revanche, passer les deux favoris, les autres acteurs de cette élection présidentielle n'ont pas spécialement brillé. Nathalie Artaud (Lutte Ouvrière) refuse de s'associer à l'union nationale. Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) poursuit de plus belle sa campagne électorale, sans doute par peur de voir l'élan suscité par sa prise de la bastille de dimanche stoppée en plein vol. Et puis il y a François Bayrou, souvent opportuniste, qui voit l'occasion de se démarquer et va même, lors d'un meeting à Grenoble sous entendre que le pouvoir actuel n'y est peut être pas étranger. Dans cette droite lignée, l'ex candidate (ouf) Corine Lepage parle même "d'un climat de haine". Quant aux commentateurs extérieurs, ils se prennent largement les pieds dans le tapis, à l'image de Dominique Sopo, le président de SOS racisme, que l'on a connu plus inspiré, qui met en cause Marine Le Pen. Quant à nos "grands penseurs", ils se fourvoient aussi à l'image de Bernard Henri-Lévi, pour qui la cause de massacre n'est autre que le débat sur l'identité. 

Car la cause semble entendue. Le crime est forcément raciste, et vient très probablement de l'ultra-droite. Le raisonnement est simple. Si l'assassin s'en prend à la fois à des soldats maghrébins ou Antillais, puis à des personnes de confession juives, c'est forcément la piste à suivre. Et si cet assassin a agit ainsi, c'est qu'il y a été incité. Comment ? Par le climat "de haine" qu'il y aurait en France. Et pourquoi pareil climat de haine ? Par la présence au pouvoir d'un président de la république et d'un gouvernement lançant des débats sur l'identité nationale et l'immigration. Ou encore par la présence d'une Marine Le Pen faisant un coup médiatique sur la viande Hallal en île de France. Dans ce contexte, des esprits faibles n'auraient donc aucun mal à passer à l'acte.

Sauf que ce matin, rebondissement dans ce drame tragique. L'assassin s'appellerait en réalité Mohammed Mérah. Il aurait 24 ans. Il serait français et de la mouvance Al-Qaïda. Il aurait à ce titre séjourné dans des camps d'entrainement en Afghanistan. Il aurait agit pour venger les enfants palestiniens et projetait de poursuivre son oeuvre sordide. Et finalement, ce profil colle évidemment plus avec les analyses que les criminologues avaient pu apporter ces derniers jours au regard des faits. On a ici affaire à un homme très entraîné, fanatisé, et en mode commando. Tuer à "bout touchant", c'est à dire à quelques centimètres de sa victime est le signe d'une haine fanatique que pouvait avoir les kamikazes du 11 septembre 2001. Les autorités policières et du renseignement ont rapidement convergé sur la piste Al-Qaïda et remonté la piste de cet individu, connu de la DCRI pour avoir séjourné en Afghanistan.

Le problème, c'est que c'est tout le schéma construit par ces hommes politiques en mal de suffrages et commentateurs en mal d'idées qui se trouve faussé. Bien que tout le monde s'en défendent, la plupart ont consciemment ou inconsciemment tenté de récupérer ce tragique évènement, l'un des plus tragiques de ces dernières décennies. Ils ont préféré interpréter des évènements qui leurs échappaient pour servir leur cause plutôt que de se ranger dans l'union nationale qu'imposent de telles circonstances. Et cela, oui, c'est condamnable. On peut ne pas aimer le président de la république, on peut ne pas être d'accord avec tel ou tel débat. Et parfois à raison d'ailleurs. Mais on ne mélange pas tout en de pareils circonstances. Non tout n'est pas possible. 

Il est notable, qu'il y a des précédents à ce genre d’évènement tragiques et à son traitement. Octobre 1980, attentat devant la synagogue de la rue Copernic à Paris qui fait plusieurs mort. L'enquête va s'orienter vers la piste d'extrême droite. Le pouvoir socialiste, à partir de 1981, va lui même orienter l'enquête en ce sens. Les auteurs viendront en réalité d'une autre piste, le terrorisme libanais. Mais l'enquête aura perdu trop de temps. Les coupables, bien qu'en partie identifiés, ne seront jamais appréhendés. Plus récemment en 2004, en Espagne. Terrible attentat à Madrid quelques jours avant les élections. Le pouvoir en place, la droite de José Maria Aznar, l'attribue hâtivement à l'ETA. Sauf que c'est en réalité Al-Qaïda qui est en l'auteur. La droite perd dans la foulée les élections. 

Il y avait une attitude simple et digne. Se recueillir en mémoire des victimes et attendre les conclusions des enquêteurs. Certains l'ont fait. D'autres opportunistes non. Ce qui n'empêche pas de condamner l'antisémitisme et l'islamophobie. Mais c'est au quotidien que ceci doit se faire.

Oui, ils auraient dû se taire...

samedi 17 mars 2012

Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia

C'est l'histoire d'un enfant des années 50-60, Michel Marini. Et quelque part donc un peu de l'Histoire de France qui est racontée dans ce captivant livre de Jean-Michel Guenassia, "Le Club des incorrigibles Optimistes".

C'est d'abord l'histoire de deux familles que tout oppose. D'un côté les Marini, issus de l'immigration italienne, qui s'installeront à Lens au début du siècle et viendront travailler dans les mines du nord de la France. Profondément attachés à cette patrie d'accueil, ils feront disparaître la langue italienne du foyer familiale par volonté d'assimilation. De l'autre, les Delaunay, famille de la petite bourgeoisie parisienne du 5ème arrondissement de Paris et commerçant respecté du quartier. L'union du fils Marini avec la fille de son patron, Monsieur Delaunay, va unir le destin de ses deux familles. De cette union naîtra trois enfants : Franck, Juliette et le narrateur Michel.

Ce roman, est d'abord celui le début des années 60 et de son atmosphère si particulière, qui suscite aujourd'hui de la nostalgie. C'est évidemment l'avènement du Rock & roll qui fait une entrée fracassante dans les foyers grâce aux pick-ups et  aux disques 33 tours, des biens extrêmement précieux à une époque ou cette musique passait aux yeux de certains pour subversive. Un quatuor de pop anglaise marque également profondément cette période et laissera une trace indélébile dans l'histoire de la musique : Les Beatles. 

Politiquement, cette période est extrêmement riche. C'est d'abord le retour au pouvoir du Général de Gaulle, après sa traversé du désert, et l'adoption par celui-ci d'une nouvelle constitution : la 5ème république. La période est également profondément marquée par la guerre d'Algérie, qui est en permanence la toile de fond du roman. Celle-ci modifiera le destin des principaux personnages du roman : d'abord celui de Franck, le frère de Michel, qui devance l'appel pour partir faire la révolution marxiste au sein du contingent. C'est un échec. Sur place, Il tuera un officier français, ce qui l’entraînera sa fuite et une vie de fugitif. Il y a ensuite Pierre, l'ami de Franck et de Michel, adepte des idéologies anarchisantes, pour qui partir avec le contingent est l'occasion de convertir à la révolution ses jeunes français des classes modestes enrôlés sous les drapeaux. Là encore c'est un échec. Ses compagnons de régiment ont confiance en De Gaulle pour résoudre la question algérienne, et plutôt que de faire la révolution, ils aspirent à la société de consommation. Pierre perd ses illusions de révolutionnaires et finit même par prendre la défense de l'armée contre les élites intellectuelles parisiennes soutenance le FLN et les Fellagas. Il tombera finalement dans une embuscade à quelques jours des accords d'Evian. Sa soeur Cécile ne s'en remettra pas. La guerre d'algérie, c'est aussi le destin des pieds noirs. L'oncle et la tante de Michel habitent en Algérie où ils ont investi toutes leurs économies. Jusqu'au bout ils vont croire à un miracle, jusqu'au bout ils penseront que l'Algérie va rester française, que la France ne lâchera pas ce bout de terre française. Ils n'ont de toute façon pas d'autres choix. L'OAS veille et leur interdit de partir et de vendre leurs biens. Ils devront finalement les abandonner pour fuir dans la panique générale, comme les 800 000 pieds rapatriés en France, après avoir tout perdu. 

L'autre toile de fond du roman est aussi la guerre froide, et cet affrontement entre le bloc de l'ouest et le bloc de l'est. Le livre met ainsi en scène les nombreux affrontements idéologiques de l'époque, divisant profondément les familles. Les Marini d'une part proche du parti communiste. Franck, le frère de Michel vendra même l'Humanité Dimanche. Et les Delaunay de l'autre, farouche anti-communistes. Nous rencontrons également au cours de ce récit de nombreux réfugiés d'Europe de l'est et notamment d'URSS ayant réussi à franchir le si fameux rideau de fer qui va profondément marquer l'histoire de l’Europe, la coupant durablement en deux jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989.

Ce livre, c'est aussi Paris et notamment de son quartier Latin. Les familiers du 5ème arrondissement auront en tête chacun des lieux évoqués : Le lycée Henri IV, la rue Soufflot, la rue Mouffetard, la place contrescarpe, les arènes de lutèce, le boulevard Saint Michel et sa Sorbonne, les jardins du Luxembourg et sa fontaine médicis, le lycée Fénelon, le quai des grands Augustin ou encore Saint Sulpice. Le décor se plante aussi jusqu'à la place Denfert Rochereau, à l'intersection avec la rue Raspail, dans un petit café qui fait office de siège social d'un club au nom mystérieux de "Club des incorrigibles optimistes".

Ce café, dans lequel pénètre Michel et son ami Nicolas, sera d'abord le lieu de leurs exploits au baby foot. Puis, intrigué, Michel fera connaissance avec les membres de ce club, les Léonid, Igor, Vladimir, Tibor, Imré ou encore Sacha. Presque tous sont issus de l'autre côté du rideau de fer, notamment de l'URSS. Ils ont souvent dû abandonner pour toujours femmes et enfants, pour passer à l'ouest. La raison principale : un régime communiste paranoïaque, capable de soupçonner de trahison ou de subversion même ses plus fidèles serviteurs comme Sacha, ex-haut fonctionnaire au service de la propagande. Une exception peut être : Léonid, communiste convaincu et héros de la guerre en union soviétique, qui profitera d'un passage à Paris pour rester en France, par amour pour une femme. Que font-ils en France ? Des petits boulots, tout juste de quoi survivre. Certains sont chauffeurs de Taxi. Victor fait même croire à ses clients qu'il détient le couteau qui a tué Raspoutine. Il en vend d'ailleurs quelques uns aux plus crédules. Sacha fait du développement photographique. D'autres des travaux de traduction qui arrivent au compte goutte. Ils sont souvent en proie aux tracasseries d'une administration française comptant nombre de sympathisants communistes, voyant d'un mauvais oeil ces immigrés venus d'URSS et demandant l'asile politique. Ce club est donc un lieu où se retrouve tous ses bougres ont souvent une histoire lourde sur leur coeur, et une famille qu'ils ont quitté et qu'ils ne reverront jamais. Quelquefois deux illustres personnages passent la porte du club pour se joindre à leurs activités ou leur venir en aide : Jean-Paul Sartre et Joseph Kessel. Et pour passer le temps, sans jamais rien oublier, ils jouent aux échecs dans l'arrière salle du café où la quiétude ne s'interrompt qu'à l'occasion d'une violente, mais courte, dispute politique...