mercredi 30 novembre 2011

Le management français en question

Il y a quelques jours, je parcourais un article intéressant sur le site WK-RH pointant du doigt certains des défauts du management à la française, avec à l'appuie une étude TNS SOFRES.

Cette étude date d'il y a quelques années (2007) mais reste pleinement d'actualité (si cela n'a pas même empiré). Sa conclusion est sans appel : les dirigeants et manageurs français n'ont pas la côte auprès de leurs collaborateurs. A titre d'exemple, seulement 40% des salariés français trouvent leur direction à l'écoute, en dessous de la moyenne européenne situé à 49% et surtout des 73% affichés aux Etats Unis.

Quelquesoit le domaine considéré par l'étude (Organisation, reconnaissance des efforts et de la performance, capacité d'écoute, concertation, partage de l'information, soutien aux équipes, clarté et suivi des objectifs) les manageurs français obtiennent des appréciations nettement inférieures à la moyenne européenne ou américaine.

Les dirigeants français balayent généralement ces critiques en affirmant maladroitement qu'ils dirigent des entreprises dans un pays de râleurs jamais contents et qu'il n'est donc pas très significatif de faire des comparaisons sur ce sujet. Malheureusement pour eux, l'enquête s'est intéressée aux salariés étrangers travaillant dans des entreprises françaises, et donc avec un management à la sauce française. Et là, les Anglo-saxons et Allemands, réputés peu râleur, le deviennent nettement plus. Quant aux français travaillant pour des entreprises étrangères, leur satisfaction augmente de façon spectaculaire.

Dans les enquêtes internationales, la description du dirigeant français est, là encore, implacable. Il est généralement décrit comme autoritaire, agissant sans concertation, mauvais communicant, coupé du reste de l'entreprise et sans réel intérêt pour le travail de ses salariés et collaborateurs. L'enquête de BPI-BVA (2007) montre que si les manageurs américains sont largement plébiscités et arrivent en tête, les dirigeants français arrivent eux bon derniers dans tous les domaines. La différence avec les américains est souvent de plus de 20 points.

Il y a donc un problème français chez les cadres-dirigeants d'entreprises. Nous pouvons y voir plusieurs raisons, notamment au travers de leur formation. Le système des grandes écoles fait émerger une élite qui sort de l'X, d'HEC ou de l'ENA et à qui l'on répète depuis les classes préparatoires qu'ils sont les meilleurs parmi les meilleurs. Le culte du chef se développe dans ces esprits brillants qui deviennent autoritaires et peu à l'écoute. L'inverse des qualités requises par un manageur. Avec cet état d'esprit, la bonne idée ne peut ainsi venir que du top management, pas du bas de l'échelle. Trop de talents et d'idées sont ainsi étouffés. L'exacte opposé de la philosophie Google qui laisse ses employés faire émerger des concepts, pour ensuite les soutenir s'ils sont jugés prometteurs.

La formation française est ensuite essentiellement technique, basée sur le culte de l'ingénieur expert et sur l'excellence universitaire. A l'opposé des formations Anglo-saxonnes, davantage orientés vers les fonctions managériales. Les classes préparatoires et l'examen écrit construit plutôt de l'individualisme, même si elle assure un bon niveau de connaissances, qu'il convient de garder. Les formations Anglo-saxonnes, elles, apprennent visiblement davantage à interagir et travailler ensemble. Essentiel pour le travail d'un manageur. 

Enfin, l'esprit grande école développe surtout l'esprit de caste. Il est remarquable de noter que l'essentiel des entreprises du CAC 40 est dirigé par d'anciens élèves des trois écoles précédemment citées. Rarement issus du sérail de l'entreprise, ces manageurs sont souvent parachutés pour leur diplôme par les réseaux d'anciens ou des liaisons, dangereuses, avec le monde politique. Ils ne restent pas très longtemps généralement et peinent à imprimer leur marque. Coupés des équipes, ils choquent surtout par leurs rémunérations. Ils s'entourent eux mêmes souvent de proches collaborateurs issus des mêmes réseaux ou alors de dociles courtisans. Le copinage fonctionne très bien, n'engendrant que davantage de frustration et ressentiment dans l'entreprise.  On est loin du dirigeant américain qui a souvent monté son entreprise, semble davantage proche de ses équipes et sait mieux faire émerger et recompenser des collaborateurs de talent. 

A l'heure où la crise frappe notre pays, où la croissance est molle et les dettes abyssales, nous avons là, me semble t-il, un levier de croissance considérable et insoupçonné, sans qu'aucun investissement ne soit nécessaire. Mais en apprenant ou réapprenant ce que veut dire gérer une entreprise à des élites déboussolées, qui ne savent plus guère gérer que leur carrière. Et en soutenant avant tout les vrais entrepreneurs.

mardi 29 novembre 2011

Hollande patine et joue déjà le second tour

La victoire de François Hollande à la primaire socialiste du 16 octobre dernier semble déjà très loin. Elle parait vieille la photo de famille ou celui-ci apparaissait triomphant en réconciliateur de la famille socialiste, entouré de tous ses ex-concurrents désormais à ses côtés. Aujourd'hui, le candidat socialiste patine et quelques doutes commencent à apparaître dans son propre camp.

Il est tout d'abord victime du calendrier des primaires. Initialement, Hollande souhaitait que le calendrier soit avancé au printemps, principalement pour empêcher DSK d'être candidat. Ce dernier préconisait plutôt une course au primaire pour la fin de l'année, après le G20 auquel il aurait dû participer. Dans une synthèse dont Hollande aurait pu être l'instigateur, Martine Aubry a tranché pour octobre. Ce qui laisse finalement François Hollande trois mois seul, sous le feu des médias et des critiques de la droite pendant que Sarkozy se fait discret médiatiquement. Le président et futur candidat de l'UMP attend son heure à l'Elysée et tentera d’apparaître en homme neuf en Janvier ou Février. Le pari est osé et risqué mais c'est une de ces dernières cartes de toute façon. A droite on table ainsi sur une saturation de l'opinion envers François Hollande, trop seul et trop exposé. L'année prochaine, il aura perdu de son capital nouveauté.

Il est ensuite victime de lui-même et de quelques faux pas. Le candidat socialiste avait promis après sa victoire une diète médiatique. Mais finalement, il continue d’apparaître dans les médias et ne fait que nourrir le feu des critiques de ses adversaires au lieu de se faire oublier. Il devait voyager, pour prendre de la hauteur, et rencontrer de grands dirigeants politiques. Mais son seul voyage notable est sa rencontre avec Zapatero, le premier ministre espagnol qui quitte le pouvoir et dont la cote de popularité est calamiteuse. Pour gérer cette période, aurait dû voyager beaucoup et parler peu. En disciple de Mitterrand, il devrait connaitre la recette de Jacques Pilhan. Ajouter à cela quelques faux pas comme ces visites à contretemps par rapport à l'actualité (Salon du livre de Tulle pendant le G20) ou ses visites sans objectifs précis. Gare à la ségolènisation.

Il est aussi victime de Martine Aubry et de la direction du PS. Les plaies de la primaire ne sont pas refermées, et il y a clairement deux camps qui subsistent. La réconciliation tarde et se serait faite beaucoup plus rapidement si la primaire avait été plus rapprochée de l'élection au lieu de laisser place aux états d'âmes. Le candidat socialiste a également fait une grosse erreur en laissant Martine Aubry et son équipe négocier l'accord législatif avec les Verts. Il s'est retrouvé avec un accord empoisonné, sur lequel il était durement attaqué par ses adversaires, alors qu'il ne l'avait même pas signé ni approuvé. Pour couronner le tout, l'accord fait la part belle aux Aubrystes aux détriments des soutiens du candidat pour les investitures dans les circonscriptions. Cette situation alimente les interrogations sur son absence de leadership. 

Enfin, François Hollande donne l'impression de jouer le second tour, voire même d'avoir déjà gagné l'élection. Et ça, ça peut avoir un impact catastrophique sur les nombreux électeurs indécis qui n'aiment pas que l'on décide à leur place ou connaitre à l'avance le nom du vainqueur. Le député de Corrèze doit impérativement rassembler sur son nom un électorat de premier tour sur quelques axes de campagne forts et clairs (emploi, éducation...). Or pour l'instant Hollande se balladurise prenant le moins de risque possible pour ne froisser personne avec ses propositions. Sauf que le moment venu, les électeurs voteront sur quelques idées fortes. C'est ce qui a fait le succès en 2007 de Nicolas Sarkozy qui autour de deux axes de campagne principalement (Travailler plus pour gagner plus et l'identité nationale) a su capter à lui une majorité des votes des catégories populaires, de gauche et de droite, lui donnant un socle de plus de 30%, assurant sa victoire au deuxième tour. Or, on voit ces derniers jours un François Hollande se dépêtrer sur ses alliances avec les Verts ou encore tendre la main à François Bayrou pour rentrer dans le futur gouvernement. Au lieu de négocier dans l'entre deux tours, en position de force avec un bon résultat de premier tour, il donne l'impression de négocier 6 mois avant une victoire loin d'être acquise, qui plus est avec des partenaires peu fiables. "Mon projet n'est pas socialiste" disait Lionel Jospin en 2002 qui avait également renoncé à disputer le premier tour. On sait ce qu'il en est advenu...

lundi 28 novembre 2011

Et encore un complot

DSK aurait été piégé dans la chambre du Sofitel. Téléphone perdu et piraté, service de sécurité de l'hôtel faisant une mystérieuse danse pour fêter son arrestation. Ce sont les élucubrations et conclusions de l'enquête d'un certain Edward Jay Epstein dans l'obscure revue New York Revue of Books.

Outre le peu de crédibilité à accorder à ses propos pour le moins flou, on peut surtout regretter l’éternel retour de la théorie du complot, à grand renfort de l'habituel matraquage médiatique qui caractérise depuis le début ce mauvais feuilleton. Ce n'est pas la première fois que l'on parle de complot dans cette affaire. DSK, lui-même, l'évoqua sur TF1 lors de son interview face à la "très pugnace" Claire Chazal, où il ne manquait dans le décor qu'un vrai tapis rouge et une brosse à reluire.

On comprend d'autant moins cette soudaine médiatisation que "l'enquêteur" en question s'est fait un nom comme spécialiste dans les théories des complots. Outre l'inévitable 11 Septembre ou la tentative d'assassinat de Fidel Castro, Epstein est un spécialiste de l'assassinat de John F. Kennedy, certainement le complot le plus consommateur en papier chez tous les plumitifs de ce genre fiction. La forêt amazonienne vous dit merci.

Les théories du complot n'ont rien d'une nouveauté. La révolution française est ainsi l'oeuvre de la loge franc maçonne des Illuminés de Bavière. La révolution bolchevique serait celle des juifs suivant le Protocole des Sages de Sion. John F.Kennedy n'a pas été assassiné par Lee Harvey Oswald mais par la mafia cubaine, en connivence avec le vice-président Lyndon Johnson. Les américains ne sont pas allés sur la lune, c'était juste une superproduction Hollywoodienne. Le 11 Septembre n'est pas l'oeuvre de Ben Laden et de ses disciplines mais celui du Mossad ou de la CIA, ou alors du complexe militaro-industriel, ou encore de Dick Cheney et Halliburton. A moins que Ben Laden ne soit un agent de la CIA, ce qui ferait le lien entre tout ça. D'ailleurs, ce 11 Septembre, aucun avion ne s'est écrasé sur le pentagone. J'oubliais Louis XVII s'est échappé de la prison du temple. On a mis un autre enfant à la place. Et ce n'est pas Napoléon qui est enterré aux Invalides. D'ici quelque temps, on soutiendra peut être que ce n'était pas le cadavre de Khadafi que nous vu récemment sur les chaines du monde entier.

De siècle en siècle légions de pseudo-historiens ou journalistes d'investigation ont tenté de sortir de l'anonymat en nous écrivant des histoires à dormir debout, exploitant en cela les éventuels zones d'ombres de l'Histoire. Ils auraient dû simplement écrire le mot "roman" sur la couverture. Ils ne l'ont pas fait, c'est dommage. Mais, ce qu'il y a d'un peu désespérant, c'est que même si les ficelles sont grosses, cela fonctionne toujours aussi bien. Deux raisons me viennent à l'esprit pour expliquer cela. Tout d'abord un certain snobisme sceptique consistant à contredire sans cesse la vérité "officielle" pour se démarquer et se faire passer pour un esprit averti par rapport aux autres, voire un rebelle. Ensuite une perte de confiance dans les pouvoirs officiels, médiatiques, politiques et économiques, coupables de nombreux mensonges et dont la parole est largement discréditée.

Dans le cas de DSK, les sordides histoires de l’hôtel Carlton de Lille doivent pourtant ramener tout le monde à la raison. Celui-ci n'a pas été piégé. Il s'est piégé tout seul. Victime d'un complot contre lui-même ?

jeudi 24 novembre 2011

Du bon usage de la primaire

Il y a quelques semaines, s'achevait en fanfare la primaire "ouverte" socialiste pour designer le candidat à l'élection présidentielle. Nous avons frôler parfois la saturation médiatique, tant les médias ont cette capacité à se polariser sur un sujet. En oubliant souvent le reste de l'actualité. Fâcheux dans un contexte de crise.

Néanmoins, en mobilisant 2,5 millions de Français, on ne peut guère contester que cette opération fut un succès pour ses organisateurs et a rempli son rôle : trouver un candidat à un PS en manque de leadership et sans candidat naturel. Bien élu (à 56%), sans pour autant humilier son adversaire Martine Aubry, François Hollande paraissait mis sur orbite pour les élections présidentielles.

Le succès de ces primaires "ouverte" poussa certains à s'en attribuer la paternité : Terra Nova, le Think Thank proche du parti socialiste, Ségolène Royal avec sa démocratie participative, Arnaud Montebourg qui ne jure que par les primaires et la 6ème république depuis son plus jeune âge. Même le valeureux Jean-Michel Baylet (0,64%) ne manqua pas de signaler que lui et le PRG avaient été les premiers à la demander. Martine Aubry pouvait revendiquer qu'elle l'avait décidée quand personne n'en voulait. Et François Hollande qu'il l'avait gagnée. Même à droite, François Fillon admettait qu'il serait nécessaire d'en faire en 2017. Jean-François Copé, plus difficilement, l'admettait également.

Je ne trancherai pas sur la paternité. La primaire est en vigueur depuis une éternité aux Etats Unis au sein des partis Démocrate et Républicain. Et en France, on se souvient que le RPR Charles Pasqua poussait déjà l'idée en 1986...

Pour Terra Nova, le bilan n'est, ni plus ni moins, qu'un "coup d'essai et coup de maître". Elle ambitionne désormais de promouvoir des primaires à tous les échelons (locaux et nationaux). Le parti socialiste n'est pas en reste sur le succès de ces primaires qui a fait émerger selon elle une "dream team", en toute modestie. Les éditorialistes et commentateurs politiques saluent tous dans un même élan, ce grand et bel exercice de démocratie, dans un enthousiasme parfois un peu béat.

Et voilà que nous apprenons cette semaine que Ségolène Royal, déjà parachutée pour les législatives 2012 dans la circonscription de la Rochelle va être exemptée de primaire. Au détriment des élus socialistes locaux. Plusieurs semaines d'intense catéchisme sur le bienfait démocratique des primaires, que plus rien ne sera jamais comme avant, que la désignation des candidats ne se fera plus jamais dans un bureau d'apparatchik de parti. Et voilà que les nominations venues d'en haut, les passes droits pour certains, reprennent le dessus quelques semaines plus tard. Au nom des intérêts supérieurs du parti se défend-t-on comme on peut au PS. Les 7% de Ségolène Royal le valent bien. Les militants PS locaux de la Rochelle apprécieront.

François Hollande, lui, voit sa cote dégringoler ces derniers jours. Au point de voir fondre quasiment tout l'effet primaire engrangé pendant des semaines. Celles-ci devaient être une rampe de lancement pour susciter l'engouement autour du candidat. C'est plutôt raté. L'effet primaire n'a pas duré. Mais il y a plus grave. En organisant une élection 7 mois avant la vrai, le PS a suscité un engouement pour l'homme, le héros, du moment. Comme c'est le propre de chaque élection. Mais le propre de chaque élection est aussi, quelques mois après, de détester ce qu'on avait adoré. C'est la déception. François Hollande est donc en train d'aborder l'élection dans une pente descendante, quand le candidat Sarkozy sortira du bois au dernier moment, suscitant peut être cet engouement propre au vainqueur au moment de l'élection. Il ne faut pas se tromper d'élection et déboussoler les électeurs.

La primaire n'est enfin pas l'assurance de choisir le bon candidat. Celle d'Europe écologie les verts en est l'exemple. Les militants et sympathisants verts ont préféré se porter vers l'écolo-orthodoxe Eva Joly plutôt que sur le médiatique Nicolas Hulot. Le risque de la primaire est de voter pour son candidat préfèré plutôt que sur celui que préféreront l'ensemble des électeurs. Bilan, la candidate écolo dérape, devient incontrôlable, et ne décolle pas dans les sondages. On peut raisonnablement douter qu'elle soit encore présente dans la campagne en Avril prochain.  Les verts sont d'autant moins pardonnables qu'ils sont récidivistes en la matière. Se souviens-t-on qu'en 2002, le choix des militants s'était porté vers Alain Lipietz, aux déclarations hasardeuses, notamment sur l'amnistie des nationalistes Corses. Remplacé au pied levé par Noël Mamère, plus fin politique.

Du bon usage de la primaire...


mercredi 23 novembre 2011

Les Don Quichotte contre les marchés

La semaine dernière, le ministre de l'agriculture (et rédacteur du projet UMP pour 2012), Bruno Le Maire faisait la sortie suivante au cours d'une interview : "Nous sommes en guerre contre les marchés". Ajoutant que "certains ont décidé que l'euro serait fini dans quelques semaines". Sous les applaudissement nourris du porte parole du PS Benoit Hamon. François Hollande candidat "dit" de la "gauche responsable" n'aurait peut être pas osé. 

Au même moment, c'est Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, qui proposait de suspendre temporairement la notation par les agences de certains pays en difficulté, car en proie à la spéculation. 

Quant au président de la république, Nicolas Sarkozy, il n'est jamais en reste pour dénoncer les spéculateurs et fustiger les agences de notations, coupables de tous les maux.

La guerre est donc déclarée, nos Don Quichotte ont enfourché leur cheval pour débusquer leurs nouveaux moulins à vent, les spéculateurs en tout genre, les agences de notations coupables de mal noter, et de façon générale les marchés.

Comme trop souvent, les politiques se trompent sur la situation et se défaussent quant à leur responsabilités. 

Se trompent d'abord parce qu'ils se sont eux même mis dans cette situation de vulnérabilité vis à vis de leurs créanciers et donc des marchés financiers. Nombre de pays européens sont dans une situation difficile à cause de leur endettement inconsidéré, par accumulation depuis des décennies de budgets déficitaires. Ceux ci finançant ainsi leur renoncement à des reformes structurelles, nécessaires mais peu payantes électoralement. L'investissement dans la formation des générations futures et dans les grands projets est ainsi sacrifié. 
Nous souffrons donc doublement d'un déficit qui se creuse et d'une croissance au ralenti, entre autre par ce  manque d'investissement public (mais aussi privé). Pas étonnant donc que les investisseurs ne se bousculent pas pour investir dans des pays ne proposant pas de perspectives vraiment réjouissantes. D'où la montée des taux d'intérêts. Mais que signifie donc vouloir faire la guerre aux marchés ? Ou vouloir les priver d'informations sur telle ou telle situation économique d'un pays ? Comme si en supprimant les agences de notation, il n'était plus possible d'en avoir ou de spéculer. Et comme si l'opacité était boostait l'investissement. Quel aveu de faiblesse !

Les politiques se défaussent ensuite. Benoit Hamon explique que ce sont les marchés qui demandent la réforme des retraites ou des coupes dans les budgets de la sécurité sociale. Bruno Le Maire déclare quant à lui que ce sont les marchés qui veulent la fin de l'euro. Les marchés ne demandent pas cela. Ils réagissent par rapport à la situation économique d'un pays, sa capacité à créer de la croissance et à rembourser ses prêts. Les politiques, laxistes et inefficaces depuis des décennies sur ces sujet commence lentement à réagir par quelques mesures, tout en précisant bien que ce sont les méchants marchés qui le demandent, et que ce n'est aucunement de bon coeur que cela est fait.

Remettre son pays dans le droit chemin, c'est prendre des mesures difficiles, c'est risquer de ne pas se faire réélire, c'est risquer de ne pas durer. Winston Churchill l'a payé électoralement, mais son nom est resté à la postérité, quand nombres de professionnels de la politique ont duré, sans jamais sortir de l'anonymat.

vendredi 18 novembre 2011

Accords et désaccords

Ce titre de film de Woody Allen, m'est venu en tête en regardant le parti socialiste et les Verts s’entrent déchirer ces jours-ci, balançant entre accords et désaccords.

Le film de Woody Allen mettait en scène l'excellent Sean Penn, campant le personnage imaginaire de Emmet Ray, soit disant deuxième meilleur guitariste de jazz au monde derrière l’indétrônable Django Reinhardt qu'il adule lui même.

La tentative de conciliation des verts et du PS est moins féerique mais n'est finalement que succession d'accords et désaccords.

Désaccords en grande partie sur le fond : la politique nucléaire de la France, le programme MOX de retraitement des déchets d'AREVA, la construction du futur aéroport de Nantes. La candidate des verts Eva Joly, idéaliste respectable quoi qu'on pense de ses idées, mais jusqu'au boutiste peu pragmatique préférant n'avoir aucun député que de céder d'un pouce sur le fond du dossier.

Accord sur les candidatures aux législatives : 60 circonscriptions laissées par le PS aux verts. Dont 30 gagnables en cas de victoire de la gauche en 2012, et 15 si elle perd. De quoi sauver un groupe écologiste à l'assemblée nationale. 

Désaccord qui fait désordres des maires de Paris et Lyon sur ces circonscriptions données aux verts sans leur avis, et où ils pensaient pousser leurs protégés. 

Désaccord sur le problème du programme MOX. François Hollande assure son maintien pendant que Cécile Duflot affirme avoir confiance dans la parole donnée du candidat socialiste pour le supprimer. Était-il ensemble à la même table de négociation ?

Accord finalement des deux protagonistes. MOX est sauvé. Ouf. Les apparences un peu moins cependant. Quid de la parole donnée de François Hollande ?

Désaccord de l'inflexible candidate des verts qui préfère se mettre en retrait de la campagne et de ce marchandage électorale. Ne devra-t-elle pas pourtant assumer le programme qu'à négocier la direction de son parti ?

Accord en tout cas de tout ce petit monde pour gagner en 2012 et que l'adversaire, le seul, l'unique est Nicolas Sarkozy.

Ce feuilleton qui aura émaillé la semaine sera vite oublié car la campagne n'est pas encore commencée. Elle démontre néanmoins quelques turbulences chez le candidat socialiste qui peine à imposer son leadership à gauche. Il n'est pour l'instant guère servi par ses partenaires qui entre autres amabilités le traite de "capitaine de pédalo" (Mélenchon) ou dise qu'il se "ségolènise" (Cohn Bendit). Des attaques mal venues et qui ne manqueront pas d'être reprises par ces adversaires. 

Sur le fond enfin, la gestion du dossier nucléaire laisse quelques doutes quant à la compétence réelle des décideurs des projets socialistes et verts, capables de faire machine arrière sur un simple coup de fil d'AREVA. Le sujet nucléaire n'est pas enterré, et les stratèges Élyséens sauront sans doute l'utiliser à bon escient dans quelques mois, même si la campagne électorale ne se jouera pas sur ce sujet. 

jeudi 17 novembre 2011

La zone euro a éclaté

Doucement mais assez surement, la zone euro se fissure bel et bien. L’homogénéité monétaire qu'apportait l'euro est supplantée par la réalité des marchés financiers et la confiance des investisseurs qui font clairement des distinctions entre les pays.

Hier, la Grèce affichait des taux sur les emprunts à 10 ans atteignant le chiffre hallucinant de plus de 25%. Sous perfusion, virtuellement en faillite, sa sortie de l'euro est étudiée par les experts Allemands.

Se dessine ensuite un groupe qui voit ses taux s'envoler inexorablement. Ce sont les pays de l'Europe du Sud ou pays du "Club Med" comme le murmurent certains dirigeants des pays du Nord de l'Europe. Nous avons tout d'abord Le Portugal durement noté par les marchés à des taux de 10,5% et qui vient d'annoncer un plan de rigueur particulièrement sévère.

Ensuite l'Italie et l'Espagne qui passe maintenant la barre des 7%. Dans le cas de l'Italie, une crise de la dette s'est conjuguée avec une crise de confiance du pouvoir en place de Silvio Berlusconi. La nomination de Mario Monti n'a cependant pas encore inversé la tendance et il faudra surveiller attentivement les annonces de ce gouvernement de techniciens, chargé de faire le sale boulot et qui n'a pas d'élections à perdre. Plan de rigueur en perspective.

L'Espagne s'est enfoncée dans la crise depuis plus longtemps, avec sa crise immobilière qui a fait naître de nouvelles villes fantômes et quantité de programmes et de logement ne trouvant pas preneur. José Luis Zapatero est sur le départ et n'a plus les moyens d'agir. Il sera vraisemblablement remplacé par le candidat du Parti Populaire Mariano Rajoy qui promet déjà en cas de victoire un gouvernement de techniciens et d'ouverture. Avec inévitablement un plan de rigueur à la clé. Vers le modèle des nouveaux gouvernements grecques et Italiens donc. 

De l'autre côté, se dessine le groupe des pays qui voient ses taux relativement stables, voire même baisser.
Ce groupe des pays du nord, est emmené par l'Allemagne. Avec des taux d'emprunts sur 10 ans à 1,77%, l'Allemagne bénéficie d'un effet qualité qui voient affluer des investisseurs déboussolés. On note dans cette situation le mimétisme classique des marchés. L'écart se creusant entre les pays du nord et du sud étant amplifié par rapport à la réalité. Ce groupe comprend également l'Autriche, les Pays Bas, la Finlande et le Luxembourg. Pays jugés sûrs, avec des déficits modérés et une croissance relativement élevée. Et donc solidement accrochés à leur AAA.

Et la France dans tout ça ?
Avec des taux actuels avoisinant désormais 3,75%, celle-ci est poussée chaque jour un peu plus en Europe du sud, sans pour autant atteindre des niveau d'intérêts aussi catastrophiques. Pour la France, l'Histoire hésite donc encore. Mais un électrochoc des dirigeants français est désormais impératifs pour enrayer cette descente aux enfers. Avant les élections présidentielles et législatives approchant, c'est peu probable, sauf si la réalité l'impose avant.


mardi 15 novembre 2011

La France a-t-elle déjà perdu le triple A ?

La semaine dernière, Jacques Attali écrivait que la France avait déjà perdu son triple A, et que le plan de rigueur était déjà caduque.
Au même moment, l'agence de notation Standard's & Poors (S&P) publiait par erreur à ses abonnés une dépêche annonçant la dégradation de la France. Avant de démentir et s'excuser.
Que se passe-t-il avec la note française ?

Depuis que Moody's a mis la note française sous surveillance, on sait que le AAA est sur la sellette.
Mais ce qu'on croyait être un avertissement à peu de frais (un petit plan de rigueur peu ambitieux pour calmer), n'est-il pas en réalité déjà effectif ?

Concrètement, aujourd'hui, le taux des obligations Allemande à 10 ans est 1,808% contre 3,384% pour celui de la France. Les deux pays sont pourtant cotés AAA, mais avec un spread en hausse quasi-constante autour désormais de 160 points (1,6%). Ce qui équivaut à 5 à 6 milliards de plus pour la France d'intérêts à payer.

On peut estimer que l'Allemagne sert de valeur refuge face à la débandade des dettes italiennes et espagnols aujourd'hui à plus de 6%. Mais la France n'en profite pas, au contraire elle dévisse aussi. Si l'Allemagne est peut être un peu surcotée, par effet qualité, cette augmentation de spread indique cependant une méfiance des investisseurs sur la signature Française, à note pourtant égale.

Il nous faut donc se rendre à l'évidence. Ces agences de notations, si décriées et honnis par les politiques et commentateurs politiques n'en sont pas responsables. Simplement, les marchés apprennent à ne pas se fier qu'aux agences de notation, et à estimer par eux même la confiance que l'on peut accorder à tel ou tel signature. Si l'on juge la France, perspective de croissance quasi nulle dans les mois qui viennent, plan de rigueur trop timide, déficit budgétaire peu contrôlé, chômage déjà élevé avec une tendance à la hausse depuis plusieurs mois. Il n'y a finalement pas besoin d'être agence de notation pour deviner que la France est un créancier moins fiable que l'Allemagne qui poursuit sa croissance et contrôle ces déficits.

Il serait plus correct de considérer ces agences de notations comme des analystes, parmi d'autres, de la situation économique et macro-économique des émetteurs de dettes entreprises et souveraines. Avec également leurs lots d'erreurs (les subprimes notés AAA). Admettons cependant que si les états font des erreurs, si les entreprises font des erreurs, il serait un peu injuste de ne pas admettre que les agences puissent en faire également. Dernier signe que les agences ne font pas la pluie et le beau temps sur les taux d'intérêts souverains : la signature américaine n'a pas bougé après la dégradation par S&P cet été de AAA à AA+. Preuve de la confiance conservée par l'oncle Sam auprès des investisseurs. Mieux vaut un AA+ à taux faible comme les Etats Unis qu'un AAA comme la France à taux élevé. L'agence de notation chinoise Dagong ne s'y est d'ailleurs pas trompée, puisqu'elle a dégradé la note française depuis déjà un mois.

Côté politique, garder le AAA est symbolique pour Nicolas Sarkozy. Sa perte pourrait sonner le glas de ces ambitions de réélections. Cependant les socialistes comme Français Hollande ou Benoit Hamon auraient tort de se réjouir de cette nouvelle comme ils semblent déjà l'anticiper. Cela pourrait se traduire par une campagne électorale sous le signe de la rigueur à gauche comme à droite. Pas très mobilisateur pour l’électorat de gauche. Et Sarkozy pourrait être paradoxalement jugé plus crédible sur ce sujet. Les 60000 profs de François Hollande ou la retraite à 60 ans du PS sont passés par là, rendant sceptiques bon nombre de Français. Quoi qu'il en soit, malheur au vainqueur, qui sera certainement contraint d'appliquer un plan de rigueur bien plus sévère, qu'il soit ou non prévu dans ses cartons.

lundi 14 novembre 2011

Limonov d'Emmanuel Carrère

Je viens d'achever la lecture du récent prix Renaudot, attribué à Emmanuel Carrère pour Limonov.

Amateur des précédents livres de Carrère (La classe de neige, l'adversaire...) et intrigué par le destin peu commun de ce Limonov, je me suis donc atteler à la lecture de ce livre, tout juste auréolé de son prix.

Je vais donc vous en dire quelques mots.




Carrère retrace les différentes vies d'Edouard Limonov,  écrivain russe intrépide qui vit le jour dans la Russie stalienne des années 40. Fils d'un officier du NKVD (le KGB de l'époque), il vit dans le culte de la grande armée rouge qui stoppa les armées nazies dans cette "Guerre patriotique" comme elle est appelée en Russie.

D'abord la vie de Limonov et de ces parents dans la banlieue de Kharkov en Ukraine où il sera tour à tour voyou, ouvrier, apprenti poète. Il sera parmi ses amis d'enfance un des seuls rescapé d'une URSS violente où alcool, banditisme et répression de toute dissidence font des ravages.

Mais c'est aussi une URSS cultivé, où les ouvrages d'auteurs français comme Jules Verne et Alexandre Dumas ont leur place dans tous les foyers russes, même dans la banlieue reculé de Kharkov, à Saltov. Une URSS où les petits voyous peuvent aussi être des poètes en herbes et pour certain talentueux. Limonov est de ceux là.Fils d'un petit officier du NKVD sans envergure, Limonov rejette cette vie là. Il veut être célèbre, être un grand écrivain. Voyant cette vie lui échapper, il pense en finir. Sorti de l’hôpital psychatrique, il devient vendeur à Kharkov pour une librairie. C'est sa chance.

Il va alors tout conquérir: La libraire, Anna, le milieu littéraire de Kharkov pour en être une des figures incontournables. Mais déjà Kharkov n'est plus à la mesure de ses ambitions. Il part avec Anna pour Moscou, et mène une vie de misère et de bohème. Mais là encore parvient à conquérir le milieu underground de Moscou et une femme appelé Elena. Une femme de catégorie A puisqu'il note les femmes avec qui il sort.

Puis direction New York, Manhattan pour un aller sans retour hors d'Union Soviétique avec cette femme qu'il aime tant. Mais New York est plus difficile à conquérir et il n'y arrive pas. Il y écrit d'ailleurs Le Journal d'un raté. Il tombe dans la misère la plus noire, s'adonne à des essais de pédérastie, et deviendra pour finir majordome d'un millionnaire.

Rencontrant enfin un petit succès littéraire grâce à un éditeur parisien pour son premier livre Le poéte russe préfére les grands nègres. Il devient coqueluche du milieu littéraire parisien, vivant modestement dans un studio du Marais avec Natasha, chanteuse de cabaret. Il collaborera notamment à l'Idiot International du sulfureux Jean-Edern Hallier, et croisera dans l'appartement de celui ci d'autres personnages non moins sulfureux comme Marc Edouard Nabe. De là viens peut être son ambiguïté politique Rouge-Brun.

L'URSS se désagrège en 1991. C'est pour lui un choc mais dans le mauvais sens. Il n'a jamais été un dissident comme Soljenitisne ou Sakharov qu'il déteste. Il en veux à Gorbatchev de cette liquidation de la patrie. Cet éclatement du bloc soviétique lui permet néanmoins de rentrer en Russie.

A presque 50 ans, il a encore besoin d'adrénaline et part rejoindre Arkan dans la serbie de 1992 en pleine désagrégation pour soutenir les serbes, mis au bans des nations. Mi-soldat, mi journaliste, il participera au siège de Sarajevo et sera l'un des derniers combattants d'Arkan à défendre les divers républiques de serbie.

Brun-rouge, il lance ensuite en Russie son mouvement national bolchevique, à l'allure fascisante. Il tente de faire la révolution contre Eltsine. Échec. C'est l'âge d'or de Moscou, des privatisations et des années frics. Limonov enrage de voir son URSS ainsi bradé à quelques investisseurs. Il se présente aux élections législatives en Ukraine. Échec. Il tente ensuite de préparer une déstabilisation des états d'Asie centrale. Échec là encore et à la clé presque trois ans de prisons. Mais entre temps, sa notoriété a grandi, le succès littéraire est venu. S'il ferraille toujours contre le régime Poutinien, il semble davantage proner une révolution orange comme en Ukraine. Sa dernière ambition: fondé une religion. Rien que cela.

Carrère nous plonge dans une vie incroyable, aux multiples décors (la banlieue pauvre d’Ukraine, l'underground moscovite, les hôtels sordides puis les appartements luxeux de Manhattan, le milieu littéraire parisien de Saint Germain des prés et de la place des Vosges, les paysages dévastés par la guerre de la Serbie,  les steppes d’Asie centrale, un bunker moscovite comme siège de parti politique, les prisons de l'ex KGB...).

Limonov n'a pas des idées politiques très claire. Tentative de restauration du communisme ? Révolution pacifique, nationalisme russe. Un peu de tout ça. Mais dans quel ordre. C'est un homme d'action plus que de doctrine politique. Il n'aime pas Gorbatchev, Eltsine, Poutine, le libéralisme, qu'on critique le KGB ou l'armée rouge. Non, la russie n'a pas été pendant 70 ans aux mains d'une bande de criminel pense t il. 
C'est aussi un coureur de femmes et le livre est rempli d'histoire et d'expérience sexuelle. A la limite de l'indigeste par moment.

Le personnage a des ambiguïtés, il s'est beaucoup fourvoyé et souvent trompé.Mais il faut reconnaître que c'est un écrivain qui s'engage, qui n'a pas peur, et qui en à payer les conséquences. Il ne cherche pas le confort des terrasses de Saint Germain des prés, au contraire il rejette cette sécurité dans laquelle se sont réfugiés nombre d'intellectuels. Il tombe parfois très bas, touche le fond et les bas fonds, mais à chaque fois repart. Sa quête est de tout expérimenter. C'est la vie qu'il a choisi. Comme l'écrit Carrère dans le livre, ne faut il pas avoir vécu des choses pour avoir quelquechose a écrire ? Limonov aura fait de sa vie de nombreux livres en tout cas.

jeudi 10 novembre 2011

Hollande - Sarkozy : ça se resserre

Les dernières enquêtes d'opinions s'accordent toutes sur deux phénomènes : une remontée sensible de la cote de popularité du chef de l'état et un tassement du candidat socialiste.

Nicolas Sarkozy grimpe ainsi de 6 à 8 points dans les enquêtes de popularité, et ce malgré le plan de rigueur annoncé en début de semaine par le premier ministre. Il semble d'ailleurs que l'annonce de celui ci ne soit finalement pas trop mal perçu par les français. Début de prise de conscience collective des efforts qu'il faudra faire ? Cette hausse spectaculaire se traduit, certes plus timidement, sur les sondages du candidate virtuel Sarkozy. Cependant, le chef de l'Etat, s'il regagne son niveau de début 2010 (époque ou sa réélection paraissait encore à portée de main), est encore à un niveau bas pour un chef d'état sortant.

De son côté, François Hollande n'aura bénéficié que de deux semaines d'état de grâce après sa victoire à la primaire socialiste. Sa cote de popularité dévisse sensiblement d'environ 5 points, ce qui était évidemment prévisible, tant sa cote de popularité avait atteint des sommets, mais peut être pas si tôt. Néanmoins, il reste encore largement en tête dans les sondages. Ce n'est donc pas encore panique à bord dans le bateau Hollande, mais il y a clairement un peu de houle.

Ce mouvement d'opinion est à suivre dans les prochaines semaines mais pourrait bien initier une tendance de fond.
Plusieurs explications possibles :
- D'abord mécanique : après son succès au primaire, la cote de popularité du candidat socialiste a atteint des pics qu'il n'avait jamais atteint. Il a clairement bénéficié de cette effet primaire. Mais l'euphorie retombée,  la cote s'errode un peu. Pas de soucis à se faire coté Hollande sur ce point là.
- Ensuite l'effet comparaison : Jusqu'à présent, le chef d’État était en permanence sur le grill du jugement des français, sa moindre erreur lui coûtant des points. C'était un jugement en valeur absolue. Il a désormais un candidat en face de lui, avec des qualités et des défauts, et le jugement se fait en comparatif, en valeur relative. Sarkozy remonte donc. Là encore pas trop de soucis à se faire chez Hollande là encore.
- La présidentialisation du candidat. Sarkozy, dans sa séquence européenne et G20, a montré qu'il faisait le job et qu'il côtoyait les grands de ce monde. Hollande ne bénéficiant pas de cette exposition médiatique prestigieuse est un peu retombé dans ses travers et dans le rôle qu'il a joué depuis tant d'années : le commentateur ne sachant que critiquer. Il aurait sans doute, et paradoxalement, été mieux inspiré de saluer l'importance des réunions européennes et le G20. Nous vivons une crise historique majeure, et le socialiste a surtout montré un visage critique sur les actions menées et hésitant sur les solutions. Son apparition au salon du livre de Brive, bien que louable, n'était peut être pas la meilleure en terme de communication. Il est apparu à contre temps. Certains français s'interrogent donc sur son profil présidentiel. Il recule donc logiquement dans les enquêtes. Tôt dans la campagne, l'impact sera faible, mais c'est néanmoins un avertissement. Hollande doit donc changer de braquets s'il souhaite se hisser à la hauteur des débats.

L'opinion est encore volatile et près de 50% des français n'auraient pas encore fait leur choix. Pour preuve 65% des français penchaient pour Hollande en cas de second tour de la présidentiel dans un sondage il y a deux semaines. Ils ne seraient déjà plus que 57% désormais et ils sollicitent davantage le chef de l’État dans sa popularité.

Comme à chaque élection précédente les courbes se figeront en Février, pour se croiser, ou non. C'est à ce moment là que le choix se cristallisera.
Mais, mauvaise nouvelle pour le candidat Hollande, les candidats en tête dans les sondages en Octobre (Giscard, Barre, Balladur, Jospin, Royal...) n'ont jamais gagné. A suivre...

mercredi 9 novembre 2011

Un plan de rigueur en trompe l'oeil

Les annonces Lundi du nouveau plan de rigueur par le premier ministre François Fillon a suscité son habituel lot de commentaires.

Ce sont les plus modestes qui vont payer disent certains: TVA réduite qui augmente à 7%, avancement de l'entrée en vigueur de la reforme des retraites à 2017, tranches d'imposition sur le revenu gelé...

C'est en grande partie faux. Le TVA augmente mais celle qui était jusqu'à présent réduite à 5,5%, et les dépenses alimentaires en sont exclus, ce qui ne ponctionnera que peu les ménages français de la classe moyenne et des plus modestes. Certains
Quand à la réforme des retraites, celle ci étant de toute façon adoptée, son avancement à un an en 2017 ne peut que faire passer le message qu'en France on va enfin se mettre à travailler plus longtemps pour assurer l'équilibre de nos comptes.
Ceux qui vont payer, ce sont surtout les plus aisés : forte augmentation de la taxation sur les dividendes, disparition du dispositif Scellier (celui ci se transformant parfois en piège).

Les entreprises seront elles aussi ponctionner davantage avec une augmentation de l’impôt sur les sociétés de 5% pour les groupes faisant un Chiffre d'affaire de plus de 250 millions. Reste que les grands groupes du CAC 40 ne payent que peu d'impôt en France par l'internationalisation des activités de leur groupes et la création d'agences locales. On peut déjà craindre que de nombreux groupes réussiront sans trop de difficultés à contourner cette loi.

Ce plan pose cependant plusieurs problèmes. D'abord on ne s'attaque toujours pas vraiment à la dépense de l'Etat, ou vraiment à minima et que l'arme fiscale reste privilégiée au pays déjà co-leader avec le Danemark en prélèvements obligatoires. On peut accorder un léger mieux depuis le précédent plan très orienté taxe, mais pour réellement aplanir les comptes du pays il faudra passer le cran largement du dessus. L'opposition a donc tord de dénoncer une attaque en règle du modèle français. Ce n'est toujours pas le cas, mais ça pourrait paradoxalement être à eux de le faire s'ils arrivent aux responsabilités. La politique est parfois étrange, mais les faits sont têtus.
Le second problème que pose ce plan, c'est qu'il est bâti sur des hypothèses de croissance de 1% après les révisions à la baisse. Mais certains économistes (Patrick Artus) prédisent déjà que la croissance pourrait davantage avoisiner le 0%, ce qui demanderait un troisième plan de rigueur, un par saison comme Vivaldi.

Si le gouvernement a pu caler un plan de rigueur à minima pour ne pas trop mettre dans la rue les futurs électeurs de 2012, et en même temps tenter de rassurer les agences de notation et marché, il y a fort à parier que cela ne suffise pas dans les mois qui viennent...