mercredi 1 février 2012

Oui, les classes moyennes vont payer

C'est la grande question que tout le monde se pose et dont tout le monde connait pourtant déjà la réponse : Qui va payer le plan de rigueur de 2012 ? Et la réponse est bien sûre : les classes moyennes. Election présidentielle oblige, ce n'est évidemment pas ce que claironnent les différents candidats. Pourtant, les faits sont là, et ce, quelque-soit le vainqueur de l'élection en mai prochain. Démonstration.

Il y a d'abord le candidat socialiste, François Hollande. Dans son discours du Bourget, il dénonce les coupables : le monde de la finance. Et lors de la présentation de son programme, celui qui affirmait il y a quelques années déjà qu'il n'aimait pas les riches entend bien les faire désormais payer. Nous l'avons entendu à maintes reprises sonner la charge contre ces fameux "plus privilégiés". Les grandes entreprises aussi devront mettre la main à la poche. Par contre, il a tout de suite rassurer l'électorat : les classes moyennes ne paieront pas. Rien du tout vraiment ? C'est évidemment faux, et il le sait très bien. Même les électeurs ne sont pas dupes. Petit retour sur le programme du candidat socialiste.

Pour son chiffrage, François Hollande prend une hypothèse de croissance de 0.5% pour 2012, 1,7% en 2013 et 2,5% au delà. C'est réaliste pour 2012. Au delà, probablement pas. Concernant la contrainte budgétaire (issue de l'engagement européen pour sortir de la crise), il la prend aussi compte avec l'objectif du retour à un déficit de 3% en 2013. Ce qui fait 30 milliards à trouver. De plus, son programme prévoit de dépenser 20 milliards supplémentaires (Embauche des 60 000 enseignants et des 1000 policiers par an, les 150 000 emplois d'avenir, le retour à la retraite à 60 ans, les tarifs sociaux sur le gaz, l'électricité et l'eau...). Soit en tout 50 milliards à trouver. Et ce, uniquement en taxant les riches et les grandes entreprises s'il vous plait.

Pour cela, le programme compte solliciter les ménages "les plus privilégiés" (c'est ainsi qu'il faut dire) par le biais d'un relèvement de l'ISF (Impôt Sur la Fortune) et par la création d'une tranche supplémentaire d'impôt sur le revenu (45%) pour un montant de 150 000 euros de revenu par part. Soit, pourquoi pas, l'exemple doit venir d'en haut. Mais au final, on se rend compte que la première mesure ne rapporte guère que 2 milliards, et la seconde 700 millions d'euros,  minorée même à 500 millions par la rapporteur du budget au sénat, pourtant socialiste. Et on sait depuis le front populaire que taxer les riches rapporte toujours moins que prévu. D'abord parce qu'ils sont peu nombreux, ensuite parce que leurs capitaux sont plus mobiles. Il parait d'ailleurs que les banquiers Suisses travaillent beaucoup en ce moment. Info ou intox, je ne sais pas. D'autres mesures du programme vont donc toucher les classes moyennes pour financer le programme. La décriée déduction des heures supplémentaires (Le travailler plus pour gagner plus) est ainsi supprimée. Pourtant, 9 millions de salariés en auraient bénéficié, donc sans doute pas que des "privilégiés" vu le nombre. La fusion programmée de l'impôt sur le revenu et de la CSG touchera également davantage tous les revenus moyens. Ensuite, la limitation des droits en terme d'épargne salariale risque d'impacter de nombreux de salariés, cette épargne constituant une partie complémentaire de la rémunération. Autre mesure susceptible de mordre sur les revenus moyens (moyen plutôt élevé) : la réforme du quotient familial qui a beaucoup fait parler et qui n'est pas sûre de voir le jour tant le sujet est sensible. Enfin, une hausse des cotisations retraites de 0,1 point par an touchera là aussi tout le monde.

De son côté, Nicolas Sarkozy n'a pas décrété la chasse fiscale contre ces "plus privilégiés" ou les grandes entreprises. Les allègements d'ISF ou le bouclier fiscal sont encore dans les mémoires de beaucoup qui en font toujours le "président des riches". Toutefois, le président a annoncé dimanche une augmentation de CGG de 2% sur les revenus des produits financiers et l'introduction de la taxation sur les transactions financières (la fameuse taxe Tobin). Niveau fiscalité touchant tous les revenus, nous avons eu récemment le relèvement des taux de TVA réduit (de 5,5% à 7%), avec le micmac administratif qui va avec. Egalement au programme du plan de rigueur d'octobre dernier, le gel des tranches d'imposition qui vont mécaniquement faire passer certains ménages dans la tranche supérieure. Enfin, et c'est l'annonce qui fait le plus parler depuis dimanche : l'introduction de la TVA sociale par une hausse de la TVA de 1,6 point pour compenser une baisse programmée des cotisations sociales sur les salaires de plus de 1,6 fois le SMIC. Mesure qui touchera là encore tous les revenus si l'inflation pointe du coup le bout de son nez. Et donc particulièrement les revenus moyens. Le président ne prétend pas que les classes moyennes ne paieront pas comme le prétend de son côté François Hollande. Et c'est bien la vérité dans les faits. Quelque soit la justesse ou non de sa politique, on peut au moins lui reconnaître cette honnêteté.

Une chose est sûre, le slogan "faire payer les riches" est toujours assez populaire pour attirer le suffrage des électeurs. Malheureusement, la collecte auprès des plus fortunés est toujours plus décevante que prévu. Et il en a toujours été ainsi. Les riches ont le principal défaut d'être trop peu nombreux pour renflouer les caisses d'un Etat en plein marasme déficitaire. Même les taxer au maximum imaginable ne suffira jamais, loin de là. Ce sont donc les classes moyennes, plus modérément taxer mais infiniment plus nombreuses (75% des foyers, gagnant entre 1 600 et 5000 euros par mois) qui renfloueront évidemment les caisses. L'effet nombre est plus fort que l'effet prix. Rien de bien surprenant en fin de compte...

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